Jour 45 - Tosantos à Atapuerca (25 km)
Ce sera en cette journée que nous allons atteindre un cap important, celui des 1 000 km de marche, soit les deux tiers de notre chemin de Compostelle. Cela commencera par de la pluie et du vent pour les 7 premiers km. Ensuite, la pluie cessera mais pas le vent. On fait une pause au bout de 3 km à Espinoza. Diane a le pied gauche mouillé et moi ce sont mes shorts qui sont trempés. Rien de moins qu'une tortilla de patatas pour se redonner de l'énergie et on fera une autre pause quelques kms plus loin à Villafranca.
Une fois qu'on entame la grimpette à travers la forêt, le ciel se dégage mais on doit quand même parfois marcher dans un sentier très boueux. Et comme tout est mouillé, il n'y a aucun endroit propice pour une pause avant San Juan de Ortega. On marche donc pendant 12 km sans s'arrêter, C'est le plus long que j'ai marché sans pause jusqu'ici mais c'est facile car je me sens libre comme un oiseau et les jambes légères.
Pour la pause lunch, on se joint à Jean-Claude dans ce qui semble être l'unique restaurant du village ou en tout cas le premier car tous les pèlerins sont là. En fait, pour faire de bonnes affaires sur le chemin de Compostelle, il faut avoir son commerce: restaurant ou albergue au début de la rue principale du village car en tant que pèlerins, on est plutôt des moutons. On suit le troupeau et on s'arrête là ou le troupeau s'arrête. Combien de fois, on a fait une pause dans un café bondé et une fois reparties, quelques mètres plus loin on passe devant un autre café totalement vide. Bon, c'est pas juste parcequ'on est des moutons mais c'est aussi par peur qu'il n'y ait pas d'autre café ou bar plus loin. Ça aussi ça arrive! Tu te dis que tu vas continuer encore un peu à marcher et finalement tu dois faire encore 8 km avant de rencontrer le prochain café. Il y a une chose que j'ai jamais envie de faire à moins d'y être obligée à cause d'un oubli important, c'est de revenir sur mes pas! Ma devise c'est de marcher toujours devant. Je prends le temps de regarder en arrière pour voir la distance parcourue et surtout le paysage qui souvent nous échappe mais pour ensuite mieux repartir droit devant.
On arrive à Atapuerca à 15h40 et on choisit de dormir à la Hutte, un dortoir de 15 lits superposés, juste à côté d'un hôtel-restaurant tenu par une Française. L'endroit est chauffé par un poêle à bois, ce qui n'est pas de trop dans ce qui semble être une ancienne grange pas isolée avec des bouts de bois en guise de plafond. On y retrouve les 3 Espagnols qui étaient au même endroit que nous à Tosantos, Felipé le Mexicain/Hawaïen et Junko, une jeune Japonnaise sympatique qui a quitté sa job pour faire Compostelle et qui aimerait bien se trouver un mari d'ici la fin de son pèlerinage.
Naoko, André et Jean-Claude restent dans l'autre albergue du village. On se retrouvera à 7 pour souper dans un restaurant tenu par un homme un peu excentrique mais fort sympathique et le repas du pélerin qu'il nous offre est excellent avec un vrai dessert fait maison, ce qui est plutôt rare depuis qu'on est en Espagne. On a passé une belle soirée.
Jour 46 - Atapuerca à Burgos (20 km)
Seulement 20 km pour arriver à une ville étape très importante sur le Chemin, puisqu'il s'agit de Burgos. On y arrivera vers 13h30. Mais avant cela, nous avons droit à tout un lever de soleil après une montée dans un magnifique paysage de roches avec une croix toute simple qui se trouve là-haut. Au loin et en bas, on aperçoit Burgos. S'en suit une bonne descente.
Le reste du trajet, moins intéressant, se fera le long d'une route. On fera une pause tortilla de patatas et jus d'orange au km 11, à Villafria. Il faudra ensuite marcher 6 km tout droit à travers la banlieu industrielle de Burgos. Certains pèlerins décident de sauter cette partie. On vera d'ailleurs une Canadienne et plus tard un Danois nous dépasser dans l'autobus de la ville. Mais pour Diane et moi, pas question de céder à la tentation. Nous ferons tout le trajet à pieds tout comme Ichima qui nous rejoint alors qu'on magasine pour une montre pour Diane. Elle trouvera son bonheur dans un magasin chinois pour 5 euros seulement!
À Burgos on décide de ne pas aller dans l'albergue municipale de 140 places mais plutôt dans l'albergue Santiago y Santa Catalina juste à côté d'une église avec seulement 18 lits. On arrive juste à temps car il ne reste que 5 lits et tout sera complet en quelques minutes.
On va déroger à notre principe de refuser d'entrer dans des églises ou cathédrales payantes car la cathédrale de Burgos nous a été chaudement recommandée par plusieurs. On a quand même droit à une réduction pour les pèlerins. La visite avec audio-guide en valait vraiment la peine car c'est un vrai bijou architectural et artistique. On a du y rester environ 2 heures.
La messe de 19h se déroulera dans la plus simple chapelle de la cathédrale. C'est dommage qu'un si bel ensemble ne soit plus qu'un musée et que les pèlerins et pratiquants soient relégués dans cette petite chapelle dénudée comparée au reste de la cathédrale.
La ville de Burgos vaut mérite vraiment qu'on s'y attarde mais pour nous ce ne seront que quelques heures de visite. On aura quand même pu apprécier s'y ballader et se mélanger à la foule,qui le soir venu envahit toute la vieille ville et sa jolie plaza Mayor.