Après notre 5e journée sur le SIA, en 3 h on arrive au village d'environ 230 habitants de Sainte-Marguerite-Marie qui a été fondé autour de 1915. Pour ceux qui pensent que cette section du SIA est plate dans tous les sens du mot, je ne suis pas d'accord. C'est certain que le niveau de difficulté n'est plus le même. Mais honnêtement, cela fait du bien d'avoir un break après le secteur d'Avignon, de pouvoir marcher en regardant tout autour et non pas concentré seulement à un mètre devant soi. Et puis quand tu arrives avant midi et que tu as toute l'après-midi devant toi pour te prélasser, c'est cela aussi le plaisir de la randonnée: prendre son temps, profiter de l'endroit ou on est et discuter avec les gens.
On a fait la connaissance de Mario, un homme bien sympathique qu'on a croisé en 4-roues et qui est venu nous faire une longue jasette à l'abri. Grâce à lui, on a eu les réponses à toutes nos questions.
Ste-Marguerite: les marcheuses sont contentes
Il ne faut pas grand-chose pour satisfaire un marcheur de longue randonnée. Quelle était bonne la douche même si elle coûtait 5$ dans le sous-sol du dépanneur, surtout après 5 jours à suer! En plus, il y avait la wifi et même de la pizza. Diane a trouvé un four dans le sous-sol pour faire chauffer les pizzas.
Jour 6: 20 km le long de la route, parmi les éoliennes mais surtout sur des chemins forestiers jusqu'à Causapscal
J'ai beaucoup aimé cette marche dans la brume matinale, dans des rangs de campagne. À un moment donné, j'ai même cru entendre des mantra Ôm! Je me suis dit que j'étais en train de capoter à force d'être dans le bois. Puis, c'est le cri d'Éléonore que j'ai entendu. En fait, elle était tout excitée car elle venait de voir une éolienne tout droit devant nous sortie de la brume.
Il m'a suffi de mentionner dès Matapédia qu'en arrivant à Causapscal j'allais manger à la cantine La Poutine du bonheur pour que mes amies soient vendues à l'idée, avant même d'être arrivées à Causapscal et personne n'a regretté ce choix. La poutine y était vraiment bonne!
L’origine du nom de Causapscal vient du mot micmac Goesôpsiag qui signifie quelque chose comme “la pierre qui brille au fond de l’eau” ou “pointe caillouteuse”, aujourd'hui petite ville d'environ 2500 habitants.
Causapscal c'était aussi pour Diane et moi synonyme de ravitaillement. On a même devancé d'une journée notre départ pour arriver un vendredi et ainsi pouvoir récupérer nos 2 boîtes de bouffe déshydratée à la Poste pour les prochains 6 jours. On a un peu de surplus de bouffe qu'on laisse dans une boîte pour les suivants. Je dois jeter un de mes soupers de lentilles déshydraté car il a moisi dans la boîte. Je crois que je ne l'avais pas laissé assez longtemps dans le four, mais c'est pas grave car Diane a des surplus de soupers qu'elle distribue. Quand tes provisions diminuent un peu chaque jour, tu ne t'en aperçois pas vraiment quand tu portes ton sac, mais quand d'un coup tu rajoutes 8 livres de bouffe, le sac devient vraiment lourd.
C'est aussi à Causapscal qu'on dit au revoir à Karine car le lendemain elle saute un abri. On ne va pas la revoir avant St-Vianney.
Et voilà! Cela n'a pas été trop difficile de convaincre mes amies de faire un arrêt à la Poutine du bonheur
J'ai bien aimé ma journée de 16 km jusqu'à l'abri des chutes. C'est la première fois qu'on a un ciel bleu à 100% toute la journée et une température idéale pour marcher. Au début c'est très facile. On longe un champ d'avoine. On a une belle vue sur les collines alentour.
Section très bucolique à travers champs
La section suivante on longe de la rivière Causapscal d'une couleur un peu rougeâtre dans la gourde. Bien que un peu boueuse, cette section est vraiment plaisante. Mais il ne faut pas croire que c'est toujours plat car on a une bonne grimpette à faire qui nous permet d'avoir une vue panoramique sur les méandres de la rivière avant de redescendre à nouveau. Diane et moi avons chacune fait notre chute dans la descente aujourd'hui qui se solde juste par une égratignure et un short déchiré pour Diane. Finalement, cette journée des chutes porte bien son nom!
