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  • : Réjanne globetrotteuse
  • : Venez découvrir ma passion et la réalisation de mes rêves: voyager un an en Asie ainsi que mes autres découvertes, telles que trekking et pèlerinage. Parcours, carnets de route, impressions, photos, conseils...
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5 juillet 2022 2 05 /07 /juillet /2022 18:28

Toute une aventure! Nous venons de compléter la traversée des Monts-Groulx du nord au sud en 5 jours du 25 au 29 juin, avec une moyenne de 7 h de marche par jour sauf pour la dernière journée ou j'ai traîné un peu de la patte avec 9 h de marche.

J'ai marché avec mon copain Denis, qui était aussi notre expert en orientation avec carte et boussole, Carole-Anne et Francis, qui utilisait aussi son GPS pour nous guider.

Ce n'est peut-être pas le bout du monde mais presque. De Gatineau, il faut prévoir 2 jours de voyage pour se rendre jusqu'à Tadoussac, prendre le traversier, continuer jusqu'à Baie-Comeau, puis direction nord sur la 389 qui zigzage tout le long jusqu'au km 365, ou nous avons campé une nuit avant de commencer notre longue randonnée. On a eu notre premier orage dans la nuit avec des éclairs si puissants qu'on était ébloui par la lumière dans la tente.

À ma grande surprise, la lumière du jour m'a réveillé à 3h30 du matin. Je n'avais pas pensé qu'au 51e parallèle on est suffisamment au nord pour avoir des nuits si courtes au mois de juin.

Départ du sentier Jauffret et arrivée par le sentier ProvencherDépart du sentier Jauffret et arrivée par le sentier Provencher
Départ du sentier Jauffret et arrivée par le sentier ProvencherDépart du sentier Jauffret et arrivée par le sentier Provencher

Départ du sentier Jauffret et arrivée par le sentier Provencher

La 1ere et la dernière journée on marche en partie sur un sentier existant mais on ne peut pas dire qu'il soit bien entretenu ni balisé. On a donc commencé par un 8 km de montée sur le sentier Jauffret et un dénivelé d'environ 700 m pour cette première journée. J'en ai un peu arraché car je n'étais pas encore habituée à marcher avec mon sac de 28 livres dont 6 jours de bouffe (1 jour de nourriture d'extra en cas de besoin).

Une chose qui est primordiale pour ce genre de randonnée c'est qu'il faut ne prendre que l'essentiel et surtout pas d'equipement en surperflu afin d'avoir un sac le plus léger possible car c'est ce qui peut faire toute la différence entre avoir du plaisir à marcher ou souffrir en marchant et en maudissant son sac. Denis et moi avions de l'équipement ultra léger. Son sac pesait environ 32 livres mais il transportait aussi la tente.

Il est important de connaître ses limites et je ne crois pas que j'aurais eu autant de plaisir si j'avais eu à porter un sac plus lourd, comme celui de Carole-Anne (48 livres) ou de Francis avec sa roche de 54 livres sur le dos. Je n'aurais jamais été capable de faire la traversée avec un tel poids et je leur tire mon chapeau d'avoir réussi cet exploi tout en gardant leur bonne humeur.

Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km
Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km

Jour 1 - Sentier Jauffret +/- 9 km

Une fois arrivés au Mont Jauffret, c'est là que l'aventure commence vraiment. Il n'y a plus de sentier et on doit naviguer avec le GPS, la carte et la boussole et se choisir notre propre chemin pour traverser de lac en lac et de mont en mont. 

C'était une première expérience du genre pour moi car je marche habituellement sur des sentiers balisés. J'ai vraiment aimé le sentiment de liberté que cela procure et la sensation d'être un peu des explorateurs dans cette immensité des monts Groulx. Par contre, il me reste encore beaucoup à apprendre pour être capable d'utiliser la boussole et la carte pour m'orienter.

