C'est au bord de la petite playa Don Lino, dans la région de Holguin, à environ 780 km à l'est de La Havane que je viens de passer une semaine de vacances avec mon copain Denis. Nous étions à environ 45 km de la ville de Holguin. De l'aéroport, à cause de l'état de la route, cela prend environ une heure pour se rendre jusqu'au Don Lino, un complexe hotelier géré par la compagnie d'état Islazul.
On semble être au bout du monde quand on arrive au Don Lino car il n'y a rien d'autre qu'une petite plage de sable blanc et un complexe d'une centaine de bungalows d'un ou 2 étages. C'est très bien car c'est que l'on recherchait. La majorité de la clientèle sont des Cubains. À l'exeption d'un jeune couple de Suisses, les quelques touristes étrangers qu'on rencontrera viennent tous du Québec ou du reste du Canada. On est très bien accueilli par un personnel cubain toujours serviable, souriant et de bonne humeur.
Au Don Lino, on peut croiser un coq, des poules, des poussins et des chèvres. Tous les matins, c'étaient les colibris qui venaient s'abreuver du néctar des fleurs violettes devant notre bungalow. Les vaches c'est un peu plus loin, en allant à la plage voisine des militaires qu'on les rencontrait.
Au Don Lino, on peut croiser un coq, des poules, des poussins et des chèvres.
Durant notre court séjour, on a fréquenté 3 plages: celle du Don Lino qui avait l'inconvénient d'avoir des roches et des oursins. Il fallait donc se baigner avec des sandales mais cela nous a permis de voir quelques beaux poissons avec le masque et le tuba. Bien plus à l'aise à faire de grandes respirations yogiques par le nez que des respirations par la bouche sous l'eau, ma première réaction en mettant masque et tuba a été de paniquer en disant à Denis ''Je ne serai jamais capable de respirer avec ça!''. À ce stade-ci, il faut savoir que j'étais encore sur la plage. Finalement, j'ai pris quelques bonnes respirations yogiques pour me calmer, et j'ai décidé d'essayer quand même tout en m'assurant de rester dans la zone ou j'avais pieds, histoire de ne pas augmenter mon niveau de stress. Je n'avais pas envie de croiser un barracuda, comme un touriste québécois avec qui on avait parlé le matin même.
J'ai adoré mon expérience sous l'eau. J'ai découvert un nouveau monde. Je ne pensais pas qu'il y avait autant de vie si proche de la plage. J'étais tellement fascinée et captivée par la recherche des petits poissons bleu et jaune ainsi que des poissons noirs que j'en ai perdu la notion du temps et de l'espace mais j'ai surtout pas perdu de vue Denis. J'ai été toute surprise quand j'ai sorti la tête de l'eau en réalisant que je me retrouvais à l'autre bout de la plage.
La 2e plage se trouve à quelques metres du Don Lino, à côté de l'ancien Don Lino qui, nous a-t'on dit, a été balayé par un ouragan il y a de cela quelques années. La bâtisse qui se trouve sur le rocher est maintenant une résidence de vacances pour les militaires cubains. Il y avait un peu moins de roches mais les sandales étaient quand même préférables pour ne pas se blesser.
En marche vers la playa blanca
Pour se rendre à notre 3e plage: la playa Blanca à environ 3 km, il y a 2 possibilités: la route ou plutôt le chemin de terre ou bien longer la côte et traverser des bosquets. On a fait les deux mais mon préféré c'était le long du récif. On avait une belle vue sur la mer, les montagnes au loin, des pêcheurs qui ramaient dans leur barque pour aller poser leurs filets et on n'a rencontré personne en chemin.
La playa blanca était la plus belle des 3 car on pouvait s'y baigner sans crainte pour les pieds. La plage était plus grande et elle n'était fréquentée pratiquement que par des Cubains, dont par example cette famille en train de faire cuire un gros chaudron de arroz y frijoles (riz et fèves noires) pour un anniversaire de 50 personnes.
Là ou Christophe Colomb a débarqué en 1492
Le chemin parallèle à la playa blanca est bordé de quelques stands avec tables et chaises, la plupart étant fermés mais il y en avait quelques uns qui proposaient des breuvages et de la pizza. C'était vraiment tranquille même le dimanche de Noël. Quand on continue de marcher, on arrive à un secteur avec quelques bateaux de pêche. C'est là que se trouve une plaque qui nous informe que c'est ici que Christophe Colomb aurait mis les pieds pour la première fois à Cuba en 1492.
