17 novembre 2012
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Onze ans se sont écoulés depuis ma dernière visite à New-York. En fait c’était quelques mois avant les évènements du 11 septembre 2001. La première fois que j’ai mis les pieds en sol
nord-américain, c’était aussi à NY en 1993, avant même de découvrir le Canada. J’y suis retournée 2 fois en 1995, puis en 1996, 2001 et enfin 11 ans plus tard, la semaine dernière. On dirait que
le laps de temps entre mes visites s’étire. Pourtant ce n’est pas que la fascination que cette mégalopole exerce sur moi se soit moindrement dissipée.
Je suis toujours autant attirée
par NY mais je n’ai tout simplement pas vu le temps passer, jusqu’à ce matin d’automne ou je me suis levée en me disant : l’année 2012 avance et je n’ai aucun voyage à l’étranger de prévu
cette année. Avec le grand week-end du 11 novembre, période plate de l’année, pourquoi ne pas m’offrir un long week-end à l’extérieur ? Et c’est NY qui s’est présenté à mon esprit mais aussi
à mon portefeuille car Air Canada offrait des tarifs spéciaux. Une fois au bureau, à 7h30 mon billet d’avion était acheté. Diane, qui ne s’était pas levée en se disant qu’elle irait à NY a
accepté de se joindre à moi. Et voilà, un survol de ce super week-end à la découverte de la grosse pomme.
Après avoir surmonté quelques stresses : l’incertitude causée par la tempête Sandy qui a fait ses ravages aussi à NY quelques jours avant notre arrivée, suivie d’une autre tempête de neige,
cette fois 2 jours avant notre départ, et qui a entraîné l’annulation de tous les vols sur NY ce jour-là, avec l’annonce du retour au beau temps et des prévisions de 18 degrés, tout semblait bien
s’annoncer pour notre venue. Mais il a quand même fallu vivre un autre stress de dernière minute qui a failli me faire rater mon avion ! Premièrement, j’ai été très surprise
d’avoir à faire affaire avec une agente d’immigration américaine sur le sol canadien de la capitale nationale, à l’aéroport d’Ottawa ! Est-ce que le Canada est devenu un état annexé des
Etats-Unis ? Et quand j’ai vu la face de l’agente et les questions qu’elle me posait, j’ai compris que cela allait se compliquer. Elle a pris mon passeport et j’ai du attendre plus
d’une heure pour rencontrer un agent d’immigration. Finalement quand j’ai discuté avec l’agent, qu’il a tamponné mon passeport, il ne me restait plus qu’à prier que l’avion soit retardé et
courir… Diane m’attendait en bas de l’escalier. L’embarquement était commencé… J’avais du boire toute ma bouteille avant de passer la sécurité pour ne pas qu’on me la confisque. Et bien sur il
n’y avait pas de toilettes à l’immigration. Bref, j’ai du attendre jusqu’à ce que la lumière « Attachez vos ceintures » s’éteigne avant de pouvoir enfin me soulager et commencer à
déstresser !
Il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour faire l’expérience du choc des cultures. Dès qu’on met les pieds en sol américain (dans mon cas avant cela même !), on se rend compte des
différences. D’où l’importance de bien observer et aussi de s’adapter. En tant que voyageuse aguerrie, cela ne me pose aucun problème car c’est en grande partie pour cela que j’aime voyager, pour
découvrir et m’imprégner d’autres cultures. Mais quand il s’agit de notre voisin du sud, j’avais oublié à quel point on pouvait aussi se trouver confronté à certains défis. Tel qu’expliqué plus
haut, le premier est celui de la sécurité. Au retour, à l’aéroport de Laguardia, on devait tous passer à travers un scan corporel complet. C’est comme si on se mettait à nu devant ces officiers.
Même si on se sent impuissant et un peu démuni, on a aucun mot à dire. On doit suivre les règles américaines !
