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  • : Réjanne globetrotteuse
  • : Venez découvrir ma passion et la réalisation de mes rêves: voyager un an en Asie ainsi que mes autres découvertes, telles que trekking et pèlerinage. Parcours, carnets de route, impressions, photos, conseils...
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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 19:21

2012 Trek P08day99

Un mois et demi après avoir complété le Chemin des Outaouais, que reste-t'il de cette expérience? J'aimerais conclure le récit de cette Marche sur une note plus personnelle.

 

2012 Trek P04day06Tout d'abord, il y a la découverte de ma région d'adoption et des rives ontarienne et québécoise de la grande rivière des Outaouais, de ses maisons anciennes et modernes, de ses fermes, de ses églises, de ses croix à la croisée des chemins, mais aussi de ses boîtes aux lettres si originales. Je ne regarderai plus jamais les boîtes aux lettres de campagne de la même manière. Pour moi, elles sont devenues le symbole du Chemin.

Le plaisir de marcher a été ma motivation première et la satisfaction d'avoir été jusqu'au bout a été très grande. Il y a donc eu la satisfaction de l'accomplissement d'un défi. J'ai été très surprise et touchée quand j'ai reçu cette semaine une grande enveloppe de l'Oratoire Saint-Joseph avec un certificat de reconnaissance en mon nom. Ce fût un beau cadeau!

2012 Trek P13day03

Avant de partir, je pensais que mes 2 plus grands défis seraient: le port de mon sac à dos et d'être en compagnie des mêmes personnes pendant ces 12 jours. En réalité, mon sac à dos de 8 kilos incluant 1 litre d'eau et des snacks pour la journée n'a jamais été un problème. Chaque soir je pratiquais quelques exercices d'étirement inspirés du yoga et je n'ai resenti des courbatures à une cuisse qu'un seul matin. Physiquement, mon seul défi a été mes pieds, à cause de mes chaussures de randonnée de montagne un peu trop chaudes pour ce type de marche et le plus gros défi de la marche a été d'affronter la chaleur. Marcher sous des températures de 40 degrés avec l'humidex avec si peu d'ombre a été parfois très difficile mais jamais impossible!

Pour ce qui est de la compagnie, cela s'est avéré être un des aspects les plus positifs et les plus marquants de cette expérience. Bien que nous étions très souvent ensemble, ce n'était pas par obligation mais bien par plaisir. Et après avoir terminé la journée de marche à partir de 13h ou 15h, la vie s'organisait et chacun vaquait à ses occupations. Je pouvais aussi passer du temps seule à écrire mon journal ou prendre un bon bain de pieds relaxant au gros sel.

 

Par ailleurs, il y a le cheminement intérieur qui a été au coeur de ce pèlerinage. Cela a été une expérience personnelle très profonde durant laquelle j'étais en contact non seulement avec la nature mais surtout avec moi-même. Spirituellement, ce fût aussi très riche et j'ai appris énormément sur la religion chrétienne. J'ai rencontré des religieux et religieuses incroyables: soeur Evelyne, soeur Hélène, soeur Rollande, le père Bonsecours et soeur Mariette. Les personnes que j'ai rencontrées sur le Chemin ont été au coeur de cette aventure, que ce soit les personnes qui nous recevaient chez elles au cours des haltes comme André Tessier, Reine de la ferme Val-Champs, Diane du Chemin Berndt, Jean-Guy Picard et sa femme ou  Jean-Claude Groleau, ou bien encore les rencontres fortuites comme celle avec le Révérand John Tyrrell à Cumberland, avec William McLachlan au cimetière écossais, et celle avec cette chrétienne syrienne à l'église de Thurso.

Au cours de la 5e journée de marche, alors que je faisais une halte chez Jean-Claude Groleau, j'ai entendu une chanson qui jouait à la radio dans son garage. Il s'agissait de la dernière chanson de Daniel Bélanger ''Je poursuis mon bonheur". Quand je l'ai écoutée, on aurait dit que cette chanson avait été écrite pour moi, ou peut-être pour tous les pèlerins car il s'agit d'une autre chanson sur le bonheur (la chanson thème de notre groupe étant ''C'est comme ça qu'on est heureux''), et surtout qui correspondait au moment que j'étais en train de vivre. Sa mélodie et ses paroles me sont allées droit au coeur. Ils étaient tellement vraiment et correspondaient exactement à mes émotions du moment. C'est une chanson que j'adore. Voici ce qu'elle disait:

''La vie est un court voyage ou je ne crains que mon courage

Jour après jour, je poursuis mon bonheur

Et jamais je ne désespère de trouver sur mon chemin

Quelque chose de malin

Un peu d'amour, un peu de vin

Et quelques jolis lendemains

J'aimerais ne plus jamais trop m'en faire sur l'inutile,...''

