Le but ultime de notre voyage dans l'Ouest Américain était un projet de longue randonnée qui a nécessité plusieurs mois de préparation. Il s'agit de la John Muir Trail (JMT) qui fait aussi partie de la Pacific Crest Trail (PCT), la plus belle section de la PCT paraît-il, et qui consiste à traverser la majeure partie de la chaine de montagnes de la Sierra Nevada en Californie.
Qui est John Muir?
Né en Ecosse en 1838, il a émigré au Wisconsin avec ses parents à l’âge de 11 ans. Il découvre la Sierra Nevada à l'âge de 30 ans. Naturaliste, conservationniste, randonneur, alpiniste, il a aussi écrit plusieurs livres. Ardent défenseur de la protection de la nature sauvage, il est à l’origine du développement du système de parcs nationaux aux USA et de la création du parc de Yosemite en 1872. Il a fondé le Sierra Club en 1892 et en a été le président jusqu’à sa mort en 1914.
Abri construit au col de Muir en 1935 et restaurée plusieurs fois depuis est aussi un mémorial pour John Muir
L’exploration et la cartographie de la Sierra Nevada a commencé à la fin des années 1880. Le père de la JMT ce n’est donc pas John Muir mais Theodore Solomons, un explorateur qui a eu la vision d’un sentier à travers la Sierra à l’âge de 14 ans en 1884. La JMT a été achevée en 1938, après 28 ans de construction et aujourd'hui c'est un des plus beaux sentiers de longue randonnée au monde. Il est tellement populaire que le nombre de randonneurs est contingenté par un système de permis. Il y a environ 1500 marcheurs qui entreprennent de compléter la JMT chaque année et nous en avons fait partie en 2024.
C'est tout un parcours du combattant pour arriver à obtenir un de ces permis. La traversée classique se fait du nord vers le sud en partant de Happy Isle dans le parc de Yosemite jusqu'à la base du Mont Whitney, 340 km plus loin. Il faut faire une demande de permis en ligne, 6 mois avant la date de départ. À ce moment-là, 60% des quotas sont attribués selon un tirage au sort. On a joué le jeu mais on a perdu. Les 40% restant sont attribués 2 semaines avant. Trop risqué de ne pas être tiré au sort là encore car la demande est forte. Alors, nous sommes passé au plan B, c'est à dire de faire la JMT dans l'autre sens du sud vers le nord car il y a moins de demandes dans ce sens là et de faire une demande de permis pour un autre secteur dans le Inyo national park, qui nous rajoute quelques kms, en fait 2 jours de marche d'extra sur la PCT avant de rejoindre la JMT.
J'espère que je ne vous ai pas perdu dans toutes ces explications mais en bref il faut être stratégique, avoir de la patience, de la persévérence et aussi de la foi pour y arriver. À quelques semaines du départ, nous n'avions toujours pas réussi à mettre la main sur ce fameux permis, notre passeport pour la JMT. Tous les permis ayant déjà été attribués, alors plusieurs fois par jour je visitais le site internet de réservation en espérant qu'il y aurait des annulations. Au bout de quelques jours, le miracle s'est produit, une annulation pour une date proche de notre départ souhaité. Nous avions donc notre permis pour un départ de Cottonwood Pass pour le 6 août!
Une route cahoteuse et sineuse nous a permis de nous rendre jusqu'à Florence Lake pour aller déposer notre ravitaillement pour le Muir Trail Ranch
Après cela, tout est allé très vite car il fallait finaliser la préparation de l'itinéraire, de la nourriture déshydratée pour 20 jours de randonnée, trouver un grand contenant en plastique pour y mettre 6 jours de nourriture que nous allions déposer proche du point de ravitaillement (Jour 12), l'achat la veille du départ de 2 barils anti-ours obligatoires sur la JMT, etc.
Quelle aventure pour se rendre en auto jusqu'à Florence lake! On n'avait pas réalisé que la route allait bientôt se transformer en piste pleine de trous, parfois juste assez large pour un véhicule. On ne croise que des VUS ou pick-ups et on arrive juste à temps pour admirer le ciel devenir rose avant le coucher du soleil. Il n'y a rien là à part une jolie cabane qui sert de dépanneur et boutique de souvenir ainsi qu'un quai pour les bateaux. Il y a déjà eu un camping mais plus maintenant. On laisse notre boîte de ravitaillement, qui doit être transportée en bateau puis à dos de mulet jusqu'au Muir Trail Ranch, et on passe la nuit dans l'auto en s'assurant de ranger toute notre nourriture dans les boites à ours du site car on nous a dit qu'il y en avait un gros qui rodait dans le secteur.
