22 juin 2006
Cela se corse en cette troisième journée. Jusque là c’était de la rigolade ou plutôt juste un réchauffement. Tout d’abord, je traverse un petit pont suspendu et
c’est à partir de ce point que l’ascension commence. Cela va grimper ainsi pendant les 5 heures de marche qu’il me faudra pour me rendre jusqu’au campement de Chumik Nakpo, à déjà 4500 mètres d’altitude. Une partie du sentier demande toute ma concentration car large d’à peine 20 centimètres et à flanc de
montagne. Un coup d’œil vers le bas me rappelle que je ne dois absolument pas faire de faux pas et glisser car je ne sais pas jusqu’ou je déboulerais. Je suis impressionnée et préfère me
concentrer sur chaque pas et le sentier en avant de moi. Je suis surprise que les chevaux arrivent à passer par là tellement c’est étroit, mais bon, ils ont l’habitude et ne se posent pas toutes
ces questions comme moi. C’est un sentier plein de petites roches et qui monte de façon régulière.
Le paysage est de plus en plus beau.
Il n’y a aucun arbre à cette altitude, juste les montagnes grises et la neige sur les cimes. Au sol, un peu d’herbe pousse encore. C’est un paysage aride et presque lunaire, saisissant avec le
bleu du ciel en fond de toile.
Je prends mon temps car je sens que j’ai un peu de difficulté à reprendre mon souffle et que je manque d’énergie. Par contre les moines bouddhistes qui font le trajet avec nous et qui ont la soixantaine avancée ont l’air en pleine forme et infatigables. Ils me dépassent à mi-chemin et m’accueillent au camp avec leur sourire et un excellent gruau version Zanskar, soit un mélange de chaï sucré, de fromage de yak et de tsampa (farine grillée), rien de mieux que cette bouillie très énergisante pour me remettre en forme.
Je n’ai pas rencontré un seul trekkeur en chemin et nous sommes encore les seuls
au campement avec les Espagnols et le Néo-Zélandais, ce qui n’est pas pour me déplaire car cela me donne l’illusion que la montagne est juste pour moi. Je me sens privilégiée de marcher dans ce
sentier dans une contrée si reculée. Nous n’avons même pas traversé un seul village de la journée.