Si vous n'avez pas vu le film The Bucket List avec Jack Nicholson et Morgan Freeman, il s'agit de l'histoire de 2 hommes atteints d'un cancer en phase terminale qui se retrouvent à partager la même chambre d'hôpital. Ils partent en voyage pour expérimenter toutes les choses qu'ils voudraient faire avant de mourir et qu'ils avaient écrit sur leur Bucket List. Et bien sur ma Bucket List, il y est inscrit depuis longtemps ''Faire le Chemin de Compostelle''. Le Chemin des Outaouais, c'était une introduction pour voir si j'aimerais cela. Je suis maintenant encore plus enthousiaste et Compostelle est remonté de plusieurs rangs sur ma liste! La seule chose, c'est que j'ai besoin d'un plus long congé, au moins 3 mois, alors je vais attendre encore un peu. Mais j'ai ajouté autre chose sur ma liste: ''Faire une retraite à l'Abbaye des Bénédictines de Deux-Montagnes''. C'est un endroit dans lequel je reviendrai passer plusieurs jours pour prier et méditer avec les Soeurs car cet endroit m'a marqué.

 

Finalement, ce qui fait qu'une expérience est réussie et qu'elle reste gravée dans nos coeurs, ce sont les gens avec qui on la vit. Je ne crois pas au hasard et je pense que les personnes qui m'ont accompagné pour marcher étaient exactement celles avec qui je devais vivre cette expérience. Diane, Hélène, Denis, Madeleine et Diane Jeanne, ont tous été extraordinaires. Nous nous sommes tellement bien entendus et amusés ensemble. Il y a eu de nombreux échanges, discussions, du respect, de l'entraide et des liens d'amitié qui se sont tissés. Merci à tous les cinq. Sans vous, le Chemin n'aurait pas été le même.

 

D'ailleurs, nous n'en sommes pas restés là. Le 28 juillet dernier, nous nous sommes retrouvés chez Madeleine pour échanger sur notre Chemin des Outaouais et pour regarder le montage vidéo que Denis avait préparé. Depuis, Denis est reparti. Il chemine en ce moment même vers Compostelle. Je le suis dans son pèlerinage de 3 mois à travers les courriels qu'il nous envoie.

Pour conclure le chapitre de ce périple, il y a la phrase de Soeur Mariette qui me revient souvent en tête: que notre pèlerinage ne se termine pas là mais qu'il ne fait que commencer. J'aimerais donner une suite à ce pèlerinage et je pense sincèrement qu'il s'agit juste d'une continuité d'un cheminement qui a commencé avant et qui va se poursuivre après. Maintenant il faut laisser le temps au temps et voir ou le Chemin me mènera. J'ai déjà plusieurs idées en tête mais rien de concret encore. A suivre...

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 18:48

Ce matin je suis aux prises avec des émotions contradictoires: la joie et l'excitation d'être sur le point d'atteindre mon but et la tristesse en pensant que l'aventure se termine. Nous ne sommes pas pressés car nous n'avons que 13,6 km à parcourir et ce matin nous avons une belle table qui a été dressée pour notre petit-déjeuner dans la salle ou la vente bazar de l'église aura lieu ainsi que la distribution des paniers pour la banque alimentaire pour lesquelles tous les bénévoles se préparent activement.

De notre part, la seule chose que nous avons à faire c'est de faire cuire nos oeufs, toaster notre pain, nous servir du jus ou café  préparé par les bénévoles et nous asseoir pour prendre notre dernier petit déjeuner ensemble. Soeur Mariette est déjà très active et commence à superviser les opérations. 

Denis achète quelques crucifix à la vente bazar, Diane J. et Madeleine font quelques étirements, et nous réglons les dernières formalités avec notre avant-dernier cachet étampé sur notre Guide du pèlerin par Soeur Mariette.

