A tous ceux qui attendent pour la fin de mon récit de Compostelle à Fisterra, il faudra patienter encore un peu. Ce soir, j'ai envie de vous parler de ma fin de semaine monastique, ce qui, en fin de compte, est un peu la continuité de Compostelle.
On dit souvent qu'il n'est pas facile de revenir de Compostelle et pourtant on est vite rattrapé par le tourbillon de la vie quotidienne. Quand j'ai marché le Chemin des Outaouais en 2012, j'ai découvert une abbaye qui m'avait beaucoup plu. À ce moment là, j'avais ajouté sur ma ''bucket list'': faire une retraite silencieuse à l'Abbaye Ste-Marie des Deux-Montagnes. Quelques mois après mon retour de Compostelle, le besoin se faisait encore plus pressant de me retrouver dans un lieu paisible pour me recueillir, pour m'éloigner du tumulte quotidien. J'avais choisi sans faire attention à la date cette fin de semaine pour ma retraite silencieuse. Et comme par hasard, il s'agissait d'une date anniversaire très importante dans ma vie puisqu'il y a exactement 20 ans, je partais de la France pour venir vivre au Canada. Fort heureuse de mon choix, c'était donc l'occasion idéale pour une fin de semaine de réflexion sur mes 20 années de vie au Québec et aussi pourquoi pas sur les 20 prochaines années.
À l'abbaye j'ai retrouvé l'espace d'une fin de semaine le rythme lent, la vie simple et la chaleur humaine qui me manquent si souvent depuis que j'ai terminé mon pèlerinage à Saint-Jacques. Je ne pouvais pas avoir mieux choisi que cette abbaye ou vivent une trentaine de moniales bénédictines cloîtrées.
J'ai été chaleureusement accueillie par la Soeur Magdalena et par les 2 employées qui ont tout fait pour rendre mon séjour des plus agréables. J'ai retrouvé la simplicité mais le confort d'une petite chambre avec tout de même une chaise berçante.
Je me suis amusée à lire tous les messages et avertissements un peu partout, dans la chambre, les salles de bain, etc.
J'ai été très occupée car j'ai suivi à la lettre pendant deux jours le programme de prières et chants grégoriens magnifiques des moniales:
7h Laudes
9h30 Messe
11h50 Sexte
12h50 None
16h30 Vêpres
19h15 Complies
19h45 Vigiles
Je ne pensais pas que la vie dans un cloître pouvait être aussi occupée! Entre tout ça, il y avait la cloche pour nous appeler pour le petit-déjeuner à 8h, le dîner à midi et le souper à 18h.
J'ai adoré mon expérience. J'ai pu méditer dans la section balcon en haut de la chapelle au son des chants grégoriens. C'était tellement beau. J'ai assisté à la plus belle des messes chantée avec les prières et chants en latin et la voix crystaline des moniales. Il n'y avait que quelques paroissiens et le silence était d'or. Tous écoutaient religieusement les paroles du prêtre et les lectures des moniales qu'on ne voyaient pas car elles sont séparées de nous par une grille. On les voit seulement quand elles rentrent et sortent de leur cloître et quand elles vont communier à travers une partie de la grille qui est ouverte pour l'occasion.
Nous n'étions que 2 résidentes la première journée et trois le lendemain. Comme on doit garder le silence à l'étage des chambres et dans la salle à dîner, je n'ai échangé que des sourires et des bonjours avec ces dames mais c'était très bien comme cela. Parfois, il n'est pas nécessaire de parler pour communiquer et être bien avec les gens.
J'ai quand même pris une petite marche jusqu'au lac des Deux-Montagnes pour constater que c'est un haut lieu d'activités de plein air: ballade en 4-roues, en ski-doo, rendez-vous des pêcheurs avec leur petite cabane sur glace, lieu pour promener son chien et aussi pour glisser.
C'est en m'offrant des petits moments de paix et de recueillement comme celui-là que je peux mieux attérir après mon Chemin de Compostelle. Je me sens remplie d'une nouvelle énergie et prête pour faire un autre bout de chemin... dans ma vie active!