Partie seule vers 8h, je me suis un peu égarée et grâce à un berger qui m’a indiqué le chemin avec des gestes, j’ai rejoint la route en construction sur laquelle j’ai marché jusqu’à Padum. Il s’agit d’une marche facile car c’est presque plat. Par contre la distance à parcourir d’environ 20 kms est relativement longue. Mais le trajet n’est pas monotone car on passe d’abord par un village. J’y ai rencontré un français qui enseignait là et je lui ai demandé s’il était possible de visiter le monastère de Muney. Un moine m’a accompagné et m’a ouvert les portes de la salle de prières de ce petit mais très intéressant monastère. À l’intérieur, j’ai pu admirer de belles peintures murales et une statue de bouddha assis à l’occidentale.
À une courte distance, après m’être enregistrée au check-point pour les touristes étrangers situé sous une tente, je suis allée visiter cette fois un monastère plus imposant et austère de l’extérieur, celui de Bardan. Perché sur un socle rocheux, il date du 17e siècle et appartient à l’ordre monastique Dugpa-Kargyud dans lequel résident parait-il une quarantaine de lamas mais je n’ai pas eu cette impression. L’endroit m’a semblé plutôt sans vie. Dans la cour qui mène à la salle de prière, se trouve un grand moulin à prière de 1.8 m de haut. La porte et l’entrée sont joliment décorées avec toujours ces couleurs chaudes et peintures murales. Par contre, l’intérieur est en moins bon état que le monastère de Muney.
Il me faudra encore marcher environ 12 kms avant de rejoindre Padum, la capitale de l’ancien royaume du Zanskar. J’ai eu un choc en arrivant
car après 10 jours passé dans la nature sauvage avec comme seul signe de modernité, les panneaux solaires installés sur les toitures, j’entends les 1ers bruits de moteurs d’un autobus et d’une
poignée de jeeps. En effet, Padum est relié par la route jusqu’à Kargil depuis 1980. Je me demande si les autres trekkeurs ont l’air aussi ahuri que moi en marchant dans la rue poussiéreuse de la
ville, avec son marché et l’animation qui en découle, une pancarte de café internet à 3 roupies la minute et de téléphone, quelques restaurants et
hôtels pour touristes. J’en visite plusieurs et vraiment il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer mais je finis par m’installer au Ibex Hotel
avec un bâtiment dont les chambres donnent toutes sur une agréable cour intérieure. Comme par hasard, c’est ici que je retrouve le couple d’Espagnols et le Néo-Zélandais. Pour 250 R, je me
réjouis à l’idée de dormir dans un lit et de profiter d’une vraie salle de bain avec toilette. Je m’empresse de commander ma bassine d’eau chaude pour prendre une douche à l’indienne,
c’est-à-dire en m’aspergeant avec un récipient. Des gestes ordinaires comme de se regarder dans un miroir, prennent une toute autre importance quand cela fait 12 jours qu’on ne s’est pas
vu.
C’est la première fois que je vois tant de musulmans en Inde car ils représentent près de la moitié de la population, l’autre moitié étant bouddhiste bien entendu, et sont installés à Padum depuis le 19e siècle. Mais la cohabitation n’a pas l’air très bonne. Il y des tensions à cause d’une dispute au sujet de la construction d’une mosquée ou d’un temple bouddhiste.
J’ai fait un excellent repas au restaurant contrairement aux Espagnols qui se réjouissaient à l’idée de manger de la viande mais impossible de trouver un seul plat de viande dans tout Padum. Par contre, la nuit qui pourtant s’annonçait confortable avec tout ce confort, a été décevante à cause des chiens errants qui n’ont pas arrêté d’aboyer.
Le lendemain matin, Ashu me rejoint pour déjeuner et nous faisons le plein de provisions pour la 2e partie de notre trek. Le choix en produits frais est très limité : beurre, quelques légumes, bananes et mangues rabougries…