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  • : Réjanne globetrotteuse
  • : Venez découvrir ma passion et la réalisation de mes rêves: voyager un an en Asie ainsi que mes autres découvertes, telles que trekking et pèlerinage. Parcours, carnets de route, impressions, photos, conseils...
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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 17:07

Aujourd'hui j'ai du gagner beaucoup d'indulgences! Pour ceux qui comme moi n'ont pas été élevés dans un milieu religieux pratiquant, vous vous demandez peut-être de quoi je parle. J'ai découvert ce qu'étaient les indulgences dans la religion catholique en discutant avec mes compagnons. Voici la définition du dictionnaire: ''remise totale ou partielle des peines temporelles dues pour les pêchés déjà pardonnés''. En fait, si j'ai bien compris, ce sont un peu comme des Air Miles pour aller au paradis.

 

Hier ce n'était rien, juste une introduction, par rapport à ce qui nous attendait pour cette 6e journée. Je ne pense pas me tromper en disant que sur les 12 jours de marche ce fût notre journée la plus difficile, sauf peut-être pour Madeleine et Diane Oeil de faucon. Vous saurez pourquoi un peu plus tard. La chaleur était accablante: 41 degrés avec l'effet de l'humidité qui devait être à 100%, pas d'ombre, pas un brin de vent, voilà un peu le topo pour la journée.

Mais pour commencer, j'ai passé la pire nuit: Denis et Hélène avaient des matelas gonflables qui grinçaient à chaque mouvement. Les bouchons ne faisaient que légèrement assourdir ces bruits et je ne compte même pas le nombre de fois que je me suis réveillée!

 

Il fait à peine frais quand on met le nez dehors et qu'on se dirige vers la Belle Bedaine pour le petit déjeuner. En attendant que le restaurant ouvre à 6 h, nous lisons notre horoscope de la journée dans le journal déposé devant la porte.

 

2012 Trek P06day03À 6h30, j'ai fini mes oeufs brouillés, toasts et thé et j'ai bu un grand verre d'eau pour être bien hydratée. On marche 2,3 km sur la 148 avant de bifurquer sur un chemin plus tranquille. Ce n'est pas long que je transpire déjà. Mon chandail est trempé et des gouttes de sueur perlent sur mon front. Cela ne me dérange pas car j'ai appris grâce au Bikram yoga à supporter la transpiration et même à l'apprécier. Malgré tout ces 5 premiers km jusqu'au traversier de Fassett se passent bien car la chaleur est encore tout à fait supportable.

  C'est notre deuxième traversier et nous allons rejoindre la rive ontarienne. J'aime bien me retrouver proche de l'eau et cela nous fait une petite halte. Nous allons maintenant longer la rive sur environ 5 km mais on est quand même séparé de celle-ci par des habitations tout le long.

Une des grandes différence par rapport à la rive Québécoise, mis à part les boîtes aux lettres qui sont beaucoup moins intéressantes, c'est que de ce côté-ci on voit des panneaux solaires un peu partout. Au Québec, la source principale d'électricité provient des barrages hydroélectriques. Ici c'est plus diversifié.

Nous sommes dans la commune d'Alfred-Plantagenais et nous marchons sur le bord de la route principale. Le peloton commence à se désagréger: un premier détachement des 2 jack rabbits, suivi de Denis, puis de moi en solo et en queue de peloton on retrouve Madeleine et Oeil de faucon. Je finis par me retrouver seule sur cette route un peu monotone mais il y a quand même quelques maisons à l'architecture intéressante.

 

Avec toute la quantité d'eau que je bois, j'ai souvent envie d'uriner. Maintenant je ne me casse plus la tête: je ne vais pas plus loin que dans les broussailles sur le bas côté de la route. Je fais une première pause à 8h25, le long de la route à l'ombre d'un des rares arbres qui semblent pousser par ici! Alors que j'ai fini ma bouteille d'eau, je demande à  un résident qui sort ses poubelles si je peux la remplir. Il a l'air habitué à voir des pèlerins et nous parlons un peu. Je retrouve Madeleine et Diane sur le chemin. Elles s'arrêtent à une maison qui vend du miel. En fait, elles sont plus intéressées par ses toilettes que par son miel!

