Après 600 km vers l'est en longeant d'abord la Colorado river sur la Route 128 avec une très jolie vue, puis en passant par l'Interstate #70, nous rejoignons l'état du Colorado jusqu'au parc national de Rocky Mountain. Il s'agit d'un changement radical de décor mais aussi de température. C'est comme si on venait de passer de l'été à l'automne en seulement 2 jours.
Fini les paysages semi-désertiques et les roches rouges. Ce sont maintenant les forêts de conifères et les montagnes rocheuses grises qui dominent.
Nous arrivons dans le parc par la Route #34 sous la pluie. Après un bref arrêt au Alpine Visitor Center ou la fraîcheur de la température nous saisit, on continue sur la Trail Ridge Road jusqu'à Estes Park, qui serait la plus haute route pavée continue en Amérique du Nord. 77 km avec 3,713 m comme point le plus haut, juste avant le Iceberg Pass. Il y a plusieurs points d'observation sur cette route panoramique mais quel dommage pour nous car la pluie et le froid gachent un peu l'expérience. On ne se plaindra pas trop car c'est la première fois que cela nous arrive depuis le début de notre road trip. Et heureusement, le ciel commence à se dégager, ce qui nous permet quand même d'admirer les paysages de toundra et de hautes montagnes qui nous entourent.
La chance nous sourit. Nous croisons en fin de journée un wapiti qui broute sur le bas-côté de la route. Ce sera le premier mais non le dernier de nombreux animaux sauvages que nous allons observer dans ce parc.
Les montagnes rocheuses sont la plus longue chaîne de montagnes d’Amérique du Nord. Elles s’étendent sur 4 800 kilomètres en ligne droite de l’ouest du Canada proche du Yukon/Alaska jusqu'au Nouveau-Mexique, dans le sud-ouest des États-Unis.
Le sentier de longue randonnée de Continental Divide (5 000 km du Mexique au Canada) passe à travers le parc de Rocky Mountain.
Pour les 2 prochains jours nous avons réussi à obtenir des droits d'accès (2 US$ par jour) à la section de Bear Lake. Le seul hic, c'est entre 5h30 et 6 h du matin qu'on doit se présenter à la barrière. Autant dire que la nuit sera courte pour notre première randonnée dans le parc. On déjeune dans le stationnement en attendant que le jour se lève.
On est chanceux car le beau temps est revenu. On va marcher environ 10 km. On passe d'abord devant Bear Lake. Les 1ers kms sont plutôt plats. Puis, le sentier commence à monter progressivement jusqu'à ce qu'on arrive au Lac Helene qui offre une très belle vue sur les montagnes qui l'entourent (Notchtop avec une altitude de 3 697 m, Little Matterhorn et Flattop). On voulait aussi aller voir Two Rivers Lake mais on n'a pas trouvé le sentier pour s'y rendre.
Par contre, on croise un couple de jeunes Israéliens qui viennent de faire du backcountry camping et qui nous suggère de faire un petit détour qui grimpe afin d'avoir le plus beau point de vue de la trail. Effectivement, on aura une vue magnifique sur les 3 lacs.
On continue sur le sentier avec beaucoup de petites roches jusqu'au prochain lac: Odessa.
Alors qu'on longe un joli cours d'eau, on assiste à un drôle de spectacle. Il y a un petit oiseau qui semble se prendre pour un canard. Au début, je le vois flotter sur l'eau mais en fait il se laisse glisser sur l'eau et sur les roches en suivant le courant. De temps en temps il s'ébroue, puis il repart. On dirait vraiment qu'il est en train de s'amuser à faire des glissades dans l'eau. On marche à côté de lui pendant plusieurs minutes. Je suis tellement fascinée par ce spectacle que je n'ai même pas pensé à sortir ma caméra pour le filmer.
Finalement, on n'ira pas jusqu'à Fern Lake car on arrive dans un secteur moins intéressant qui a été la proie de feux de forêt en 2020, alors on fera demi-tour.