Il est 7h45 et l'heure du départ a sonné. Cela me fait quelque chose de partir mais il faut y aller car le frère André nous attend à l'Oratoire et c'est avec beaucoup d'émotion que je sers Soeur Mariette dans mes bras pour une accolade d'au revoir. Je me dis qu'un de ces jours je reviendrai la voir. Dommage que je n'habite plus dans la région de Montréal car sinon je serais venue faire du bénévolat ici!

 

Le temps est un peu à l'image de mon état d'esprit: gris et maussade car j'ai le blues de laisser derrière moi tant de belles choses et tous ces gens merveilleux. Le temps est aussi indécis: pleuvra-t'il ou ne pleuvra-t'il pas? En fait ce sera surtout nuageux avec quelques gouttes mais une température idéale pour marcher en ville d'environ 17 - 19 degrés.

 

Pour ces derniers kilomètres à parcourir en ville, j'ai rangé mes bâtons. J'ai toujours une ampoule à chaque talon. J'ai essayé de protéger mes talons le plus possible avec plusieurs pansements en tissu. Ce matin une 3e ampoule a fait son apparition au bout de mon orteil.  Bien que mon coeur voudrait que le pèlerinage continue, mes pieds semblent me lancer le message inverse: il est temps que tu arrêtes! Et je dois dire que j'ai de plus en plus de difficulté à les oublier. Les pansements achetés hier par Diane sont vraiment adhésifs mais ils m'irritent la peau et ça chauffe et ça brûle à chaque pas, à chaque frottement!

Aujourd'hui, il faut garder le Guide du pèlerin sous la main et le lire attentivement car nous avons un parcours compliqué. Après la traversé du pont Lachapelle, nous allons nous retrouver dans le quartier Ville St-Laurent et il faut changer de rue, tourner à gauche ou à droite environ tous les kilomètres. Nous marchons tous les six ensemble. Je me demande ce qui se passe dans la tête des autres. Est-ce qu'ils ressentent aussi ce blues, cette nostalgie que j'essaie de taire au fond de moi?

  Alors que nous arrivons sur Côte-Vertu, nous nous recueillons un instant devant la plaque à l'effigie du frère André (1845-1937) décédé en cet hôpital, mercredi 6 janvier 1937. J'ai comme un pincement au coeur car c'est un peu le frère André qui est à l'origine de notre marche. Nous marchons depuis 12 jours pour atteindre l'Oratoire St-Joseph, l'oeuvre du frère André.

Pour mes ami(e)s et lecteurs français qui n'avaient probablement jamais entendu parler du frère André, il faut savoir que Alfred Bessette dit le Frère André  est très certainement le religieux le plus célèbre au Québec. Il était un guérisseur et de nombreuses guérisons miraculeuses lui sont attribuées. Des gens de partout venaient le rencontrer pour être guéris par lui. Finalement, c'est le 17 octobre 2010 qu'il sera canonisé par le pape Benoît XVI, lors d'une cérémonie qui s'est déroulée sur la place Saint-Pierre  à Rome devant 50 000 pèlerins, incluant plus de trois mille Québécois.

À Montréal , il a réussi à faire construire une imposante basilique dédiée à Saint Joseph, l'Oratoire Saint-Joseph . Inauguré en 1904, les travaux de l'ensemble du lieu se terminèrent en 1967. C'est la plus grande église du Québec et du Canada. C'est aussi le lieu de pèlerinage le plus important dédié à Saint-Joseph à travers le monde et, c'est vers là que nous nous dirigeons aujourd'hui car il s'agit de notre but, de notre destination finale. L'Oratoire attire environ deux millions de visiteurs chaque année, provenant de toutes les parties du monde et ce matin nous allons faire partie de ces statistiques. Nous serons 6 pèlerins parmi les 2 millions qui viennent se recueillir ici chaque année.

Un peu plus loin, nous faisons une halte dans un parc. Nous sommes maintenant dans le secteur de la Ville Mont-Royal ou on peut admirer de très belles maisons. C'est un quartier anglophone de Montréal.

Alors que nous marchons en silence, Diane pousse un cri et pointe du doigt devant elle. C'est elle qui la première aperçoit le dôme de l'Oratoire St-Joseph. Il domine la ville de son imposante silhouette. Le dôme peut être vu de plusieurs endroits dans la ville et même de l'extérieur de l'île. Il est le troisième plus grand au monde après celui de la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro et de la basilique Saint-Pierre de Rome (info provenant de Wikipédia). Quelle excitation! car c'est pour cela que nous marchons depuis 12 jours.