Lors de mon 1er voyage à Cuba en 2015 dans la région de Varadero, je n'avais pas eu l'occasion de découvrir la vie rurale. Ici je réalise à quel point le niveau de vie semble bas. I y a des maisons vétustes, des cabanes avec un toit de paille et il y a souvent un cochon proche de la maison. On a souvent rencontré des chevaux ou des boeufs qui servent de transport. Les chevaux ne tirent pas juste des calèches pour prommener les touristes. C'est aussi un moyen de transport local. Par contre, on a aussi vu pas mal de gens qui circulent en moto électrique. On a même eu l'occasion de faire un bout de trajet à 3 sur l'une d'elles de Santa Lucia au Don Lino, environ 8 km. C'était le soir et il n'y avait plus de bus pour rentrer. Alors qu'on marchait, un Cubain s'est arrêté et nous a offert de nous emmener en arrière de sa moto électrique. Cela nous a coûté 300 pesos (3 CAD$) et on a fait une belle ballade, cheveux au vent.
Alors qu'on s'en allait à la playa blanca, Roberto nous a interpellé devant sa maison. Il nous a gentillement invité à boire un jus de noix de coco. Puis, il nous a apporté une assiette avec de la pastèque que nous n'avons pas mangé ainsi qu'une bouteille de miel. Avec sa femme Gladis ils nous ont parlé de la vie à Cuba et j'ai réalisé combien la vie était difficile pour les gens ordinaires et encore plus depuis la COVID. Ils manquent de beaucoup de choses et ne peuvent pas s'acheter certains biens essentiels. L'absence de touristes a été un coup dur car c'est ce qui fait marcher l'économie locale. Roberto ne travaille pas car il a des problèmes de santé. Le gouvernement lui donne 1500 pesos (15$) par mois de pension. Ils vivent aussi avec leur fille et leurs 2 petits-enfants. Gladis me montre ses sandales Crocs trouées et me demande si je n'en aurais pas une paire à lui donner ainsi que quelques vêtements. Lui aussi. On veut leur donner de l'argent pour payer la noix de coco et le miel mais ils refusent notre argent. On leur promet de revenir avant de partir pour leur donner les crocs de Denis. On reviendra le jour de Noël avec les crocs et 2 t-shirts. Ils semblaient vraiment contents.
Le cheval, la vache, la chèvre, le cochon et le vautour sont les animaux que nous avons le plus vu.
C'est fascinant de voir tous ces vieux véhicules. C'est comme si il y avait un musée de l'auto partout ou l'on va
Notre seule véritable escapade en dehors de la région du resort aura été pour visiter la ville portuaire de Gibara (72 000 habitants) à environ 50 km à l'ouest mais 112 km de route parce qu'il faut revenir dans les terres jusqu'à Holguin puis redescendre pour s'y rendre en bus. En taxi, on nous avait proposé 85$ pour la journée mais on voulait prendre les transports locaux afin de vivre l'expérience d'être avec les Cubains. On donc pris le bus local des travailleurs de 8h jusqu'à Santa Lucia, puis un autre bus local jusqu'à Holguin. Là, on a suivi une dame super gentille qui s'en allait aussi à Gibara. Il a fallu attendre à un guichet pour qu'ils nous donnent un morceau de papier avec un no écrit à la main. Une fois le bus arrrivé, on a attendu en ligne qu'une employée appelle chaque no par ordre d'arrivée pour rentrer dans le bus et on payait directement au chauffeur. Finalement, cela nous a coûté seulement 60 pesos (0.60$) à deux à l'aller et 380 pesos pour le retour pour environ 3 heures de trajet.
Durant toute notre journée, on n'a rencontré aucun touriste. En observant les gens dans le bus, j'ai pensé que les liens entre les Cubains et les Canadiens devaient être forts, que ce soit en voyant un passager avec une casquette ornée du drapeau du Canada, une femmes qui tenait un sac vert du Dollorama, ou encore une autre qui portait des vêtements d'une marque canadienne. On a eu aussi l'occasion de rencontrer au Don Lino quelques québécois qui avaient épousé des femmes cubaines et vivaient une bonne partie de l'année à Santa Lucia.
Le bord de mer à Gibara
Nous n'avons passé que quelques heures à déambuler dans les rues de Gibara. Cette ville n'est pas sans charme mais elle manquait un peu de vie. Les touristes ne semblent pas au rendez-vous. Nous ne sommes pas montés jusqu'au mirador mais nous avons pris le temps de manger au restaurant. La nourriture de Cuba fera d'ailleurs l'objet de mon prochain article.
Une ville qui semble un peu endormie
J'ai vraiment aimé ma semaine dans la région d'Holguin, surtout qu'il a fait beau et environ 30 degrés tous les jours. Le soleil le jour et le ciel étoilé le soir. Bien sur une semaine c'est trop court pour vraiment explorer les environs mais cela nous a quand même permis de découvrir une belle région et de rencontrer des gens d'une grande gentillesse.