Autre exemple qu’il ne faut pas rigoler avec les lois américaines : alors qu’on s’installe à nos places au 4e rang du théatre de Broadway Helen Haynes pour le spectacle Rock of
Ages, Diane me dit que ce serait sympa d’avoir une photo du théatre et surtout du décor. En toute innocence alors que je sors mon appareil photo pour immortaliser l’endroit dans une salle encore
presque vide puisque le show ne doit commencer que dans une vingtaine de minutes, j’entends un américain qui dit tout haut à sa blonde qu’il trouve drôle que je sorte ma caméra alors que
l’ouvreuse venait de me dire qu’il était interdit de filmer et de prendre des photos. Diane et moi on avait interprété cela comme une interdiction durant le show seulement ! Alors que je me
tourne pour demander au gars s’il pense que c’est interdit même avant le show, il me répond que ce n’est pas de ses affaires, que c’est ma responsabilité, à mes propres risques. Et effectivement,
quand je demande à nouveau à l’ouvreuse, elle me confirme que c’est interdit en tout temps ! À l’entracte, quelle ne fût pas ma surprise de lire un encadré en allant aux toilettes (aucune
photo à l’appui car j’en ai été traumatisée) : NY By-Law : 6 mois de prison ou $5000 d’amende pour prendre photos ou filmer un show de Broadway! On ne rigole vraiment pas avec la
justice aux Etats-Unis : de bonne citoyenne et simple touriste j’ai failli me transformer en délinquante !
Mais ça c’est le côté moins plaisant des USA, surtout quand on a des origines latines et qu’on est habitué à suivre ses propres règles, pas celles hyper rigides imposées par une gang de
bureaucrates ! Pour ce qui est du show Rock of Ages, j’ai adoré ! C’était Broadway, tel qu’on l’imagine : le décor très original, un théâtre à taille humaine ambiance presque
intimiste, les chansons rocks des années 80 géniales, la mise en scène super, les artistes tous aussi bons les uns que les autres. Ils venaient même parmi les spectateurs. Beaucoup d’humour aussi
mais certainement pas un show pour emmener ses enfants (il y en avait 2 pas loin de nous) car trop de connotations à caractère sexuel! Il y a même une femme, 2 rangs en avant, qui a reçu une
petite culotte lancée par un des artistes ! Et cela s’est terminé sous une pluie de confettis.
Nous avons terminé la soirée à déambuler sur Time Square, parmi la foule de touristes et les amuseurs de rue qui sont prêts à poser pour la photo en échange de quelques dollars. Il y avait même
l’American cow-boy en bobettes, moins bien que celui que Diane avait vu au printemps dernier, mais elle n’a pas voulu que je l’immortalise avec lui, même pour mon blog ! C’est donc à minuit,
le dernier soir, que j’ai fait mon seul et unique shopping de New York car notre visite n’était pas sous le thème du magasinage mais plutôt de la découverte à pieds des quartiers de Manhattan.
Nous avons marché, beaucoup marché, énormément marché ! C’est vrai qu’on a de la pratique avec le pèlerinage mais à NY c’est un autre style de marche, qui est dure sur les pieds et les
jambes mais c’est la meilleure façon de découvrir une telle ville, de s’en imprégner, et de voir à quel point les choses sont différentes. Cela nous permet aussi de communiquer avec des gens car
bien sur, il y a toujours des moments ou se perd un peu.
On est forcé de constater que NY
c’est gigantesque et alors qu’on pense que les New Yorkais connaissent leur ville comme leur poche, il n’en est rien ! En demandant notre chemin à plusieurs reprises, nous nous sommes frappé
à un mur. New York c’est aussi une foule de microcosmes, beaucoup ne connaissent que leur environnement immédiat et parfois même pas, comme ce vendeur de hot dog & bretzel au coin d’une rue
qui n’avait aucune espèce d’idée d’où se trouvait la station de métro la plus proche, ou cette autre vendeuse de rue qui ne savait pas si la station de métro du coin desservait la ligne 1.