Je continue ma route seule et fais encore plusieurs haltes car je ne veux pas me surmener avec cette canicule. À chaque fois, j'en profite pour me déchausser car j'ai vraiment chaud aux pieds et je transpire beaucoup. Je suis sur Bay Road et je quitte maintenant la rive pour marcher plus dans les terres. Alors que je prends une photo du seul arbre à l'horizon et que je trouve très beau, je vois une voiture qui s'immobilise devant moi. Un homme débarque et se dirige vers moi. Un bref regard autour de moi me fait réaliser que je suis une route quasi déserte, une ligne droite avec un fossé sur ma gauche. Qu'est-ce que ce type me veut? Durant les quelques secondes qui nous séparent, je me fais un scénario et puis je me dis que si jamais il est mal intentionné, je pourrais toujours lui faire un Deashi Barai ou une autre prise de judo mais que je n'ai pas pratiqué depuis plusieurs années. Enfin il se présente avec un grand sourire et en me tendant la main. Il s'agit d'André Tessier, notre hôte pour notre seule et unique halte de la journée. Il s'inquiétait pour nous car à la radio ils annoncent toutes les 15 minutes de limiter les activités extérieures à cause de la chaleur accablante. Il m'informe qu'hier une pèlerine a pris un malaise sur cette route. Il me propose de m'emmener en voiture pour les 6 km qui me séparent encore de sa résidence ou tout au moins d'emporter mon sac.

J'apprécie beaucoup son offre et le fait qu'il se préoccupe ainsi de nous mais je la décline. Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un peu d'eau, qu'il me donne. Bien que je souffre de la chaleur et que je sois fatiguée, il n'est pas question que je fasse le chemin sans mon sac, que ce soit l'orgueil ou la volonté qui me pousse à vouloir continuer jusqu'au bout par moi-même.

Peu de temps après, alors que j'espère rencontrer des tortues, mais la seule que je vois c'est sur ce panneau, M. Tessier passe à nouveau mais dans l'autre sens. Il ralentit et ce sont nulles autres que Madeleine et Oeil de faucon qui me saluent avec un grand sourire de l'intérieur. Elles ont finalement décidé d'embarquer avec lui et il me demande si ça va toujours. Bien sur que ça va! Mais une fois qu'ils sont partis, je réalise qu'il n'y a plus personne derrière moi et mon esprit se met à vagabonder: ''Et si tu as un malaise toi aussi, c'est qui qui va te ramasser dans le fossé?'' Mais je chasse bien vite cette pensée.

 

Il fait un soleil de plomb et toujours pas d'ombre. Et glou, et glou et glou, je bois comme un trou et termine mon 3e litre. Je sue toujours autant et il faut encore que je fasse une pause pipi! Je décide de sonner à une porte pour demander de l'eau. Un charmant monsieur me répond et me donne de l'eau bien fraîche.

À partir de là, je compte les numéros en chantant pour me donner du courage car la Bay Road est immensément longue, jusqu'à ce que j'atteigne la maison de M. Tessier à 11h45. Je suis accueillie par toute la gang. Dans la maison, André Tessier me donne une débarbouillette bien fraîche et je mange mon lunch. Nous repartons vers 13h alors que la chaleur est à son maximum. Je ressens une légère brûlure au talon gauche. C'est un début d'ampoule qui s'annonce.

En arrivant dans le village de l'Orignal je suis surprise par la belle architecture du palais de justice et je passe devant 2 églises avant d'arriver au camping à 14h15, fatiguée mais heureuse de la marche que j'ai accomplie aujourd'hui. Avant de prendre une douche, je vais me baigner dans la rivière des Outaouais. Un vrai délice! Il y a une plage et un coin baignade adjacent au camping.

  2012 Trek P06day18

Ce soir on dors dans la salle communautaire du camping. Elle est équipée d'une cuisinette avec un four et nous avons des matelas et couvertures. Viateur est le responsable qui nous reçoit. Il est vraiment serviable et nous offre de nous emmener en voiture jusqu'à l'épicerie pour qu'on puisse faire nos courses pour le souper.

Ce sera un souper pizza. Denis s'est déjà distingué depuis le début du Chemin en oubliant régulièrement quelque chose à chaque lieu d'hébergement (shorts, lunch...), d'ou l'expression qui est née ''Fais pas ton Denis!''. Cette fois, il a bien failli mettre le feu à sa pizza et peut-être plus, quand il a eu l'idée de mettre sa pizza surgelée avec le carton en-dessous dans le four! Une chance qu'on était une gang de 5 femmes pour superviser la cuisine! 

Alors que certains décident de jouer aux cartes (au 500), épuisée je me couche et m'endors presque aussitôt vers 20h30.

 

Citation  de Jean-Baptiste Landriot qui se trouve dans notre Guide du pèlerin:  

''À côté du courage qui agit, il y a le courage qui accepte.''

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