Il nous faudra encore quelques kilomètres avant d'y parvenir. Une autre halte s'impose pour que Diane puisse acheter ses dernières fraises du Québec.

À 11h30, nous franchissons la grille et nous retrouvons dans les jardins qui bordent l'Oratoire. Il se dresse devant nous dans toute sa majesté. La joie nous envahit et nous sommes très chaleureusement accueillis par une charmante jeune fille qui est là pour les pèlerins. Elle sera le témoin de notre explosion de joie qu'elle immortalisera en prenant quelques photos pour nous.

Alors qu'elle nous propose gentillement le service de navette pour nous rendre jusqu'en haut, la réaction est unanime. Nous répliquons tous en coeur: non, non, non. Pas question de prendre de navette, nous voulons monter les marches à pieds!

Quelle satisfaction d'avoir accompli un tel parcours tous les six! C'est encore un beau moment que nous partageons ensemble.

La consécration ce sera quand nous recevrons notre dernière étampe et la bénédiction par le père à l'office des pèlerins. Diane demande au père de signer et dater au-dessus de l'étampe pour avoir vraiment le cachet officiel faisant foi de notre arrivée ce mercredi 27 juin 2012 à l'Oratoire St-Joseph.

Nous gravissons nos dernières marches d'un pas léger et le coeur joyeux. Je comprends en savourant ces instants ce que peut représenter l'arrivée à Saint-Jacques de Compostelle. Nous n'avons marché que 230 km et je ressens une grande satisfaction et fierté d'avoir accompli cela, alors avec un pèlerinage comme Compostelle et ses plus de 1500 km, je peux imaginer comment on doit se sentir quand on arrive à destination.

Avant que nos routes se séparent, nous prenons un dernier repas ensemble à la cafétéria de l'Oratoire. Ce sont aussi les retrouvailles avec la famille pour Hélène, Diane J. et Madeleine. Denis est le seul à passer la nuit au Pavillon Jean XXIII. Avant d'arriver à l'Oratoire, il a remis un sous noir trouvé plus tôt sur le chemin à une femme, le crâne rasé, qui sortait de l'hôpital. Quand il lui a dit qu'il prierait pour elle à l'Oratoire, elle avait les larmes aux yeux. Nous ne la reverrons certainement jamais mais je souhaite de tout coeur qu'elle guérisse.

 

2012 Trek P12day18Après avoir embrassé tout le monde et s'être donné rendez-vous bientôt pour visionner le vidéo de notre pèlerinage que Denis va préparer, Diane et moi pénétrons dans la Basilique pour nous recueillir. J'ai allumé plusieurs cierges et prié pour tout ceux que j'aime, à qui je dédie ce pèlerinage.

Accrochés aux murs de côté on peut voir un nombre considérable de béquilles et bâtons abandonnés là au fil des années par des fidèles qui sont venus pour obtenir une guérison.

Je me recueille aussi un moment devant la statue du frère André. Nous visiterons ensuite la petite chapelle ou il a vécu et ou peut trouver le mobilier de sa chambre.

 

J'aurais aimé rester plus longtemps et assister à la messe mais nous devons partir, prendre le métro, pour aller à la gare car à 16h nous prenons le train pour Ottawa. Comme c'est étrange, après avoir marché pendant 12 jours pour se rendre à Montréal, de se retrouver 2 heures plus tard, retour à la case départ à Ottawa! Et en plus je dois retourner au travail le lendemain... Dure réalité! Mais j'ai la tête remplie d'images et de souvenirs indélébiles. Je me sens ressourcée et pleine d'énergie pour continuer mon Chemin, celui de la vie, qui me sourit. :-)

Frère André, tu nous en auras fait faire des pas, mais cela en valait vraiment la peine! Merci.

 
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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 19:10

Cette avant-dernière journée sera riche en rencontres et en émotions. Pour ma part, mes deux moments forts seront à l'abbaye des bénédictines et la rencontre avec Soeur Mariette.

