Jour 49 - Boadilla del Camino à Carrion de los Condes (28 km)
Une journée formidable avec des rencontres pas ordinaires. Cela commence par un magnifique lever de soleil, puis on longe le canal de Castille. On traverse une écluse, bel ouvrage.
Première pause à Fromista au km 6 ou je mange une part de tortilla et un croissant. L'église de San Martin est ouverte mais Diane et moi on se contentera de faire tamponner notre crédenciale car il faut payer pour la visiter. J'admire quand même toutes les sculptures bizarres qui l'entourent avant de me remettre en chemin. Diane est déjà loin devant. Je ne la reverai pas de la journée.
À la croisée de 2 chemins j'hésite. Les deux mènent à la même destination. J'aimerais prendre le plus beau. Il y en a un qui longe le canal mais un vieux monsieur à vélo s'arrête et me conseille de prendre à gauche. Je décide donc de suivre ce signe et finalement je me retrouve à longer la route sans arbre au lieu de la rivière. Je me demande si Diane et les autres pèlerins ont pris le même chemin car je ne rencontrerai pas un marcheur du reste de la journée. Cela me convient tout à fait car j'avais besoin de me retrouver seule pour vivre des moments d'intériorisation.
Alors que je fais une pause sur le banc à côté d'une église, une dame âgée me parle, Elle me propose d'ouvrir la porte de l'église pour moi à condition que je ne reste pas longtemps car elle n'avait pas l'intention de l'ouvrir, ce que j'accepte avec grand plaisir. Enfin, les portes de la maison du seigneur s'ouvrent juste pour moi!
Je continue ma route sur un chemin en ligne droite toujours sans un pèlerin à l'horizon jusqu'à ce que je m'arrête pour observer un vieil homme qui est en train de secouer les branches d'un arbre que je ne reconnais pas avec un immense bâton. Son véhicule est stationné en travers du chemin. Je lui demande de quel arbre il s'agit. Il ne m'avait pas vu et se précipite vers moi, m'offre un bonbon et une partie de sa récolte. Il s'agit d'un amandier. Je découvre dans quoi poussent les amendes et me régale avec ces amandes fraîches. Je dois écourter la conversation car Pepe de Villovieco ne me laisserait plus repartir. J'ai droit à son tampon ainsi qu'à une citation dans ma credenciale. Quelle belle rencontre!
La Felicidad consiste en hacer el bien a los demas.
Traduction: Le bonheur consiste à faire le bien aux autres.
Je fais une pause lunch juste avant le village de Villarmentero de Campas. Je me retrouve dans un endroit insolite mais charmant, à manger mon sandwich fromage/tomate au son de la musique grégorienne, entourée d'une basse-court (poules, oies et dindons) et de deux ânes ainsi que de quelques tentes tipi et baril en bois. Je fais un brin de causette avec un Hollandais, ancien pèlerin qui donne de son temps pour s'occuper du gîte / tipi. Je sers d'interprête pour lui faire le message qu'il doit faire les lits de toutes les tentes même si elles ne sont pas occupées. Qu'est-ce qu'il se passe aujourd'hui? On dirait que je vis dans un autre monde. Mais je prends beaucoup de plaisir à faire toutes ces rencontres.
En voulant rejoindre le chemin du bord de l'eau, je me ralonge d'un km mais c'est beau et je passe devant un imposant hermitage qui semble fermé.
Diane est arrivée 2 heures avant moi à Carrion de los Condes et je la rencontre dans la rue. Elle avait déjà pris une chambre à l'albergue Santa Clara alors que j'avais dans l'idée d'aller chez les religieuses Filipenses. Finalement, elle déménage pour me rejoindre car pour 25 euro, nous avons la demi-pension, chambre individuelle avec draps, couverture et serviette. On est les seules clientes.
Après la messe et la bénédiction des pèlerins dans une église remplie de Français, nous avons droit à un vrai repas maison avec des légumes du jardin: brocolis, patates, oeufs brouillés, poulet pané et compote de pomme maison, le tout préparé et servi avec amour par un ange! Quel contraste avec le souper hyper animé de la veille.
J'aurais une nuit réparatrice dans un lieu tellement calme que c'en est presque génant. Le petit déjeuner sera à l'image du souper: copieux et servi par notre ange. Seul point noir: les religieuses nous ont enfermés à clé dans le monastère. Impossible de sortir, toutes les portes sont verouillées et il y a des barreaux aux portes vitrées et fenêtres du rez de chaussée. J'éprouve comme un début de panique à l'idée de ne pas pouvoir sortir. On finit par trouver la sonnette et la soeur arrive pour nous débarrer la porte. Ouf!
Une chance qu'on n'a pas dormi au Santa Clara car on apprendra par les soeurs mais aussi par des pèlerins qu'il y avait des punaises de lit! L'auberge paroissiale était fermée aussi à cause des punaises.
Jour 50 - Carrion de los Condes à Terradillos de los Templarios (26 km)
Une journée plate dans tous les sens du terme et rien d'intéressant sur le Chemin. Bizarrement aujourd'hui il y a une foule de gens sur le sentier. Comment cela se fait-t'il que je n'ai vu personne hier et qu'ils sont tous là ce matin? Heureusement la file s'estompe au fil des kilomètres. Je suis un peu déçue de ne pas pouvoir marcher plus souvent seule dans la Meseta. Il y a toujours quelqu'un devant et derrière.
Diane a dépassé tout le monde y compris Felipe, un ancien de la Marine américaine, très compétitif, qui supporte mal de toujours se faire dépasser par Diane! Il a finalement réussi hier mais a été obligé de courrir pour y parvenir. Il nous fera bien rire avec son T-shirt ''Be first or be last''.
Le village de Terradillos est plutôt mort et il n'y a qu'une seule albergue d'ouverte. Je serai chanceuse car j'ai eu un des 3 derniers lits à cause d'un groupe de 25 Français qui ont envahi la place. Je ne serai pas dans le même dortoir que Diane, qui se trouve avec Felipe et son ami brésilien Marcos. On retrouve aussi Jean-Claude à l'auberge.