Jour 1 et 2 (21 et 22 mai 2018)
Le fil conducteur de mon voyage au Yukon pourrait s'intituler ''Histoires d'ours''. C'est peut-être parce que je suis une touriste et aussi parce que je suis très intéressée à voir des ours au Yukon mais il n'y a pas eu une journée sans que quelqu'un ne me fasse ses recommandations ou avertissements à propos des ours. Je commencerai donc chaque article par une histoire d'ours.
À Whitehorse, alors que je me mesure aux ours empaillés dans le musée MacBride, je réalise qu'ils sont plus gros que je m'imaginais et je me vois mal me retrouver face à face à leur congénère ours noir ou grizzli lors d'une ballade en forêt. L'employée qui m’accueille au musée est une Française installée au Yukon avec sa famille. Novice en matière d'ours, je suis sagement tous les conseils qui me sont donnés. Ce qui m'amène en 2e étape au magasin de plein air à côté du Sport Expert pour acheter mon arme ultime contre les ours: le répulsif. Oh surprise! C'est un employé Français qui me sert. Il me propose 2 modèles: le petit et le grand format. Hésitante, je regarde le prix. $40 le petit format! Et bien à ce prix là ce sera le petit format, surtout que j'achète aussi la pochette pour l'accrocher à ma ceinture afin qu'il soit accessible en tout temps, et qu'en moi-même je me dis que de toute façon je ne devrais pas en avoir besoin. C'est juste pour me rassurer.
Une fois à l'hostel, Jim, un Québécois et Français par sa mère, retraité de l'armée canadienne, me donne un cours 101 (pour les nuls) sur les ours et l'utilisation du répulsif. Il me dit qu'il ne cuisine jamais le soir au camping parce que l'odeur reste imprégnée dans les vêtements et que cela pourrait attirer un ours dans la nuit. Et il me conseille de ne même pas stationner mon auto proche de ma tente si je garde de la nourriture dedans car les ours peuvent la sentir même dans le coffre. Là, je me dis qu'il y va un peu fort. Est-ce qu'ils ont un museau bionique les ours du Yukon ou quoi?
Musée MacBride
La visite du musée comprend aussi une section sur l'histoire de la construction de l'Alaska Highway et la cabane de Sam McGees, apparemment un célèbre poète Canadien. Désolée mais j'en ai jamais entendu parlé, un manque dû à ma culture de Française.
Lors de mon passage, j'ai trouvé Whitehorse comme une petite ville tranquille au bord du grand fleuve Yukon. Il faut dire qu'on est encore hors saison. La saison touristique c'est de la mi-juin à la mi-août selon ce que j'ai compris. Mais quand même c'est la bien la première fois que je vois un Tim Hortons qui ferme à 19 h en plein centre ville.
La ville m'a quand même beaucoup plu. J'ai bien aimé entre autres les murales et les enseignes d'un style d'une autre époque ou d'inspiration autochtone.
Enseignes et murales
Il y a aussi quelques bâtisses et objets intéressants
J'ai visité le musée de l'église en bois construite en 1900. C'était la première journée et ils étaient encore un peu dans les préparatifs et nettoyage du plancher. On en apprend plus sur ces premiers prêtres anglicans, des pionniers qui n'avaient pas peur de la vie nordique. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser aux conséquences désastreuses de l'influence que les prêtres auront sur ces peuples des premières nations avec les pensionnats. Mais ceci ne fait pas l'objet de l'exposition.
La visite guidée du bateau à aube SS Klondike en vaut vraiment la peine, surtout pour des personnes comme moi qui ne connaissent rien à la mécanique, aux bateaux ni à l'histoire de ces grosses machines qui brûlaient des quantités énormes de bois. Et dire que les marchandises étaient transportés jusqu'à Dawson par ces bateaux sur le fleuve Yukon au début du 20e siècle.
SS Klondike
5 km de marche sur le Millenium Trail pour admirer le majestueux fleuve Yukon. Il y a encore un peu de glace par endroits
Au Beez Kneez Bakpakers Hostel, Sara accueille des gens de tous les horizons. Tout est bien organisé et propre. On retrouve une ambiance d'auberge espagnole dans cette maison transformée en hostel. Même le jardin a été transformé pour l'hébergement avec des cabanes en bois et une vieille van VW. Ce sera complet pour toutes les nuits que je vais y passer au début et à la fin de mon séjour. Pas étonnant, car c'est l'hébergement le moins cher de la ville à part le camping. On a accès à 2 salles de bain, 2 douches, 2 salons et une cuisine. Je dors dans un dortoir de 6 lits. Le matin, Sara prépare gracieusement une cafetière de café libre service. Dans le frigo et le garde-manger, on met sa nourriture dans des paniers avec des stickers à notre nom. Il y a une section ''Help yourself'' de nourriture qui est laissée par ceux qui sont venus avant.
C'est un point de chute idéal pour les nouveaux visiteurs, pour échanger sur le Yukon et aussi pour rencontrer des gens hors du commun. Chacun a sa motivation et cela donne un ensemble hétéroclite que j'adore. C'est ainsi que je vais faire la connaissance de:
- Jim le retraité de l'armée qui est en train d'écrire un livre et attend sa belle-soeur de Suisse pour partir faire un road trip en moto jusqu'à l'Arctique sur la Dempster Highway.
- Un jeune Français qui est arrivé en auto-stop et voulait se rendre jusqu'à Dawson en stop. Finalement, le lendemain, il réalise que c'est plus compliqué qu'il pensait et renonce à son projet pour repartir en Alaska.
- Un genre de Rambo Belge qui fait un trip d'aventure extrême. Il sillonne le Yukon à pieds et sur les rivières en rafting pneumatique ou canot, seul et sans rencontrer d'autres personnes pendant plusieurs semaines.
- Cary, une jeune autochtone qui est venue travailler pour quelques semaines.
- Un jeune Coréen, qui est parti de l'Alaska en vélo et compte se rendre ainsi jusqu'au Mexique.
- Joseph, un vieux monsieur Hongrois/Américain qui peine à marcher, et qui a perdu sa maison en Virginie lors d'un incendie mais vient tous les ans depuis plusieurs années au Yukon.
C'est vraiment passionnant de discuter avec tous ces voyageurs. Du coup, je me sens une toute petite aventurière à côté de ce beau monde. Les amis, je vous le dis, les voyages aident à remettre les choses en perspective et à réaliser que rien n'est impossible quand on a des rêves, même les plus fous selon les standards de la société.