Notre journée de tourisme à Santiago s'est terminée par un souper d’au-revoir avec nos amies du Camino Annick et Michelle. Elles reviennent d'une journée à Fisterra mais en autobus. Annick a accroché ses vieilles bottes de randonnée qui avaient rendu l'âme au bout du phare. Elle ne nous cache pas être un peu jalouse de nous qui allons continuer à pieds jusqu'à Fisterra mais pour elles l'aventure se terminent et elles doivent repartir en train demain. Il semblerait qu'on lui ait donné la motivation pour revenir terminer cette marche jusqu'au bout de la terre. Et dire que Diane au même moment aurait elle préféré terminer sa marche à Santiago. Elle ne réalise pas encore la chance qu'on a d'avoir le temps de continuer un peu plus loin.
Coquille Saint-Jacques, gigantesque paella aux fruits de mer et crème glacée pour ce souper avec Annick et Michelle
Jour 69 - Santiago à Negreira (22 km)
Quelle belle journée! J'avais hâte de repartir. La vue est superbe sur la cathédrale en montant, juste le temps de faire une photo et une averse s'abat sur nous. Le chemin à travers la forêt d'eucalyptus est superbe. Il n'y a presque plus personne sur le sentier.
Après environ 8 km, je fais une pause café avec Diane. Ensuite je marcherai seule jusqu'à l'étape du jour.
Il faut suivre en partie la route, puis après une descente s'ensuit une longue montée jusqu'à Carballo (km 14,2). Un cycliste me dépasse et je le rattraperai plusieurs fois, à chaque fois qu'il doit faire une pause pour s'habiller ou se déshabiller à cause des changements de température.
Un gros chien marron non attaché va me faire vivre toute une frousse en se dressant et en démontrant des signes d'agressivité. Je le tiens à distance avec mon bâton sans le perdre de vue jusqu'à ce que je sois assez loin pour me sentir soulagée.
Je m'arrête dans le bar du prochain village pour commander un sandwich. Le patron est charmant. L’accueil n'a rien à voir avec la froideur et l'indifférence que je ressentais les dernières journées avant d'arriver à Santiago.
Encore une autre averse juste avant d'arriver à Ponte Maceira avec son joli pont de pierres que j'ai quand même pu photographier.
Je retrouve Diane un peu avant 15h à la terrasse d'un restaurant à Negreira. Plusieurs albergues sont fermées et on se retrouve seules dans un dortoir de 6 places à l'albergue San José reçues par une femme qui parle français.
On passera le reste de l'après-midi dans un café à boire du thé et moi sur Internet. Pour souper, on choisit la pizzeria. On voit quelques pèlerins passer devant nous dont Jean-Pierre. Mais aucun ne dort dans la même albergue que nous.
Jour 70 - Negreira à Olveiroa (32 km)
Malgré une longue journée de 9 h et 32 km à marcher sous une pluie continue, le vent déchaîné avec des rafales de 50 km/h, les bottes complètement trempées depuis le matin, j'ai adoré ma journée.
Et dire que quelques jours plus tôt, dans des conditions moins extrêmes, j'ai failli abandonné, alors que là, je ne ressens ni fatigue, ni froid, ni découragement, ni colère, ni impatience. Au cours de cette fameuse journée 64, passé l'étape du découragement, trois mots avaient surgi dans ma tête: résignation, lâchez-prise et acceptation. C'était la leçon que je devais tirer de ces difficiles moments. Il semble que cette fois, la leçon est apprise et que j'ai mis ces 3 choses en application pour être aussi bien. Toute la journée je me suis sentie comme portée par une énergie extérieure à moi. L'énergie du Chemin me paraît tellement différente.
Pour la première fois, j'ai senti l'odeur de la mer. J'ai marché dans le bois des eucalyptus et des sapins. J'ai marché dans des sentiers transformés en ruisseaux. J'ai marché le long de la route. J'ai marché les pieds pataugeant dans l'eau et les pantalons trempés. Pourtant, rien pour miner ma bonne humeur.
Je marche joyeusement d'un bar à l'autre. Joie de trouver une cheminée à côté de laquelle je peux se réchauffer; joie de trouver du papier journal pour sécher un peu l'intérieur de mes bottes même si cela sera tout à recommencer au prochain bar; joie de voir rentrer les pèlerins un à un dans le même état détrempé que nous et sans avoir besoin d'échanger un mot, comprendre exactement ce qu'ils ressentent car nous partageons tous la même misère ou plutôt le même bonheur.
Pause lunch. Je me régale d'une bonne soupe de lentilles. Les compagnons Français et Québécois de Drummondville
Étrangement les pèlerins espagnols ont déserté cette partie du Chemin. On rencontre seulement une Espagnole. Les autres ce sont des étrangers dont le couple de Hollandais, un Français et un Québécois de Drummondville compagnons de route, Jean-Pierre, l'Australien, etc. On se connaît tous maintenant.
Et enfin, joie d'arriver à l'albergue à 17h30, de prendre une bonne douche chaude, un bon souper (salade de pâtes, calamars et frites, flan, bière et tisane). Et finalement, joie d'aller me coucher pour un repos bien mérité.