C'est surprenant mais j'ai bien dormi dans mon lit de camp de type civière sauf que je me suis réveillée à 4h du matin à cause du bruit de la chasse d'eau de l'autre côté du mur. De toute façon on avait prévu de partir tôt, à 5h45, afin d'arriver à temps pour assister aux Laudes chantées de 7h à l'Abbaye de Ste-Marie des Deux-Montagnes. Si j'ai l'air de savoir de quoi je parle, ce n'était certainement pas le cas en ce mardi matin mais c'est ce qui est écrit dans notre Guide du pèlerin et comme je suis toujours curieuse de visiter les lieux de cultes (toutes religions confondues), j'étais assez excitée à l'idée de découvrir ce qu'étaient les Laudes.

 

En quittant le presbytère, on fait un arrêt au Tim Hortons pour un rapide petit déjeuner et bien sur la lecture de notre horoscope quotidien! On a bien fait car la Boulangerie d'Autrefois et la Belle Province étaient fermées. Il fait encore frais ce matin, environ 17 degrés.

On arrive juste à l'heure à l'Abbaye qui est entourée d'arbres et de beaucoup de verdure.  À l'origine il s'agissait d'un monastère fondé en 1936 par une congrégation de France et c'est en 1946 que le monastère est devenu une abbaye. On est accueilli par une soeur vêtue de l'habit noir et de la collerette blanche des religieuses, qui nous conduit dans la salle ou nous pourrons écouter les Laudes.

 

Je me suis tout de suite sentie bien dans cette atmosphère paisible et feutrée. C'est la première fois que je pénètre dans un tel lieu de culte ou des religieuses vivent cloîtrées. Elles sont 29 à vivre ici mais toutes ne sont présentes. Notre seul contact est avec la soeur qui nous a ouvert la porte. Elle va rester à nos côtés et nous guider à travers le livret pour nous aider à suivre les paroles. Nous sommes séparés des autres religieuses qui interprètent les Laudes par une imposante grille de fer forgé. On peut à peine les voir mais nous les entendons bien.

 

Les Laudes sont des louanges en latin et sont l'office de l'aurore. Par ces psaumes de louanges elles rendent grâce pour le jour qui se lève. Pas facile de suivre ces prières chantées en latin sur un ton monocorde car il faut passer d'une page à l'autre, puis revenir en arrière. La soeur semble tenir absolument à nous aider à suivre sur le livret. Du côté gauche nous avons les paroles en latin et à droite en français. J'arrive à suivre par moment, puis je perds le fil et j'abandonne car je préfère écouter tout en tournant la même page que Diane qui a l'air de savoir ou on en est ou bien c'est parce qu'elle suit la soeur qui est assise à côté d'elle. Et à ma gauche il y a Hélène qui tente de suivre en regardant quand je tourne les pages de mon livret.

 

Les voix sont plutôt aiguës et répétitives. Cela me fait penser aux prières tibétaines dont l'effet m'emmène dans un état quasi méditatif ou contemplatif. Elles sont accompagnées par une harpe, dont nous n'entendons le son qu'à quelques reprises, pour donner le ton ou rythme aux prières, l'équivalent des cloches dans les pujas hindous ou les gongs dans les monastères bouddhistes. J'aime vraiment beaucoup ces 45 minutes que nous avons passé là, en compagnie de ces religieuses qui vivent retirées du monde.

J'aime cette atmosphère de paix et de recueillement. Pour moi c'est un des moments forts du pèlerinage et je serais bien restée encore. Mais il faut que je précise que mon enthousiasme est loin d'avoir été partagé par le reste du groupe. Après 10 minutes, ils seraient bien tous sortis...

Nous avons plus tard longuement débattu sur le sujet du rôle des Soeurs bénédictines, de leur mission comparativement aux Soeurs qui sont missionnaires. Dans la société capitaliste et matérialiste dans laquelle nous vivons, je comprends qu'il est difficile, voir impossible, de mesurer l'impact de leur mission car cela n'est pas tangible ou concret. Elles consacrent leur vie à Dieu et prient pour l'humanité. Je trouve important ce qu'elles accomplissent dans l'ombre, à l'abri des regards et des influences extérieures. 