Une journée sur le pouce pour parcourir les 357 kms qui nous sépare de Happy Isles à notre point de départ de la randonnée à Horseshoe Meadow.
On a laissé la petiote, ma Chevrolet BOLT, dans un des stationnements du parc de Yosemite avec une petite note sur le pare-brise pour dire aux rangers que nous sommes sur la JMT avec la date prévue de notre retour. On vide l'auto de tout ce qu'il nous reste de bouffe sèche et on la range dans nos 2 barils que nous placerons dans les boîtes à ours à côté du stationnement. On les récupèrera à la fin de notre longue randonnée ainsi que l'auto. On nous a bien averti de ne rien laisser avec une senteur ou de visible qui pourrait attirer un ours car apparemment il arrive parfois qu'un ours défonce les vitres d'auto pour fouiller à l'intérieur.
Il y a bien des bus qui nous permettraient de faire une partie du trajet jusqu'au début de la trail mais les horaires ne nous conviennent pas. Cela nous ferait perdre une journée. Alors, nous voilà parti en auto-stop, comme dans ma jeunesse, en passant par Lee Vining, Bishop et Lone Pine. Cela nous prendra la journée complète et 5 véhicules pour parcourir les 357 km, sans ombre et sous une chaleur de plomb, jusqu'à Horseshoe Meadow, le camping de départ de notre longue randonnée. On a eu la chance de tomber sur Stef, une road angel, qui nous a embarqué à Bishop et a même fait un détour pour nous emmener jusqu'au camping. Elle venait de faire plusieurs jours de randonnée dans la Siera Nevada et devait faire elle aussi la JMT mais vers la fin du mois et du nord vers le sud. On pensait la croiser à la fin de notre JMT mais finalement on ne la revera jamais.
Quelques Stats
- Du 6 au 29 août 2024, 23 jours de marche + 1 jour de repos
- 424 KM (JMT = 340 KM + 84 KM bonus), donc une moyenne d’environ 20 km / jr.
- On croisait environ 50 randonneurs/jour
- Notre journée la + courte = 4.8 km
- Notre journée la + longue = 27.2 km
- Que du beau temps à part un peu de pluie et grêle le jour 4 en descendant du Mont Whitney et 2 h de pluie le jour 9 en quittant Red’s Meadow, mais du gel la nuit 2 fois.
- Au total, 15 600 m de dénivelé positif
- Presque toujours autour de 3000 m d’altitude
Impossible de vous raconter chaque journée sur la JMT. Ce serait trop long et peut-être pas intéressant pour le lecteur mais sachez que pour moi il s'agit du plus beau de tous les treks que j'ai fait dans ma vie. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas eu une journée ou je ne me suis pas émerveillée devant les montagnes, les lacs, les chutes d'eau, la vue en haut des cols, en bas dans les prairies. La diversité du paysage qui changeait tout le temps. On voyait tout autour de nous des montagnes toutes plus belles les unes que les autres. On rencontrait des chevreuils presque chaque jour mais aussi des marmottes et des adorables petits pikas qui ne vivent qu'en haute altitude et dont la survie est menacée à cause des changements climatiques.
Pika - ce charismatique cousin du lapin à l’apparence d’une pomme de terre Russet poilue surmontée d’oreilles de Mickey et à la queue cachée
Jour 3: Détour pour aller jusqu'au sommet du Mont Whitney (4 419 m)
Dès la 3e journée, nous avons gravi notre point le plus haut de tout le trek mais aussi des États-Unis hors Alaska: le Mont Whitney. Le sentier n'était pas technique et montait progressivement. Heureusement, les 3 premiers jours m'ont permis de m'acclimater à l'altitude et comme on avait laissé nos gros sacs à dos au campement de Crab Tree, j'ai pu monter sans problème et profiter pleinement de la vue spectaculaire. On a juste eu le temps de faire quelques photos, puis un gros nuage s'est installé au-dessus de nos têtes. C'est sous les grêlons que nous sommes descendu, puis sous la pluie jusqu'au campement. Mais le soleil ne tardera pas à refaire son apparition et il ne nous quittera plus sauf une autre fois en 24 jours.