Le moment fort de la randonnée c'est quand on arrive au niveau d'un petit groupe de randonneurs. Ils nous signalent qu'on vient tout juste de passer à côté d'un orignal. Il était sur notre droite mais un peu plus haut. Et dire qu'on ne l'avait ni vu ni entendu. Il s'agit d'un jeune mâle qui ne se laisse pas perturber par notre présence. On va avoir la chance d'observer cet être majestueux en train de manger pendant de longues minutes. Quel bonheur! C'est notre 3e orignal du voyage (les 2 autres étaient dans le parc de Grand Teton).
À l’origine, les orignaux étaient des visiteurs de passage extrêmement rares dans cette région. L’orignal a été introduit par l’État du Colorado en 1978-79 à l’extérieur du parc, et depuis les populations ont augmenté rapidement. Leur nombre actuel est inconnu mais selon une étude sur 65% du parc (donc sous-estimation de la population à l’échelle du parc), en 2019-2020 on estime qu'ils étaient 149 (2019) et 143 (2020).
Une des attractions du parc, ce sont les glaciers. Aujourd’hui, il y a huit petits glaciers « nommés » et environ 22 plaques de neige et de glace pérennes dans le parc et bien entendu ils sont menacés à cause du réchauffement climatique. à
Pour notre 2e journée, on hésite entre une randonnée jusqu'au glacier Andrews ou jusqu'à Sky Pond. Après discussion avec un ranger, on décide de se rendre jusqu'à Sky Pond, une randonnée de 15,8 km aller/retour.
Pour cette magnifique randonnée, on va monter environ 500 m de dénivelé. On passet d'abord devant la Alberta Falls.
Les paysages sont variés. Après le très beau lac Loch situé à 3 150 m d'altitude, on arrive à la chute de Timberline, haute d'environ 30 m. À partir de là, le sentier grimpe assez raide. On passe juste à côté de la chute avec un petit passage un peu délicat.
Ensuite, dans la dernière partie, on est récompensé par un paysage magnifique. Les couleurs commencent à changer avec l'automne. Il y a des touches d'oranger. C'est la partie que j'ai trouvée la plus belle du parc, surtout avec ce ciel azur en toile de fond. On arrive au Lake of Glass, puis quelques centaines de mètres plus loin à Pond Lake.
Quand on arrive au bout de la randonnée, à Sky Pond, c'est encore plus beau. On est à une altitude de 3 322 m. La montagne directement de l’autre côté du lac est le Taylor Peak (4009 m), et vers le sud se trouve le Powell Peak (4025 m). Sur la droite se trouvent les flèches de granit de The Sharkstooth.
Les wapitis étaient autrefois abondants dans la région du parc national des Rocheuses mais ils ont été chassé si intensivement qu'en 1890, il ne restait que peu de wapitis, voire aucun. En 1913-14, ilsonta réintroduit 49 wapitis en provenance du parc national de Yellowstone. À peu près à la même époque, ils ont commencé à éliminer les prédateurs, notamment le loup gris et le grizzli. Du coup, la population a atteint un nombre record à la fin des années 1990, ce qui a entraîné une détérioration de la végétation et d’autres espèces fauniques. De nos jours, le plan est de maintenir une population de 600 à 800 wapitis dans les vallées de basse altitude du parc pendant l’hiver.
Les wapitis broutent principalement des graminées et des plantes herbacées ainsi que des arbustes. Ils mangent en moyenne 20 livres de végétation par jour. Ils ont une durée de vie de 10 à 13 ans à l’état sauvage. Seuls les mâles ont des bois, qui poussent au printemps et tombent chaque hiver. Les bois peuvent pousser jusqu’à un pouce par jour.
La saison de reproduction est l'automne. À ce moment là, les wapitis descendent des hautes terres vers les prairies montagneuses pour la saison de reproduction annuelle. C'est pour cela que nous avons eu la chance d'observer plusieurs troupeaux de wapitis dans le parc durant notre séjour. On a même du attendre à un endroit que le troupeau au complet traverse la route devant nous à la queue leu-leu.
Le parc national de Rocky Mountain est notre dernier parc en territoire américain de ce road trip. On a vraiment terminé en beauté. Ce que j'ai le plus aimé de ce parc c'est la rencontre avec des wapitis, un orignal, des cerfs mûlets et d'un oiseau qui faisait des glissades dans l'eau. On a même aperçu un ours mais de très, très loin.