Sur le site internet de l'Abbaye, j'ai retenu cette phrase: ''Une femme qui choisit de se retirer au désert pour rejoindre dans le Cœur de Dieu, la vie, les espoirs, les luttes de ses contemporains.''  ainsi que la section Cloitrées...pour être libres!  ''On nous demande souvent :Vous sentez-vous libres? -Oui! La clôture est un choix libre, elle existe pour protéger notre liberté, elle est un espace de libération, une piste d'envol, un lieu soustrait au bruit, aux agitations, à la dispersion. La clôture nous donne cette liberté voulue, ce calme, cette paix, cette zone de silence, ce cadre qu'est un monastère. Qu'est-ce qu'un monastère? Un lieu de la présence de Dieu, Dieu cherché et adoré pour Lui-même; lieu n'existant que pour Dieu, lieu habité par des personnes n'existant que pour Lui, parce qu'elles ont choisi librement de vivre ainsi et qu'elles s'y épanouissent comme l'oiseau en plein ciel et le poisson dans l'eau. Pour nous moniales, spontanément s'associent l'image du cloître et les idées de joie, d'épanouissement, de liberté, de libération spirituelle.''

Nous repartons vers 8h et nous arrivons bientôt à Deux-Montagnes. Je découvre des quartiers très riches de cette municipalité. On va passer devant des maisons imposantes. On s'arrête pour une pause café-croissant à un dépanneur.

C'est une marche agréable, qui nous fait découvrir une architecture parfois un peu excentrique, mais aussi quelques coins historiques comme un calvaire de pierre construit en 1925. On va continuer sur le bord de l'eau, puis traverser le viaduc de l'autoroute 13.

Vers 13h, Diane et moi arrivons au presbytère de l'église St-Maxime après avoir fait un détour un peu plus long que prévu car il y avait des travaux sur la Promenade des Îles.

Nous allons passer notre dernière nuit ici. Les matelas sont alignés au sous-sol. Ici encore nous pouvons prendre un bain de pieds vibrant et nous avons le luxe de pouvoir faire une brassée de lavage dans la machine à laver et d'utiliser la sécheuse.

Trois du groupe s'en vont faire quelques courses, entre autre pour acheter du vin de messe, et repérer les restaurant ou on peut commander pour emporter, car nous voulons souper tous ensemble dans la salle du presbytère pour notre dernière soirée. Je reste pour prendre ma douche et aussi relaxer.

Nous avons fait la connaissance de Soeur Mariette, ancienne missionnaire en Côte d'Ivoire et en Haïti, âgée de 72 ans, qui s'occupe des plus démunis, d'une banque alimentaire et d'une vente bazar le jour ou nous arrivons. Elle aide aussi à la réinsertion des délinquants en leur fournissant du travail. Au moment de notre arrivée elle doit gérer une situation difficile: un schizophrène qui a été mis dehors de son logement qui est en crise et aussi des détenus à superviser. Elle fait un travail extraordinaire, elle aide et accepte les gens tels qu'ils sont.

À leur retour, Denis, Diane et Diane J. sont emballés. Ils sont entrés dans un restaurant libanais pour demander un pamphlet du menu et le propriétaire Mamhoud (je crois), les a reçus comme des rois/reines. Il est d'abord arrivé avec du thé, puis leur a servi gratuitement une assiette remplie de spécialités libanaises. C'est un homme extrêmement enthousiaste à chaque fois qu'il rencontre des pèlerins. On décide donc de retourner là-bas tous ensemble pour acheter notre souper. Malheureusement, quand on arrive le restaurant est déjà fermé. Je mangerai donc de l'asiatique au lieu du libanais. Mais nous avons du vin pour arroser notre repas.

 

Au cours de ce dernier repas, nous échangeons sur notre expérience du Chemin des Outaouais et sur ce qui nous a le plus marqué. On passe une magnifique soirée remplie de belles émotions. Depuis 11 jours, nous avons formé un groupe fantastique et ce fût en grande partie grâce à la synergie de nous six que nous avons pu vivre de si beaux moments.

 

Alors que nous avons fini de souper et que nous sommes en pleine conversation sur nos bilans du Chemin, nous apercevons Soeur Mariette qui se dirige vers sa voiture. Nous lui faisons signe et elle nous rejoint.

 

Finalement, elle va passer le reste de la soirée avec nous et la conversation sera tout à fait passionnante. Nous en apprenons un peu plus sur le travail qu'elle accomplit, sur sa façon de voir la vie, sur sa façon de vivre la religion. Elle accomplit sa mission avec très peu de moyens financiers mais une foi inébranlable dans la providence.