C’est vrai qu’on a beaucoup marché mais on aussi fait grand usage du métro ou Subway. Il ne doit pas avoir changé depuis son origine et j’adore la décoration un peu vieillotte et surtout
les dessins et inscriptions en mosaïque dans chaque station.
Après 2 jours, on a appris à lire
la carte du métro. On a réussi à comprendre qu’il y a la direction Uptown et Downtown ; que plusieurs lignes pouvaient passer/s’arrêter sur la même voie ; que parfois on devrait
traverser la rue et prendre une autre entrée pour accéder à la tram en direction opposée car les 2 côtés ne communiquent pas de l’intérieur ; que certains trains sont des express et ne
s’arrêtent pas à toutes les stations et on a failli se retrouver dans le Bronx à cause de cela… Bref, pas si compliqué que cela, sauf peut-être à comprendre les annonces que les conducteurs
baragouinent dans leur micro entre 2 stations.
Et surtout, on a compris comment poser une question à un employé du métro pour qu’il comprenne et puisse nous informer : ne pas demander quelle ligne prendre pour aller en direction de
Brooklyn, mais préciser le nom exact de la station de métro ou on veut se rendre ! Parfois on était les seules personnes de race blanche dans le wagon et on s’est toujours senti très à
l’aise à toute heure du jour ou du soir. Des gens charmants nous accostaient pour nous demander si on avait besoin d’aide quand on avait l’air un peu perdu et ils se faisaient un plaisir de nous
guider. Pour $2,25 peu importe la destination, on en a vraiment pour son argent.
La visite du quartier de Harlem a été un moment fort. Diane avait contacté l’association Big Apple Greeter qui propose des guides bénévoles, des
habitants de NY qui font visiter un quartier de leur ville pour le plaisir. Grâce à Cynthia, une Jamaïquaine d’origine, qui est aussi guide
touristique de profession, nous avons découvert le quartier de Harlem à pied.
J’ai adoré ce quartier populaire noir américain rempli d’histoire. La religion y tient une grande place avec des églises évangélistes un peu partout. Comme c’était dimanche, on a pu admirer ces
femmes avec leur belle parure et chapeau. La vie sociale / communautaire de beaucoup de résidents semble tourner autour de l’église.
Il y a une très belle architecture dans Harlem avec de nombreux édifices de seulement quelques étages qui ont été construits par la communauté juive. Longtemps un quartier peu fréquentable,
Harlem est maintenant en plein développement et très vivant. J’ai adoré les grandes avenues avec ses terrasses comme Malcom X St, mais aussi la 125e qui est l’artère principale de
Harlem avec son célèbre théâtre Apollo et ses nombreuses œuvres graffiti sur les devantures de magasins, ainsi que l’immense fresque murale en verre du Harlem Hospital Center.
Le clou de notre visite à Harlem
a été le concert jazz dans l’appartement de Marjorie Eliot. Elle joue du piano, son fils aussi et il chante ainsi que d’autres musiciens tous les dimanches après-midi dans son modeste
appartement. Il y avait des chaises partout et beaucoup de monde. Je me suis sentie privilégiée de pouvoir être là dans l’intimité du salon de cette dame sans âge tellement charmante qui
généreusement ouvre son chez elle à tous les visiteurs : gens du quartier et touristes pour un moment magique depuis une vingtaine d’années.
Durant notre séjour, nous avons pu admirer les gratte-ciels de Manhattan sous plusieurs angles : la nuit de Top of the Rock, $25 pour monter les 67 étages du Rockfeller Center en ascenseur,
les 2 derniers étages se font à pied. La vue était superbe surtout avec l’Empire State Building droit devant nous.