Ça y est, on vient de passer le cap des 100 km de marche! L'abri des chutes est vraiment sympa juste à côté des chutes mais comme c'est un lieu accessible pour les touristes, on a eu la visite d'un groupe d'enfants qui voulaient rentrer dans ''la cabane'' mais ils ont vite rebroussé chemin quand Diane leur a opposé son veto d'un ton sans équivoque. Les toilettes, à 90 m, sont un peu loin.
Ce qu'on n'avait pas prévu c'est que l'accès à l'eau n'est vraiment pas évident à cet endroit. Quand on a vu le débit des chutes, Diane et moi on s'est dit qu'on allait se passer d'eau jusqu'au lendemain. Mais Éléonore, notre héroïne du SIA, ne s'est pas laissée impressionner par les chutes. Elle a passé outre la corde et est allée remplir nos 3 bouteilles sous le regard inquiet de Diane. Je ne vous recommanderais pas de suivre son exemple car c'est un peu risqué quand même.
Éléonore notre héroïne aux chutes sur la rivière Causapscal
Par contre, le sentier aurait besoin d'un peu de débroussaillage. Parfois, c'est tout juste si je vois Diane cachée derrière les fougères et autres plantes hautes. Heureusement qu'il y a des randonneurs qui passent par là chaque jour car c'est vraiment pas évident de voir ou on met les pieds. Ça sera aussi comme cela au début de notre marche le lendemain matin.
Petite journée facile et agréable jusqu'à St Alexandre
On dit au revoir à Éléonore qui continue jusqu'à l'Érablière. On doit la retrouver à Amqui ou elle prendra une journée de repos. Petite journée pour Diane et moi de 4h30 de marche jusqu'à l'abri de St-Alexandre-des-lacs, qui semble être peu visité par les randonneurs du SIA car il faut faire un détour d'environ 2 km pour s'y rendre. Pourtant, il vaut le détour car il est super bien aménagé. Les cloches de l'église sonnent les 12 coups de midi au moment même ou Diane ouvre la porte de l'abri. Quelle synchronicité! On se demande même si elles ne sonnent pas juste pour nous souhaiter la bienvenue.
On a vraiment apprécié le robinet d'eau potable, le lac Rouge dans lequel je me suis baignée et rafraîchie après une autre journée à suer à grosses gouttes, la table de pique-nique avec un toit, la corde et les pinces à linge ainsi que le tapis à l'entrée de l'abri. Un gros merci aux bénévoles pour ces petites attentions qui apportent du bonheur aux marcheuses de longue randonnée que nous sommes. Autre moment de bonheur après la déception d'apprendre que le dépanneur annoncé sur les panneaux est fermé depuis déjà plusieurs années (on rêvait de s'acheter une crème glacée), on découvre la Framboisière ou on achète une grosse tomate et des biscuits maison. St-Alexandre est un joli petit village un peu à l'écart, ou les 4-roues sont plus nombreux que les autos sur la route.
Je découvre ma première ampoule à St-Alexandre
En chemin vers l'Érablière
18 km faciles et plaisants jusqu'à Amqui
En chemin vers Amqui, c'est la première fois depuis le début que l'on voit des vaches. Il y a de beaux paysages de pâturage. Le nom de la ville d'Amqui est un mot Micmac qui signifie “lieu d’amusement” ou “lieu de jeux, lieu de plaisir”. Il est possible que des Micmacs et d’autres tribus s’y rassemblaient jadis pour célébrer des cérémonies et des fêtes.
Pour nous la fête cela veut dire manger enfin notre crème glacée mais aussi pour moi une guedille aux crevettes avec une bière blanche ''La coupable'' et non pas ''L'innocente'' comme le pensait Diane à la brasserie La Captive.
Au camping aussi c'est la fête car on retrouve Éléonore et on sera 7 marcheurs du SIA ce soir là, notre plus grosse gang du sentier. Les gens de la place sont super sympas. Notre 2e voisin de camping nous prête sa génératrice pour recharger nos équipements électroniques, puis c'est notre 1er voisin qui nous apporte une extension branchée sur sa prise car il trouve que la génératrice fait trop de bruit. Très beau camping ou en plus la douche est gratuite!
On voulait prendre un taxi pour aller souper en ville car c'est à 4 km mais le chauffeur de taxi nous dit qu'il termine sa journée à 20 h et qu'on devra revenir à pieds. Finalement, c'est un gars en pick-up qui s'offre généreusement d'aller chercher une pizza en ville pour la gang. Ça c'est du service à la gaspésienne!