 

Cette femme est une inspiration de courage et d'amour. J'ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois en l'écoutant. Elle est aussi une très bonne narratrice et messagère de l'évangile. Par ses paroles de sagesse, elle nous a transmis plusieurs messages importants. Elle nous a dit entre autres ces paroles : que nous ne finissions pas notre pèlerinage mais que nous le commencons.

 

J'aimerais terminer par cette citation de Soeur Mariette: Un arbre qui tombe fait du bruit, mais les arbres qui poussent sont silencieux.

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30 juillet 2012 1 30 /07 /juillet /2012 19:37

Il semble qu'on soit récompensé de tous nos efforts avec une petite journée facile de seulement 13,2 km, qui nous donne le droit de faire la grasse matinée ou devrais-je plutôt dire la ''grâce'' matinée car en effet ce sera une journée de grâce, entre autres pour Diane. Depuis le début, elle rêvait à 2 choses : au chocolat de Montebello (faveur obtenue) et à faire une cure de fraises du Québec car la saison bât son plein. Ce 2e souhait va enfin pouvoir être réalisé à Sainte-Marthe-sur-le-Lac,

car jusqu'à présent nous n'avons jamais trouvé un de ces kiosks qui vendent habituellement les fruits et légumes locaux le long de certaines routes. Cela s'explique car il faut dire qu'on n'emprunte pas les routes les plus passantes.

Bien qu'on avait prévu de partir plus tard, je me réveille encore une fois vers 5h. Diane J. nous fait une petite démonstration de danse avec le sac à dos et le bâton juste avant de partir sur la sonnerie du téléphone cellulaire de Denis.

La troupe se met en marche vers 8h sous un ciel gris et une température très agréable d'environ 17 degrés. Denis est parti le dernier mais comme d'habitude il ne tardera pas à nous rattraper.

  Nous marchons 6 km sur la piste cyclable qui longe le parc d'Oka, un parcours fort agréable. Cependant le ciel ne tardera pas à s'assombrir, puis à devenir menaçant. Une ondée nous oblige à sortir nos pèlerines mais la pluie ne sera que de courte durée.

La pluie a donné du vent dans la pèlerine de Madeleine car la voilà qui prend la tête de la marche. D'ailleurs de jour en jour elle semble prendre de la vitesse. Durant la dernière partie, je marche seule quelques centaines de mètres en arrière car j'ai envie de garder un rythme un peu plus lent.

  Après le parc, on continue encore sur la piste cyclable qui traverse une zone boisée dans laquelle je me fais littéralement attaquée de tous bords tous côtés par une horde de maringouins. Une fois que j'aurai mis de la crème anti-moustique, ils auront quand même l'audace de me piquer à travers mon chandail! J'attends donc d'être sortie du boisé pour faire une halte sur le bord du trottoir pour être sure de ne plus être pourchassée.

 

Lorsque j'arrive au niveau de la 30e Avenue, je retrouve Denis qui m'attendait. Il devait vouloir être certain que je ne passe pas tout droit encore une fois, mais non j'ai retenu la leçon et pris la peine de lire mon Guide du pèlerin.

Nous sommes donc arrivés en ville et c'est à 11h45 que je retrouve mes compagnons devant le presbytère. Ils sont en pleine conversation avec notre hôtesse qui s'occupe des pèlerins depuis le début mais qui a hâte que la saison se termine. Elle trouve cela un peu trop contraignant car les pèlerins n'arrivent jamais à la même heure. Cette dame, qui a gagné il y a quelques années en jouant à la Poule aux oeufs d'or, en profite pour s'offrir des voyages.

Tout le monde en a pour son compte ce soir! Hélène est de sortie avec une de ses amies. Denis trouve enfin sa connexion internet sans fil dans un bar du coin. Je me fais tirer aux cartes par Denis un peu plus tard dans la soirée. Et Diane peut enfin être rassasiée car elle vient d'acheter une caisse de fraises du Québec au maraîcher du coin, qu'elle partagera en partie avec le reste du groupe.

 

2012 Trek P10day07Autre fait à constater, ce soir, nous ne descendons pas au sous-sol pour dormir mais plutôt nous montons car nos chambres sont tout en haut au 3e étage, ce qui n'est pas arrivé souvent depuis le début du pèlerinage. Est-ce un signe que nous nous rapprochons du ciel ou du fait que nous venons de nous mériter de nombreux air miles ou indulgences depuis le début de cette grande Marche? Bon il ne faudrait quand même pas exagérer. C'est vrai qu'on a nos chambres individuelles (sauf Madeleine et Diane J. qui doivent encore une fois partager une chambre) mais elles sont assez spartiates avec pour seul mobilier une chaise et un lit de camp, et des couvertures de la Croix-Rouge. De plus, de la fenêtre de ma chambre j'ai une vue plongeante sur le cimetière.

