Jour 61 - O'Cebreiro à Samos (31 km)
Nous choisissons une variante qui nous rallonge de quelques km mais qui va nous permettre de découvrir l'abbaye et monastère de Samos. On commence par des montées et des descentes, 2 cols (alto de San Roque et alto de Poio) et on marche le long de la route à travers le brouillard durant 19 km jusqu'à Triacastela. Je me sens un peu fiévreuse à cause du rhume.
Au cours de la pause tortilla, je fais enfin la connaissance de Vicente, un homme vraiment chaleureux qui m'a particulièrement marqué sur le Camino. Je lui dis combien j'apprécie ses flèches en fleur. Il me répond d'abord qu'il a commencé cela parce qu’il avait le temps et rien d'autre à faire. Puis, il ajoute qu'en fait, il fait ça par vanité. Un ami lui avait dit que le chemin de Compostelle c'était l'ensemble de toutes les empreintes de pas que les pèlerins avait laissées. Et comme il voulait que son empreinte se voit, il a commencé à composer des flèches avec des fleurs qu'il ramasse sur le chemin. Pour moi, Vicente est un artiste qui met un sourire dans nos cœurs par ses œuvres éphémères.
Le sentier est bucolique mais il faut constamment marcher dans le jus de bouse de vache. Il y aura quelques averses. Je passe à côté d'un impressionnant châtaignier vieux de 800 ans. Un peu plus loin je me trouve face à face avec un troupeau de vaches. Je fais demi-tour et cours me réfugier à un croisement pour éviter de me faire encorner. Il y a quand même 2 chiens qui rappellent à l'ordre les vaches et le berger des temps modernes suit derrière le volant de son auto!
En chemin, j'ai rencontré une mami qui se tenait debout avec une assiette de crêpes. Elle m'en offre une sur laquelle elle rajoute du sucre et me demande gentiment une pièce en échange. Je me régale!
Finalement le ciel se dégage, ce qui me permet de mieux apprécier le paysage, les hameaux et les églises sur le sentier. À un moment donné je ne vois plus de flèches sur ma route et je dois faire demi-tour sur environ 500 m car je me suis trompée.
Quand on arrive à Samos, on a une très belle vue sur le monastère, un des plus gros d'Espagne. J'y arrive à 16h30 après une bonne journée de 31 km de marche. Diane est en train de faire sa lessive. Après ma douche, je lui dis que je vais aller visiter le monastère. Elle se joint à moi alors que Jean-Marc, la Québécoise et d'autres décident d'aller à la visite guidée suivante. Nous avons bien fait car on fera partie du dernier groupe. La visite est guidée par un moine bénédictin. C'est très intéressant.
On manque la messe car l'horaire a été changé mais nous irons écouter les chants grégoriens que j'ai trouvés un peu décevants.
Le dortoir du monastère est sinistre malgré les quelques peintures aux murs et plafonds. On y entre par 2 grandes portes en bois style hangar. Il y a 70 lits entassés là. Mais on est bien accueilli par un hospitalier italien.
On soupe juste en face: salade de riz, chipirones (calamars) et fromage au miel.
Fatiguée à cause de ma gripette, je me couche avant tout le monde et dors sans que les nombreux ronflements me dérangent.
Jour 62 - Samos à Barbadelo (20 km)
Ce matin au petit-déjeuner dans le seul bar d'ouvert, j'ai fait la connaissance d'un séminariste français qui fait le chemin de Compostelle aller/retour depuis chez lui, sans argent, en comptant seulement sur la charité des gens. Quand on l'a rencontré, il était sur le chemin du retour. Il faut avoir une foi à toute épreuve pour marcher tous ces kms sans argent. Avant de partir je décide de lui laisser quelques Euros pour qu'il puisse se payer un café et croissant. Quelques kms plus loin, alors que je pense encore à son exploit, je réalise que je suis partie du bar sans payer mon petit-déjeuner. Je me sens mal mais en même temps il est hors de question que je refasse tous ces pas. Je décide donc de continuer en espérant que ce n'est pas le séminariste qui s'est retrouvé obligé de payer mon petit-déj avec l'argent que je lui avais laissé!
C'est ici qu'il faut choisir entre le chemin le plus court qui longe la route ou celui traditionnel qui passe à travers un boisé de chênes mais qui est plus long de 3 km. Comme je n'ai plus de problèmes de pieds et que j'ai retrouvé la joie de marcher, je veux prendre le sentier le plus agréable. Diane, qui n'a jamais de problèmes de pieds et qui marche plus vite que tout le monde, voulait prendre le chemin le plus court, elle qui commence à trouver que le Camino de Santiago c'est vraiment long et à déprimer un peu surtout quand elle arrive dans les albergues! Finalement elle se rallie à mon choix et ne le regrettera pas car c'est vraiment beau.
Pause à Aguiada (km 12) ou on retrouve Jean-Marc mais aussi Vicente. Je commande una tortilla francesa.
On traverse Sarria, une ville pas terrible remplie d'albergues. On fera simplement une pause café car on veut avancer le plus possible.
Finalement comme la pluie commence à tomber, on décide de s'arrêter après 4 km à Barbadelo. J'ai les pantalons trempés et Diane les pieds mouillés. Comme on arrive à seulement 14h et qu'il n'y a rien à faire, on tue le temps entre notre albergue municipale et une autre albergue privée à 150 m ou ils ont la wifi. On y retrouve Carmen qui soupera avec nous. Le trio Annick-Michelle-Barbara sont aussi là.