Amqui
Avant-dernière journée de 15 km jusqu'à l'abri des 3 sœurs
Journée très agréable et on prend notre temps mais ce sera une journée ou l'on joue au chat et à la souris. Après une pause pour mettre du chasse-moustique, Diane et moi on part en avant en pensant qu'Éléonore nous rattrapera. On fait une pause après 2h30 de marche mais toujours pas d'Éléonore en vue. Je décide de continuer à marcher car je suis la plus lente des 3. Diane attend Éléonore. Au bout d'environ 1 km je vois Éléonore surgir derrière moi. Elle sort d'un sentier dans le bois alors que j'ai marché le long de la route. Toutes les deux nous avons suivi les signalisations du SIA. Elle décide d'attendre Diane et je continue à marcher seule car je pense qu'elles vont me rattraper.
Le débat du jour sera pour savoir qui a marché sur le SIA et qui a pris le mauvais chemin. La carte semble donner raison à Éléonore alors que le texte du guide semble me donner raison. J'en conclus que le sentier a été changé de place pour cette section mais que les anciens signes n'ont pas été enlevés, ce qui créé de la confusion et qui a fait qu'Éléonore s'est battue contre les ronces et les arbres tombés au milieu de son chemin et Diane n'a jamais vu Éléonore. Elle a demandé à un automobiliste si il l'avait vu et celui-ci a même roulé un 5 km pour chercher Éléonore en vain. Elle était en avant dans le bois. Finalement, on s'est toutes retrouvées au dernier point d'eau avant de prendre le sentier des 3 soeurs. On en a profité pour faire une halte lunch à la superbe halte pique-nique au bord du lac Matapédia.
J'ai bien aimé le sentier dans le bois qui mène aux 3 soeurs. On a croisé les gars qui sont en train de remplacer la passerelle de bois. Ensuite cela grimpe mais le sentier est facile et bien entretenu. Quel bel abri! Bravo et merci aux bénévoles qui ont pensé et ont du travailler fort pour monter le matériel et construire cet abri. La vue est magnifique et on a passé une très belle dernière soirée et dernière nuit avec la pleine lune devant nos yeux dans le bois.
Seulement 3 heures de marche faciles pour notre dernière journée jusqu'à Saint-Vianney. J'ai traîné un peu et pris mon temps en arrière car je voulais faire durer le plaisir de la marche et admirer la campagne environnante une dernière fois. En effet Diane et moi on termine notre longue randonnée ici pour cette année.
C'est le temps de la pause!
La vie dans les abris du SIA
Pour les déjeuners c'est le maudit gruau qui est dans la casserole de chaque randonneur. Personne n'y échappe sauf Karine. J'essaye d'agrémenter le miens avec des fruits secs, des noix et des graines pour le rendre plus appétissant. Et à Ste-Marguerite, on a le luxe d'y ajouter des bleuets fraîchement cueillis dans le pré autour de l'abri. J'ai même une saveur différente pour chaque jour mais rien n'y fait. Même après plusieurs jours, je n'aime toujours pas cela.
La bouffe sur le SIA
Vallée de la Matapédia | Balise départ | Balise Arrivée | KM | Départ | Arrivée | Total hres | |
2020-07-31 | De l'abri de Ste-Marguerite à l'abri de Causapscal | 581 | 560 | 21 | 7h40 | 13h00 | 5h20 |
2020-08-01 | De l'abri de Causapscal au Camping Les Chutes | 560 | 544 | 16 | 8h00 | 15h30 | 7h30 |
2020-08-02 | Du Camping Les Chutes à l'abri de St-Alexandre-des-Lacs (+2 km) | 544 | 534 | 12 | 7h30 | 12h00 | 4h30 |
2020-08-03 | De de St-Alexandre-des-Lacs (+2 km) à L'abri de L'Érablière (pas d'eau) | 534 | 520 | 16 | 8h50 | 13h30 | 4h40 |
2020-08-04 | De L'abri de L'Érablière à l'abri d'Amqui | 520 | 505 | 15 | 7h50 | 11h00 | 3h10 |
2020-08-05 | De l'abri d'Amqui au Camping des Trois Sœurs (eau 2,5 km avant) | 505 | 491 | 14 | 8h20 | 14h30 | 6h10 |
2020-08-06 | Du Camping des Trois Sœurs à l'abri de St-Vianney | 491 | 478 | 13 | 8h40 | 11h40 | 3h00 |
Total | 172 | 175 |