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  • : Réjanne globetrotteuse
  • : Venez découvrir ma passion et la réalisation de mes rêves: voyager un an en Asie ainsi que mes autres découvertes, telles que trekking et pèlerinage. Parcours, carnets de route, impressions, photos, conseils...
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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 18:46

Jusqu'ici ma connaissance de Rigaud se limitait à une pancarte sur l'autoroute de la première ville du Québec quand je vais à Montréal par la 440. Et bien maintenant je suis beaucoup instruite car j'ai découvert le Sanctuaire de Rigaud, un lieu de pèlerinage assez important au Québec mais surtout j'ai découvert le champ de patates de Rigaud! J'ai écouté 3 versions de la légende du champ de patate dont celle plus épique de Denis et j'avais hâte de voir ce fameux champ.

 

Tout le monde nous avait avisés que cette étape, qui est la plus longue avec 25,8 km, représentait le plus gros défi du Chemin des Outaouais, surtout qu'elle finit par une côte à monter et qu'elle est le point tournant de la randonnée car c'est là que le plus grand nombre d'abandons se produisent. Alors bien sur, je m'étais préparée au pire.

2012 Trek P08day01

Levée comme d’habitude à 5h, je suis la dernière à partir à 6h10. Nous avons eu le temps d’admirer un magnifique lever de soleil sur la rivière des Outaouais et de voir le presbytère à vendre encore plus majestueux sous l’éclairage doré du matin.

2012 Trek P08day02

On a déjeuné au centre avant de partir. J’ai traîné un peu ce matin. Peut-être est-ce à cause de mon talon car j’essaye de mettre un Second Skin et un pansement sur mon ampoule mais il n’y a rien à faire. Cela ne veut pas tenir à cet endroit mal placé et avec le frottement cela finit toujours pas se décoller de la peau et à coller sur l’intérieur de la chaussette.

2012 Trek P08day03

On a 4,4 km à marcher le long de la rivière avant d’atteindre le parc provincial Voyageur. C’est une belle marche à travers le parc. Les moustiques sont au rendez-vous mais ne piquent que moi comme d’habitude. À l’heure qu’il est, il n’y a personne à l’entrée du parc mais les toilettes sont ouvertes. Je ne manquerais pour rien au monde une occasion d’aller visiter des toilettes et de remplir ma bouteille d’eau car on ne sait jamais quand les prochaines se présenteront!

La traversée du parc est d’environ 5 kms et nous avons une chance inouïe car un jeune orignal se tient à quelques mètres de distance et nous avons tout le loisir de l’observer. Peu farouche, il se laisse prendre en photo. Les flashs n’ont pas l’air de l’inquiéter. J’étais déçue l’autre jour de ne pas avoir vu de tortues mais voir un orignal c’est encore plus excitant, surtout que c’est seulement la 2e fois que cela m'arrive depuis que je vis au Québec.

Une autre halte s’impose à l’intérieur du camping en face des douches et je constate que mes pansements au talon ont l’air de tenir le coup pour l’instant. Pourtant je sens quand même toujours un peu le frottement quand je marche.

Avant d’arriver au prochain village de Pointe-Fortune, nous passons à côté du barrage de Carillon. J’ai beaucoup aimé les villages de Chute-à-Blondeau et de Pointe-Fortune car ils ont un certain cachet avec leurs vieilles maisons et la quiétude qui s’y dégage. Denis nous montre la montée Interprovinciale avec le côté droit de la rue qui est en Ontario et le côté gauche au Québec.  Nous venons donc de quitter l’Ontario pour de bon. On fait un petit détour à la sortie du village pour faire une halte au chalet de Denis durant laquelle Diane Jeanne nous fait une démonstration de danse Zumba.

La prochaine halte sera au camping transcanadien au km 18 pour manger notre lunch. Non seulement ils ont un dépanneur casse-croûte mais je découvre en cherchant les toilettes qu’ils ont aussi une roulotte fast-food et je craque pour une poutine! Ce soir ça va être le party. On voit qu’il y a effervescence et que tout le monde se prépare pour célébrer la Saint-Jean, la fête nationale du Québec. Après ma poutine et mon gatorade, je me sens remplie d’énergie pour continuer.

À partir d’ici c’est toujours tout droit m’avait dit Denis. J’ai pris l’habitude de ne lire les indications de mon Guide du pèlerin que lorsqu’on prend une pause (et la plupart du temps j’oublie ce que j’ai lu) ou bien je me fie sur Hélène car elle a toujours son Guide à portée de main. Effectivement après plusieurs km à marcher tout droit nous passons le viaduc par-dessus l’autoroute 40 et arrivons à Rigaud.

Notre dernière halte sera devant l’église Ste-Madeleine qu’on ne pourra pas visiter car elle est fermée. J’ai déjà acheté pour mon souper de ce soir : une pizza à la tomate, dans un dépanneur. Le reste du groupe a préféré entrer dans le dépanneur suivant. Ils tournent en rond, l’air un peu dubitatif, dans ce dépanneur à se demander ce qu’ils pourraient bien acheter car en fait il n’y a pas grand-chose.

Je décide donc de prendre un peu d’avance car j’aime bien marcher un peu moins vite. Il ne reste qu’1,9 km à parcourir et je me dis qu’ils ne tarderont pas à me rattraper. Je continue donc tout droit sur la rue St-Pierre qui monte pas mal. Je croise plusieurs cyclistes qui descendent la pente et cela fait maintenant un bon moment que je marche mais ma gang de marcheurs ne m’a toujours pas rejoint.