Mont Jauffret (1052 m) Vue sur le réservoir Manicouagan

Mont Jauffret (1052 m) Vue sur le réservoir Manicouagan

Le rythme de marche est beaucoup plus lent que sur un sentier balisé car les obstacles sont nombreux (marcher à travers les arbustes, arbres morts à enjamber, trous et zones de marécage à traverser, etc.). Cela m'a pris un peu de temps pour m'habituer et pour me sentir à l'aise dans cet environnement aux nombreux défis.

Campement Jour 1
Campement Jour 1

Campement Jour 1

Trouver un endroit sec, abrité du vent mais sans trop de moustiques pour camper fait aussi partie du défi. Quelles étaient les chances que nous choisissions le même endroit pour camper que d'autres randonneurs? Et bien pas si faible que cela parce qu'on a eu la surprise de voir une tente déjà installée à l'endroit que Denis avait choisi pour camper pour notre première nuit. Il s'agissait d'un couple charmant qui faisaient 2 jours de marche seulement avant de continuer leur road trip sur la 389 jusqu'au Labrador et Terre-Neuve. D'ailleurs, c'est la seule journée ou on a rencontré quelques autres marcheurs d'un jour car on était sur le sentier Jauffret.

Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km
Jour 2 - 14 km

Jour 2 - 14 km

Les monts que nous gravissons sont tous autour de 1000 m d'altitude et ne présentent pas de difficultés techniques. La plupart du temps, la montée est graduelle et une fois qu'on se trouve dans les hauteurs, la végétation se fait plus rare et il est donc plus facile de marcher, sauf que je ne m'attendais pas à ce que le beau tapis de mousse soit presque toujours gorgé d'une eau qui giqlait sous chaque pas, ce qui veut dire qu'il est très difficile, voir impossible de garder les bottes sèches.

Selon les données de mon appareil SPOT, notre altitude la plus haute a été de 1067 m, vers le mont Chicouté au jour 2 et vers le mont Veyrier au jour 4. Des hauteurs, nous avons toujours pu admirer des paysages magnifiques de 360 degrés.

Les plus beaux nuages de la traversée

Les plus beaux nuages de la traversée

Campement Jour 2

Campement Jour 2

Au total on a marché environ 64 km en 5 jours et on a eu plus de pluie que je ne l'aurais pensé. On a du avoir de la pluie 4 jours sur 5, soit le jour soit la nuit mais heureusement qu'il y avait aussi de bonnes périodes de soleil. Le matin du jour 2, on s'est levé sous le brouillard et avec aucune visibilité le matin. Malgré mes bottes Lowa imperméable, j'ai eu les pieds mouillés à partir de l'après-midi. Le lendemain, j'ai utilisé la technique du sac en plastique dans la botte, recommandée par Denis et cela a bien fonctionné. J'ai réussi à garder les 2 pieds au sec.

Jour 3 - 14 km
Jour 3 - 14 km
Jour 3 - 14 km
Jour 3 - 14 km
Jour 3 - 14 km
Jour 3 - 14 km

Jour 3 - 14 km

Monts Jumelles

Monts Jumelles

La 3e journée on s'est trompé avec les données du GPS. Du coup, on s'est retrouvé à faire un détour de 3 km de plus et à traverser une forêt plus dense avec de nombreux arbres tombés qu'il a fallu enjamber. Durant la pause du midi, on a eu droit à un déluge de pluie. Heureusement, qu'on avait installé la toile car on a pu s'abriter le temps que le plus gros de l'averse passe.

Notre campement du jour 3 a été le moins agréable car le sol était complétement gorgé d'eau, ce qui faisait comme un lit d'eau sous la tente et de l'eau a fini par s'infilter dans la tente sous nos matelas. Pour les autres campements on était vraiment bien, toujours à côté d'un lac avec une belle vue et parfois un beau coucher de soleil.

