Jour 57 - Santa Catalina de Somoza à Foncebadon (17,7 km)
Avec 2 ampoules supplémentaires aux gros orteils, il me faut un peu plus de temps pour panser tout ça, mais on dirait que la douleur diminue. Par contre, cela m'oblige quand même à ralentir le pas. Quand je marche tranquillement la douleur est supportable.
Pause pour le petit-déjeuner à El Ganso après 4 km. Ce sera un sandwich avec omelette française et un Americano pour moi. C'est un village mort. L'aubergiste me confirme qu'il n'y a que des personnes âgées qui vivent là. Le dernier agriculteur va bientôt prendre sa retraite. C'est Compostelle qui apporte de la vie durant la saison estivale. L'hiver il y a de la neige et seulement 6 familles de personnes âgées vivent au village.
Maintenant qu'on a quitté la Meseta, on retrouve plus de maisons en pierre. Par contre, beaucoup sont en ruine et c'est dommage.
On fera une autre pause au km 12 à Rabanal del Camino, un village beaucoup plus animé avec 2 églises et plusieurs albergues.
Ensuite, le sentier monte. Nous marchons à travers les roches et la gravelle. Le paysage est joli. Il n'y a que quelques nuages mais il fait plus frais.
Je préfère m'arrêter à Foncebadon comme étape du jour, à 2 km avant la célèbre croix de fer pour ménager mes pieds, surtout qu'il y a une longue descente qui s'en suit. Foncebadon c'est un hameau avec quelques bâtisses qui ont été retapées pour être transformées en hébergement et les autres sont en ruine.
On s'installe à l'albergue Monte Irago, ou l’accueil est vraiment très chaleureux. On n'est que 3 dans le dortoir de 18 places quand on arrive car il est seulement 13h30 mais il va finir par se remplir. Naoko nous y rejoint ainsi que Martin le Hollandais qui dormira au-dessus de Diane. En prime, elle aura une grosse ronfleuse à ses côtés. Moi je suis chanceuse car c'est plutôt calme dans le coin que j'ai choisi.
Comme il est encore tôt et qu'elle n'a marché que 17,7 km, Diane fera un aller et retour jusqu'à la Cruz de ferro pendant que je me régalerai avec une super soupe aux légumes et lentilles. L'albergue est vraiment sympa. Ils ont un repas végétarien et il y a un beau foyer pour se réchauffer car les soirées sont fraîches.
Jour 58 - Foncebadon à Ponferrada (28 km)
On a droit à tout un lever de soleil sur les montagnes. En arrivant à la croix de fer, comme le veut la tradition, nous déposons ou lançons nos pierres qu'on a rapportées du Canada. L'endroit n'est pas si spécial que ça. Une toute petite croix en haut d'un immense poteau en bois entouré d'une montagne de roches. Naoko nous rejoint.
Ensuite c'est la descente. On passe devant l'auberge archaïque de Manjarin ou on a failli dormir, si je n'avais pas eu mes ampoules aux pieds. Elle est sans électricité, sans douche, avec plein de panneaux à l'entrée. Jean-Marc y a passé la nuit. En fait, Diane et moi on est bien contente de ne pas y avoir dormi.
C'est un des plus beaux paysages du Camino avec des montagnes bleutées tout autour. On est monté jusqu'à environ 1500m, le point le plus haut de notre chemin de Compostelle. Je me suis assise quelques minutes sur le bord de ce chemin blanc pour admirer le panorama.
En descendant, on arrive au joli village de Acebo avec ses maisons aux toits d'ardoises. C'est là que Diane m'attend pour la pause du matin: café, tortilla et tostadas.
Le sentier continue à descendre jusqu'à ce qu'on arrive au village de Molinaseca avec 2 églises. Il est assez touristique. Après avoir traversé un vieux pont de pierres, la rue principale est bordée de restaurants, bars et plusieurs albergues. Je me paye le luxe de manger une lasagne végétarienne.
J'aperçois la ville de Ponferrada au loin mais cela me prendra une éternité pour la rejoindre. En route, j'ai la chance de trouver de succulentes figues, les dernières de la saison. La végétation change. C'est plus vert. Il y a même un peu de vigne qu'un troupeau de moutons est en train de tailler.
Avec une Allemande, je prends un petit sentier de pierre pensant qu'il longe la route mais on se retrouve à traverser une propriété privée. Je ne sais pas si c'est à partir de là qu'on a manqué les indications mais il y avait deux chemins pour se rendre à Ponferrada et j'ai pris celui qui contournait, ce qui m'a rallongé de 2 km.
Diane a pris l'autre chemin et m'a attendu 1 heure au 1er café devant lequel je ne suis jamais passée. J'arrive donc à l'auberge paroissiale San Nicolas avant elle. C'est la première et la dernière fois que ça arrive! Il y a 185 lits dans l'albergue mais on choisit de dormir dans l'aile réservée aux femmes et on aura une chambre de 4 lits pour nous deux.
Ponferrada est une ville intéressante. Son principal attrait est son château médiéval des Templiers. Malheureusement, on arrive 15 minutes trop tard pour la visite. Comme on est dans une ville, on en profite pour faire des courses pour le petit déjeuner (du muesli pour faire changement des toasts / baguettes toujours un peu dures et séches).
On soupe dans un restaurant italien: vive la pizza! Et ensuite on assiste à la messe qui se termine par la bénédiction des pèlerins (peu nombreux dans l'église) durant laquelle le curé nous asperge d'eau bénite.
Quand on rentre à l'albergue, c'est l'ambiance Woodstock avec toute une gang de pèlerins en train de chanter dans la salle à dîner au son de la guitare. On aperçoit Jean-Marc. Diane et moi on file directement à notre chambre, pour une fois qu'on peut profiter de la tranquilité...