On a aussi admiré les gratte-ciels de Manhattan à partir de Brooklyn avec la lumière du matin. C’était magnifique et nous avons pu continuer à profiter de cette vue lors de notre marche sur le
pont de Brooklyn et admirer aussi l’architecture de ce splendide pont suspendu. C’est la 3e fois que je le traverse et je ne m’en lasse pas.
Enfin on a admiré les édifices d’en-bas en levant la tête lors de nos ballades dans tous les quartiers. C’est parfois difficile de s’y retrouver avec toutes ces tours. Il y a les plus
reconnaissables car plus connues : Empire State Building, Rockfeller center et puis il y a toutes les autres dont on ne retient pas toujours les noms mais qui ont chacune leur caractère. Il nous
aurait fallu un GPS…
Et puis il y a les petites
dernières, comme la Freedom Tower qui n’est pas encore achevée mais qui sera bientôt la plus haute tour de NY et la visite du Ground Zero, un moment touchant. J’ai peine à croire que c’est ici
même que la tragédie s’est passée. Ils ont fait un mémorial sobre et magnifique avec des chutes d’eau gigantesques qui tombent dans un trou à l’emplacement des Twin Towers. On ne s’attardera pas
trop à la lecture des noms des disparus gravés dans la pierre tout autour car l’émotion devient trop forte.
Un autre quartier que j’ai découvert avec plaisir c’est celui de Greenwich, très riche en histoire avec le Washington Square très animé. L’architecture est tellement intéressante. Chaque secteur
de Manhattan recèle de trésor architectural. On a découvert des ruelles ou d’anciennes écuries ont été transformées en superbe maisonnettes. Les escaliers de secours en métal me fascinent. Les
entrées des résidences sont aussi très intéressantes. On a trouvé rigolo qu’il existe des ½ dans les numéros de porte et même de certaines rues !
Enfin les parcs débordent de vie et on peut aussi bien y rencontrer des joggeurs, des patineurs artistiques, des pianistes, des joueurs d’échec, des promeneurs de 4 ou 5 chiens que de simples
touristes comme nous. On a d’ailleurs terminé notre séjour à NY par 2 heures de ballade à travers Central Park, magnifique à la lueur matinale d'une journée d'automne.
Notre visite de NY n’aurait pas
été complète sans une visite culturelle. Le vendredi soir étant gratuit, nous en avons profité pour aller visiter MoMA. C’était la 2e fois pour moi mais j’ai aussi adoré. Il faut dire
qu’il y avait quand même foule et qu’on a du faire la file d’attente pour rentrer dans la salle principale du 5e étage ou les tableaux des plus grands maîtres sont exposés. Mais c’est
avec surprise que j’ai constaté que ce n’était non pas autour des tableaux de Picasso, de van Gogh ou de Matisse que les gens se bousculaient mais plutôt autour d’un tableau d’un peintre qui
m’était totalement inconnu et qui n’était même pas inscrit dans mon guide : Edvard Munch. Il semblait donc que j’étais la seule à ne pas connaître et à ne pas apprécier spécialement le
tableau en question intitulé « Scream ».
Depuis, j’ai fait mes devoirs et c’est avec surprise que j’ai appris qu’il était mondialement connu et appartenait à un collectionneur privé anonyme acheté aux enchères au printemps dernier pour
$120M. Il est au MoMA pour 6 mois seulement. Ce doit être pour cela que tout le monde se précipite pour le voir et le photographier. Pour ma part, mis à part la couleur du ciel orangé que j’ai
bien aimé, ce tableau m’a laissé plutôt indifférente. Je ne comprends absolument pas l’engouement qu’il peut susciter et encore moins les $$$ dépensés pour l’acquérir ! Mais bon, je me sens
maintenant plus instruite !
Il y aurait encore beaucoup à dire et à voir sur NY mais je sais qu’il y aura encore une prochaine fois. Alors j’espère bien ne pas attendre 11 ans avant d’y retourner car c’est une ville trop
fascinante pour la bouder si longtemps.
Published by Globetrotteuse
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