Les cols et dénivelés, à regarder de droite vers la gauche, puisque nous sommes partis du sud vers le nord, à l'inverse de la plupart des randonneurs
À chaque fois qu'on arrivait en haut d'un col, on découvrait un autre paysage époustouflant. En plus, on a eu la chance d'avoir une météo incroyable donc on pouvait toujours voir de très loin. Parmi mes coups de coeur pour les cols, il a le Muir Pass (3651 m) le jour 12, que nous avons atteint en milieu de journée. J'ai adoré ce paysage minéral avec les 3 lacs d'un bleu profond. Juste avant, on venait de traverser un petit névé, de passer devant le lac Helen d'un bleu aussi sombre que riche et profond et en descendant de l'autre côté on a pu admirer le lac Wanda avec une couleur toujours aussi bleu profond, le lac Sapphire et sa couleur vert foncé puis le lac Evolution ou nous avons bivouaqué juste à côté.
12 cols entre 2958 m (Cathedral Pass) et 4012 m (Forester Pass) d’altitude :
- Cottonwood Pass (3401 m)
- Forester Pass (4012 m)
- Kearsarge Pass (3585 m)
- Glen Pass (3636 m)
- Pinchot Pass (3674 m)
- Mather Pass (3689 m)
- Muir Pass (3651 m)
- Selden Pass (3223 m)
- Silver Pass (3279 m)
- Island Pass (3116 m)
- Donohue Pass (3376 m)
- Cathedral Pass (2958)
Un autre de mes coups de coeur a été la section d'extra (hors JMT) de Bullfrog et Kearsarge Pass trails qui nous a mené jusqu'à Onion Valley pour quitter temporairement la JMT et que nous avons fait les jours 5, 6 et 7 car nous devions aller nous ravitailler au village de Independance. En effet, on avait décidé de ne pas transporter plus de 6 jours de nourriture, ce qui est déjà beaucoup, étant donné qu'on avait aussi l'équipement de camping et les BV Bear Cannister. À son maximum, mon sac plein pesait environ 34 livres (15,4 kg) et celui de mon copain au moins 40 livres.
On a eu la chance d'avoir un lift pour se rendre jusqu'à Independence ou l'on pensait trouver de quoi se ravitailler pour les 6 prochains jours, mais il n'y avait qu'un mini dépanneur à la station service et rien de bien intéressant. Alors, on fait du pouce jusqu'à Lone Pine, un village un peu plus gros avec une épicerie. Il nous faudra attendre assez longtemps sous la grosse chaleur mais heureusement il y a encore du monde serviable qui n'ont pas peur d'embarquer des auto-stoppeurs. On fera donc l'aller et retour dans la journée. En plus, on en a profité pour aller manger un bon repas au restaurant. Je rêvais de manger des frites depuis plusieurs jours. Le cheese cake était aussi excellent. Vous l'aurez compris, la nourriture prend une grande importance pour moi durant une longue randonnée car on brûle tellement de calories en marchant environ 8 h par jour qu'après plusieurs jours, je commencais à avoir tout le temps faim.
Ce soir là, je me suis payée le luxe d'une douche à 15 US$ au ranch juste à côté du camping de Onion valley, ma première vraie douche en 6 jours. Eau chaude à volonté, chauffée au gaz propane dans un cabanon en bois sans lumière, vraiment chère mais oh combien je l'ai appréciée!
Encore un coup de coeur: ces arbres un peu biscornu avec une magnifique écorce qui tourne sur l'oranger au soleil
Que soit dans un cours d'eau, un lac glaciaire ou dans l'eau chaude thermale, les options ne manquent pas pour se baigner en fin de journée
Sur la JMT, on campait généralement sur des emplacements déjà existants. On finissait de marcher entre 15h et 17 h et on essayait de se trouver des sites isolés, proches de lacs, tout en respectant la limite de 100 pieds (30 m) d'un lac ou d'un cours d'eau. Mais parfois, il y avait des zones interdites aux campeurs pour permettre la régénération de la nature. Malgré tout, nous n'avons jamais eu de difficultés à nous trouver un endroit pour planter la tente mais on a du parfois partager l'espace avec d'autres campeurs.
