Une escapade en Colombie-Britannique remplie d'émotion

30 mai 2018 (Jour 10)

Poussée par le désir de me baigner dans la deuxième plus grande source thermale du Canada, me voici en route vers Liard Hotsprings, avec un long détour par rapport à mon itinéraire initial. Je n'avais en effet pas prévu rouler sur la route de l'Alaska vers l'est jusqu'à Watson lake et continuer encore 278 km plus au sud mais c'est pourtant bien ce que je suis en train de faire. J'arrête de compter les km car je sais déjà que je vais dépasser mon forfait de 2000 km pour 10 jours. Mais quand la route m'appelle, je ne peux pas l'ignorer. Je sais que je ne le regretterai pas car le paysage n'arrête jamais de me surprendre par sa splendeur.

Pour la 2e fois, je vais me trouver à traverser la ligne continentale de partage des eaux un peu avant Watson Lake.

Je vais faire une halte à Watson Lake pour voir ce fameux champ de pancartes qui est loin de m'impressionner. Je trouve que c'est laid et sans intérêt. Conseil d'amie: cela ne vaut vraiment pas le détour à moins de vouloir faire une halte à l'information touristique qui a aussi la wifi et une petite exposition sur la construction de l'Alaska Highway. Sinon c'est la seule chose que je n'ai pas aimé au Yukon. En fait, ce n'est même pas une déception parce que ce n'était pas dans mon programme. Je m'y retrouve un peu par hasard. 

Watson Lake

Me voici conduisant dans le nord de la Colombie-Britannique, avec un peu moins de relief et un paysage de forêt de pins et d'épinettes.

Alors que je venais tout juste de penser que j'aurais bien aimé voir d'autres gros mammifères et surtout des grizzlis qui manquent encore à mon voyage, je freine et m'arrête sur le bord de la route car je viens de voir non pas un mais deux magnifiques ours noirs. Je suis super contente et reste là de longues minutes à les observer. Je veux savoir ce qu'ils peuvent bien manger. On dirait que ce sont des pissenlits.

Je suis encore sous l’adrénaline d'avoir vu des ours et j'ai à peine roulé quelques kms que je m'arrête à nouveau. Cette fois ce sont des bisons qui broutent sur le bord de la route. J'ai l'impression de faire un safari, sauf que là c'est moi qui conduis et  que je suis pratiquement seule sur la route. 

49 bisons sauvages ont été réintroduits dans cette région de la CB en 1995 et ils se sont très bien adaptés. Bien qu'encore une espèce menacée ils sont maintenant quelques centaines. 

Je continue ma route en espérant voir d'autres bisons. Le paysage devient plus intéressant.

Soudain, alors que je m'attendais à voir encore des bisons, ce sont deux autres ours qui surgissent devant mes yeux au prochain tournant. Leur pelage me semble plus clair et je vois bien qu'ils ont une bosse sur le dos, un signe distinctif qui ne trompe pas. J'ai assez étudié la brochure ''Attention aux ours''. Je suis totalement comblée quand je réalise qu'il ne s'agit pas non pas d'ours noirs mais bien de grizzlis, une mère et son jeune d'environ un an.

Je ne pourrai plus jamais regarder les pissenlits de la même façon. Je peux maintenant confirmer que c'est ce dont les ours se délectent en m'ignorant complètement.

Enfin des grizzlis!!!!

Je me sens tellement privilégiée et contente d'avoir suivi mon intuition. En décidant d'aller aux hotsprings je ne me doutais pas que j'allais voir autant d'animaux aussitôt que je franchirai la démarcation pour la Colombie-Britannique.

La suite du trajet sera marquée par une succession de rencontres. En tout, ce seront: 5 ours noirs, 5 grizzlis, 11 bisons dont le dernier à quelques mètres avant d'arriver au camping et un porc-et-pique.

Un autre moment marquant, sera quand cet ours noir se dirigera d'un pas volontaire dans ma direction, à tel point que j'étais prête à redémarrer car je pensais qu'il allait jusqu'à mon auto. Tout ça pour se dresser sur ces 2 pattes arrière en faisant le beau devant moi, la posture parfaite pour la photo. En fait c'était pas pour poser pour moi mais plutôt pour se gratter le dos sur le panneau de signalisation. Quelle émotion!

Il est déjà tard quand j'arrive au camping de Liard Hotsprings et oh surprise! À la guérite, l'employé du parc provincial m'annonce que le camping est complet. Je n'avais pas réalisé qu'en Colombie-Britannique il faut réserver d'avance surtout dans un endroit aussi populaire. Heureusement, il me propose de camper dans ce qu'ils appellent l'overflow, c'est à dire dans un espèce de grand stationnement de l'autre côté de la route, ou il n'y a rien d'aménagé à part des ronds pour faire un feu. Et en plus, cela coûte $26, le plus cher que j'ai trouvé pour planter ma tente mais c'est clair que c'est quand même ma meilleure option.

J'installe ma tente dans le coin ou il y a le plus de verdure et aussi le plus loin possible des bennes à ordure pour ne pas avoir de visiteurs indésirables cette nuit. Un Américain s'installe juste à côté de moi avec un gros camion. Il me raconte qu'il était ici en 1997 quand la femme s'était faite tuée par un ours aux sources thermales et il me dit de ne pas m'inquiéter si jamais un ours venait à s'approcher car il a une arme dans son camion. Quoi? Je vais dormir à côté d'un Américain armé? Tout à fait rassurant en effet! Avec une simple toile pour protection autour de mon corps, si l'Américain rate sa cible, c'est qui va se faire tirer dessus?

Après un souper rapide dans mon super site de camping, je termine ma soirée en beauté dans les sources chaudes. C'est un site enchanteur. Je vais y rester jusqu'à 22h20 et il fait encore soleil. Quelle journée remplie d'émotion. La nature a vraiment été généreuse avec moi. Maintenant que j'ai vu des bisons et des grizzlis et que je me suis baignée dans les hot springs, je peux dire mission accomplie et dormir sur mes deux oreilles malgré mon voisin armé.

Liard Hot Spring