Campement Jour 3

Campement Jour 3

Heureusement, on a eu seulement une traversée à gué de toute la randonnée. On venait à peine de commencer à marcher en ce début de jour 4 et voilà qu'on arrive devant un obstacle de taille, un cours d'eau avec beaucoup de courant. Moi qui appréhende toujours de traverser des rivières, me voici servie! On déchausse et Denis traverse le 1er. Il revient chercher mon sac et me guider. Je le suis tranquillement. L'eau est très froide mais j'ai pas le temps d'y penser car toute mon attention est concentrée sur ou planter mon baton et mettre mon pied pour garder l'équilibre. Arrivée aux 3/4 de la traversée, cela se corse un peu car il y a bien plus de courant. On a de l'eau au-dessus des genous mais même avec les pantalons retroussés, on finit par être mouillé jusqu'aux cuisses car l'eau éclabousse de partout. Le courant est si fort que j'ai de la misère à planter mon bâton. Le courant m'en empèche. C'est avec soulagement que j'atteinds  enfin l'autre rive. Carole-Anne et Francis traversent ensuite comme des pros, malgré le poids de leur monstre sur le dos.

La journée 4 commence par une traversée à gué d'un cours d'eau gonflé par la pluie intense de la veille

La journée 4 commence par une traversée à gué d'un cours d'eau gonflé par la pluie intense de la veille

Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km
Jour 4 - 17 km

Jour 4 - 17 km

La journée 4 a été selon moi la plus belle. On a eu de belles montées et on a marché longtemps sur les hauteurs avec vue sur les montagnes environnantes dans un paysage de paturage verdoyant et de jolis cours d'eau qui serpentaient et de beaux lacs. C'était très buccolique.

Lac Magique
Lac Magique

Lac Magique

Mon campement préféré - Jour 4
Mon campement préféré - Jour 4
Mon campement préféré - Jour 4
Mon campement préféré - Jour 4

Mon campement préféré - Jour 4

La journée 5 avait bien commencé avec encore de beaux paysages et un restant de neige. Le ciel était gris mais on était bien toute l'avant-midi. On a pris notre pause lunch au lac Quintin mais pas trop longtemps car on se faisait attaquer par les mouches noires et moustiques. De façon générale, on a eu des moustiques et mouches noires seulement à quelques moments dans la journée surtout quand on s'arrêtait, ou parfois en soirée quand il n'y avait pas de vent, mais la plupart du temps cela ne nécessitait pas de porter le filet. Par contre, j'ai quand même eu de nombreuses piqures et je me suis retrouvée le cou et le front tout enflé durant plusieurs jours. Mais honnêtement, je m'attendais à pire.

Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km
Jour 5 - 23 km

Jour 5 - 23 km

Alors qu'on était dans les hauteurs à plus de 1000 m d'altitude et qu'on approchait du mont Provencher, on a eu droit à tout un orage. Le tonnère et les éclairs étaient juste au-dessus de nos têtes et franchement, étant donné qu'il n'y avait pas grand chose autour de nous, nous aurions pu être des cibles de choix si la foudre avait décidé de se mettre de la partie.

Côté équipement pour la pluie, j'ai été complétement satisfaite de mon nouveau manteau de pluie et de mes pantalons. Merci Arcteryx! Je suis la seule de nous 4 qui est toujours restée totalement au sec même après le déluge.

Heureusement, la vue s'est dégagée juste à temps quand on est arrivé pour nous dévoiler le superbe paysage sur le réservoir Manicouagan. Par contre, on n'a pas traîné car il ventait et il faisait super froid là haut. 

Mont Provencher (1082 m)
Mont Provencher (1082 m)
Mont Provencher (1082 m)
Mont Provencher (1082 m)
Mont Provencher (1082 m)

Mont Provencher (1082 m)

La dernière section, je l'ai nommé la descente de l'enfer. Cela a été la pire section pour moi alors que nous étions sur un soit-disant sentier: le sentier Provencher. Je dirais plutôt qu'il s'agissait d'un ruisseau combiné à un sentier de boue. C'est le pire sentier sur lequel j'ai randonné de ma vie. Cela m'a pris une éternité pour descendre car avec la fatigue et puis de devoir faire attention à chaque pas pour mettre  mon pied et ne pas m'enfoncer dans la boue ou tomber dans l'eau. D'ailleurs j'ai quand même glissé à quelques reprises. 