Quelques exemples de nos lieux de bivouac
Les conditions pour camper étaient presque toujours parfaites et dans des endroits magnifiques, sauf 2 nuits plus fraîches ou la température est descendue sous le point de congélation.
Prendre le temps de contempler la nature et prendre des pauses pour se reposer cela fait aussi partie du plaisir de la randonnée
Un moment fort de la JMT, c'est quand on arrive au Muir Trail Ranch, le jour 13, après 27,2 km, notre plus longue journée de marche. C'est là qu'on doit récupérer notre ''bucket'' de ravitaillement qu'on avait laissé à Florence lake. Il est presque 17h quand on arrive et je n'ai plus aucune réserve de nourriture. J'ai mangé mes dernières noix et ma dernière barre de céréales un peu plus tôt et on a terminé tous nos soupers déshydratés. On compte donc sur notre ravitaillement mais on ne savait pas que le magasin fermait à 17 h. On arrive in extremis juste avant qu'ils aient rangé tous les buckets avec de la bouffe gratuite qui provient des surplus des randonneurs et des buckets envoyés par des randonneurs mais qui ne les ont jamais récupérés pour cause d'abandon.
Donner au suivant au Muir Trail Ranch : surplus de nourriture des randonneurs. Tout est classé par thème dans chaque seau
C'est jour de fête! Je n'en reviens pas de voir tout ce qu'il y a. J'arrive à nous concocter un super souper avec une soupe japonaise, un macaroni au fromage et même, incroyable, un gâteau crème brulée en dessert. Merci, merci aux donateurs anonymes! Cela a fait ma journée. Le lendemain matin, on récupèrera notre seau avec notre ravitaillement pour les 6 prochains jours. Comme on a décidé de prendre une journée de repos, on en profitera pour aller fouiller plusieurs fois dans les seaux et on trouvera toutes sortes de bons et moins bons snacks. Je me sentais comme une enfant qui vient de trouver un trésor. Mettons que cela nous a permis de reprendre un peu de forces et de faire le plein de calories avant de continuer notre longue randonnée.
Je me suis souvent émerveillée le matin devant les réflexions des montagnes sur l'eau - Des moments magiques...
Le jour 18, en marche vers Reds Meadow, notre prochain lieu de ravitaillement, on a droit à notre premier couvert nuageux. En fait, on marche d'abord au-dessus des nuages, puis dans le nuage mais cela ne durera pas. Par contre, c'est anonciateur d'un refroidissement et aussi d'intempéries.
Au dépanneur de Reds Meadows, il n'y a vraiment pas grand chose pour se ravitailler. Les repas déshydratés sont tous avec de la viande. Heureusement, qu'il y a une boîte de surplus des randonneurs dans laquelle on trouve de quoi compléter ce qui nous manque pour les prochains jours.
On devait prendre une journée de repos là mais avec la pluie, pas grand chose à faire alors on repart mais un peu plus tard car il n'est pas question que je rate le super déjeuner de la cantine qui ouvre à 8h30. Je suis la 2e dans la file d'attente. Je me régale avec mes oeufs brouillés et mes banana pancakes, que je surnome les power pancakes car elles m'ont boosté et donné un regain d'énergie. Cette journée là j'ai marché d'un bon rythme sans resentir aucune fatigue.
Au bout de 2 h de marche, la pluie cessera et c'est le retour du ciel bleu jusqu'à la fin de notre JMT.
J'avais lu avant de partir que parfois les traversés à gué peuvent être difficiles surtout quand le niveau de l'eau monte après de fortes pluies ou en début de saison. Cela n'a pas été le cas pour nous. Nous nous sommes déchaussés peut-être 3 fois pour traverser des cours d'eau mais avec jamais plus d'eau qu'au niveau des mollets.