Alors que je commence sérieusement à me demander ce qu’ils font, il me semble reconnaître un des cyclistes de tout à l’heure, mais cette fois il remonte la pente et fait demi-tour devant moi. Sans même s’arrêter, il me lance d’un ton peu aimable les paroles suivantes : ‘’Vos amis vous font dire que vous vous êtes trompée. Il faut que vous fassiez demi-tour et que vous tourniez sur Bourget’’. Je n’ai même pas le temps de lui dire merci ni de poser de question qu’il est déjà en train de déballer la pente. Les bras m’en tombent! Comment ce fait-il que je me sois ainsi trompée? Pourtant Denis m’avait bien dit que c’était toujours tout droit! Et je n’ai même pas pensé à vérifier mon Guide! Je n’ai aucune idée de la distance parcourue en trop et je ne comprends pas non plus comment ils ont su/fait pour me prévenir. Au moins maintenant je marche en descendant!

Je n’ai parcouru qu’environ 100 mètres et voilà que cette fois c'est une voiture qui fait demi-tour devant moi. La porte s’ouvre et j’ai la surprise de voir 3 religieuses qui m’invitent à monter dans leur auto. Elles me disent que mes amis les ont envoyées me chercher et qu’elles vont elles aussi au Sanctuaire. Je n’en reviens tout simplement pas et pense qu’ils sont donc arrivés au Sanctuaire et comme ils ne m’ont pas vu ils ont demandé aux religieuses d’aller me chercher. Ma première réaction a été de les remercier et de refuser leur offre car il n’est pas question que j’arrive au Sanctuaire en auto. Je veux marcher jusqu’au Sanctuaire. Je veux marcher chacun des 230 km de mon pèlerinage.

Devant mon obstination, une des religieuses s’impatiente et dit qu’elles n’ont qu’à y aller si je ne veux pas embarquer avec elles, mais celle qui conduit insiste et précise que mes compagnons m’attendent en bas de la côte au croisement de la rue Bourget. Alors là je comprends mieux et j’embarque dans l’auto.

Et dire que pendant tout ce temps, mes compagnons m’observaient tout au loin. C’est d’ailleurs Diane qui avec son œil de faucon m’avait aperçu avant que je ne disparaisse à l’horizon. Ils ont arrêté le cycliste peu aimable pour lui demander si il avait vu une marcheuse comme eux et comme la réponse était oui, s’il pouvait aller me prévenir. Celui-ci avait rétorqué ‘’Ben, c’est que c’est loin!’’ Raison de plus pour aller me prévenir! Les religieuses, elles, ont accepté sans hésitation d’aller me chercher.

La morale de l’histoire c’est d’éviter de demander un renseignement ou un service à un cycliste du genre qui roule sur un vélo de course et porte la tenue complète short et maillot ajustés en spandex et chaussures qu’on clippe car cette catégorie de gens n'aiment pas être dérangés dans leur pratique sportive. On avait déjà eu une mauvaise expérience avec un gars du même genre lors de nos marches d’entraînement avec Diane.

C’est avec joie que j’ai retrouvé ma gang et nous avons terminé la marche tous ensemble à 15h10. La dernière montée était bien plus facile que je l’avais imaginée. Donc, non seulement il s’agissait de la plus longue journée de marche mais j’ai même réussi à la rallonger d’au moins 1 km (27 km pour moi) et cela aurait été bien plus si les sœurs envoyées par mes compagnons n’étaient pas venues à mon secours. D’ailleurs, ici c’est par le père Bonsecours que nous sommes accueillis. Nous allons dormir dans le sous-sol du magasin de souvenirs. La rangée de lits avec une collection de statuettes de la Vierge Marie sur l’étagère me fait penser à un dortoir de pensionnat. Nous avons eu une très bonne discussion avec le père Bonsecours âgé de 77 ans mais très dynamique et rempli d’humour.

Nous avons assisté à la messe en pleine air dans un très beau décor de verdure et avec les chants des sœurs Joly de Joliette. Il s’agissait d’une messe spéciale en l’honneur de Saint-Jean Baptiste, le patron des Québécois, en cette veille de fête nationale que nous ne fêterons pas.

La routine habituelle s’est mise en branle : après la douche, le lavage du linge, le souper dehors sur les tables de pique-nique et le bain de pieds au gros sel, mais cette fois avec massage de pieds par vibration électrique. Génial!

Nous avons fini la soirée en montant à l’ancienne chapelle avec vue sur les environs de Rigaud et jusqu’au fameux champ de patates!

La légende veut qu’autrefois, un paysan cultivait un champ de patates à cet endroit, mais qu’il a labouré son champ un dimanche. Ses patates ont très bien poussées mais il aurait été puni pour avoir travaillé un dimanche et ses patates se seraient transformées en roches. C’est pourquoi, aujourd’hui on retrouve ce champ de roches dont beaucoup ont l’apparence (forme, texture et couleur), à s’y méprendre, de patates.

Je ne pourrai pas vous rapporter la version de Denis de cette légende car elle serait beaucoup trop longue à raconter et il faudrait plutôt l’écouter car il a vraiment un talent de narrateur mais elle parle non seulement du paysan mais aussi du diable...

Encore une belle journée de passée! Et si ce n’était de mon pied et de cette ampoule qui me gêne, je me sens en pleine forme. Je passe mon pied sous l’eau du Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes, qui sait, si un miracle pouvait la faire disparaître!

La citation du jour est plutôt une devise, celle qu'on retrouve sur la très belle enseigne du village de Pointe-Fortune : ''La fortune aime les audacieux''.

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