Ce sentier est vraiment mal entretenu et n'est pas plaisant du tout à descendre. Parfois, il fallait marcher sur des bouts de bois flottants ou bien marcher sur des troncs d'arbre chancelants qui faisaient office de ponts mais dont je me demandais à chaque fois si ils allaient supporter notre poids. La descente m'a paru durer une éternité surtout qu'il n'y a aucune signalisation pour nous dire combien de km il nous restait. C'est un sentier qui aurait besoin de beaucoup d'amour et de bénévoles pour l'entretenir afin de le rendre sécuritaire et agréable à marcher.

Sentier Provencher ou la descente de l'enferSentier Provencher ou la descente de l'enfer

Sentier Provencher ou la descente de l'enfer

Réservoir Manicouagan à partir du sentier Provencher

Réservoir Manicouagan à partir du sentier Provencher

Quel bonheur d'arriver au refuge! Denis a allumé le poele et nous avons pu faire sécher nos vêtements et un peu nos bottes. On a dormi là pour notre dernière nuit avant de repartir tôt le lendemain matin car nous avions la visite de la centrale Manic 5 de prévue à 9 h. 

Refuge Km 335Refuge Km 335
Refuge Km 335

Refuge Km 335

Malgré l'immensité du territoire et la nature sauvage, nous n'avons malheureusement rencontré aucun animal à part quelques huards et entendu quelques oiseaux. On a bien vu des traces d'orignaux et de caribous mais ils n'ont pas croisé notre chemin. C'est dommage.

Par contre, il y avait toujours de très jolies fleurs dont je ne connais pas le nom.

La flore des monts Groulx (cornouiller du Canada et ??)
La flore des monts Groulx (cornouiller du Canada et ??)

La flore des monts Groulx (cornouiller du Canada et ??)

Je suis très heureuse et satisfaite d'avoir fait cette traversée des Monts-Groulx. Cela a été exigent et parfois difficile mais une expérience unique de randonnée dans un territoire vaste et parmi une nature à l'état sauvage ou l'impact de l'homme ne se fait pas encore trop sentir. J'ai beaucoup aimé les paysages de toundra.

Un gros merci à mon copain Denis de m'avoir proposé l'aventure, à Carole-Anne et Francis d'avoir conduit jusque là et d'avoir été des compagnons de marche formidables. Un merci tout spécial aussi à Martin qui était l'instigateur de cette randonnée mais qui a malheuresment du annuler à la dernière minute.

En conclusion, je dirais que c'est une expérience unique à vivre mais la vivre une seule c'est assez pour moi! 😊 Je ne crois pas que j'y retournerai un jour. Par contre, après tous ces efforts, je me sens plus confiante et bien préparée pour ma prochaine aventure, c'est-à-dire la traversée de la réserve faunique de Matane d'ici quelques semaines.

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commentaires

R
Superbe article que j'apprécie en raison de ce que j'ai vécu dans l'Himalaya, surtout au niveau des efforts, mais aussi les paysages et la nature grandiose de notre belle planète. Bonne journée. Amicalement
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G
Merci René pour le commentaire. Pour avoir aussi marcher dans l'Himalaya, je dirais que le niveau de difficulté était quand même bien moindre. Les paysages du nord du Québec sont aussi très différents mais ce qui fait la beauté de ce trek, c'est qu'on est vraiment seul au monde et on fait son propre sentier à travers l'immensité de la nature. Notre planète est en effet tellement belle. Réjanne
N
Bravo Réjanne! Tu es très inspirante!
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G
Merci Nancie