Une autre inquiétude, qui avait fait couler beaucoup d'encre sur la page Facebook de la JMT, était la traversée de la rivière San Joaquin car il y a 2 hivers le poids de la neige a fait s'effondrer le pont en bois qui traverse la rivière et les randonneurs devaient faire un grand détour et ainsi manquer une partie de la JMT. Certains s'aventuraient à traverser la rivière à gué mais ce n'était pas sans danger. Finalement, quand nous arrivons là le jour 13, nous trouvons une passerelle temporaire pour les travailleurs qui sont absents et on passe un à la fois sans problème. Quelques jours plus tard, on apprendra que la structure permanente du nouveau pont a été livrée par hélicoptère et que le nouveau pont est achevé.
Vous vous demandez peut-être si on a fait des rencontres sur la JMT. Les 2 premières journées on a rencontré presque personne car on n'était pas encore sur la JMT. Ensuite on croisait surtout des randonneurs qui marchaient à 2 ou seul mais très peu de groupes et on pouvait quand même marcher de longs intervalles sans rencontrer un humain.
J'ai été surprise de constater que la majorité devait avoir 40 ans ou plus et qu'il y avait autant de femmes que d'hommes. En fait, on a très peu conversé avec les autres randonneurs à part quand on arrivait sur un col. La plupart du temps on s'échangeait seulement un ''Hi!'', ''Good morning!'' ou ''Hello!'' puisqu'on ne faisait que les croiser, étant donné qu'ils faisaient la JMT en sens inverse. On n'a rencontré qu'un seul Québécois, la plupart des randonneurs de la JMT étant des Américains.
Dans notre sens, il y a eu Erik, un Mormon Californien de 52 ans super sympathique que nous avons retrouvé sur plusieurs jours. Il connaissait bien la Sierra Nevada mais c'était la première fois qu'il marchait la JMT au complet. Il y a eu aussi deux soeurs dans la trentaine que nous avons rencontré à plusieurs occasions. Elles marchaient plus vite que nous mais s'arrêtaient parfois pour pêcher. Au départ de Red's Meadow, elles étaient parties bien avant nous pendant que je savourais mes crêpes mais on a eu la surprise de les voir passer dans la soirée alors qu'on se préparait à souper. Elles s'étaient trompées de chemin le matin et ne l'avaient réalisé qu'après plusieurs km. On ne les a plus jamais revu après. Et heureusement, nous on ne s'est jamais trompé ni égaré. Le sentier de la JMT est tellement emprunté et bien balisé qu'il est difficile de se perdre sauf peut-être à cet endroit car on croisait de nombreux sentiers secondaires. Mais avec nos cartes papier du National Geographic, on s'en est très bien sorti. J'avais quand même aussi prévu ma balise GPS SPOT pour la localisation en cas d'urgence.
Pour ce qui est des randonneurs qui font la Pacific Crest Trail au complet, on en a très peu rencontré car la plupart ont commencé en mars et sont déjà rendu plus loin que la Californie au mois d'août mais on en a quand même rencontré un qui prenait son temps. C'était un monsieur qui venait de prendre sa retraite. Il était parti en mars de la frontière du Mexique et il avait entrepris de faire une partie de la PCT comme projet de retraite.
On avait prévu de faire la JMT en 26 jours avec 2 jours de repos mais on l'a finalement complété en 24 jours avec un jour et une 1/2 journée de repos. Nous n'avons pas trouvé que c'était un sentier difficile techniquement car les montées se font progressivement souvent en zigzag pour que les chevaux puissent aussi l'emprunter. Ce qui peut le rendre difficile c'est l'accumulation des dénivelés qui peuvent être de 1 000 mètres par jour mais surtout à cause du poids du sac à dos car les possibilités de ravitaillement ne sont pas nombreuses, alors il faut ou bien marcher plus de km par jour ou porter plus de nourriture. On a bien eu quelques douleurs aux jambes, pieds et dos mais rien d'assez sérieux pour nous empêcher de continuer et d'apprécier chaque jour sur le sentier. Je n'ai même pas eu une seule ampoule en 24 jours.
Ce que je garde en mémoire de cette aventure c'est la plénitude et la beauté infinie des montagnes, des lacs et surtout la lumière et les nuances de bleu du ciel et des lacs. C'est un endroit unique au monde. Je suis tombée en amour avec la Sierra Nevada!
P.S. J’ai oublié de mentionner que nous n’avons pas rencontré un seul ours sur la JMT ni même vu la moindre trace d’🐻 mais on a croisé à 2 occasions des gens qui disaient en avoir vu.