 

Chacun a acheté ou commandé son repas pour ce soir et nous mangeons ensemble dans la salle commune. La soirée se prolonge et la discussion s'anime autour de toutes sortes de sujets dont la spiritualité, la guérison, etc.

  2012 Trek P10day08

  ''Be content with what you have; rejoice in the way things are. When you realize there is nothing lacking, the whole world belongs to you.'' Lao Tzu

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 19:53

''Lève-toi et va vers toi-même''. Cantique des Cantiques

Aucun problème pour me lever, et je suis debout à l'aube car je me sens un peu à l'étroit dans ce petit lit. Avec Diane, comme nous sommes prêtes à 5h50, nous partons en premier pour aller déjeuner à la Belle Province sur la rue St-Jean Baptiste proche de l'autoroute 40. Le reste du groupe nous rejoint et nous lisons notre horoscope avant de partir.

Aujourd'hui, je cherche l'accotement pour marcher car c'est plus doux pour mes pieds que j'essaie de ménager. J'ai maintenant une ampoule à chaque talon. Je ressens le frottement à chaque pas mais c'est encore pire après une pause. Au bout d'un moment je finis par les oublier et j'ai enfin trouvé des pansements qui tiennent un peu plus aux pieds.

À partir de l'Anse / rue Main, on se retrouve sur une très belle route qui serpente. Il ne fait pas trop chaud et il y a beaucoup d'ombrage. Je n'en reviens pas de voir autant de magnifiques maisons. La végétation est aussi très présente comme en témoigne ce gigantesque chêne.

Au 342, on visite l'église anglicane St-James qui contient de beaux vitraux dont un de Saint-Jacques. Denis découvre un détail qui pourrait nous faire penser qu'on se trouve sur le Chemin de Compostelle: trois coquilles Saint-Jacques ont été intégrées à la broderie du tapis central en avant de l'autel. C'est un beau clin d'oeil pour les pèlerins.

2012 Trek P09day07Alors que les fidèles arrivent pour la messe de 11h, je décide de reprendre la route. Hélène, qui est toujours notre jack rabbit,  part avec moi à 10h30 tandis que les autres restent pour la messe. Celle-ci va être donnée par une femme révérend. un beau moment selon leurs dires et aussi le privilège de boire du vin de messe dans le calice. Les traditions de l'église anglicane semblent donc très différentes de celles de l'église catholique beaucoup plus rigide. Dans cette église, ce n'est donc pas juste le prêtre qui boit le vin de messe. Il ou plutôt elle le partage avec ses fidèles! Madeleine et Diane l'ont trouvé excellent et sucré et espère pouvoir en acheter une bouteille un peu plus tard!

Quand on arrive proche du village d'Hudson, on croise de plus en plus d'autos et surtout on voit plus de maisons de riches. On est même passé devant une résidence de la taille d'un château avec 6 portes de garage! Quelle démesure et qui peut donc posséder une telle demeure? Il y a un tel contraste entre ce type de résidence et les maisons familiales ordinaires. Dans ces dernières, on voit souvent les familles dehors en train de s'activer dans leur cour, leur parterre, sur leur galerie. La maison respire la vie. Par contre dans ces résidences de luxe, les jardins sont impeccables, tout est parfaitement ordonné mais il n'y a aucune vie. Durant toute notre Marche, je n'ai jamais vu âme qui vive devant ces résidences de luxe sauf une fois mais c'était des employés qui faisaient l'entretien paysager. Je n'envie absolument pas ce style de vie ou se cacher semble plutôt être le mode normal de vie.

 

Le village d'Hudson est vraiment plaisant. Les nombreuses terrasses-restaurants ainsi que les boutiques sont ouvertes bien qu'aujourd'hui ce soit un jour férié. On s'arrête dans une boulangerie et j'achète une quiche aux épinards pour mon souper ainsi qu'une chocolatine pour plus tard.

Je prends le traversier avec Hélène et nous arrivons sur la rive d'Oka à 12h45. C'est une très belle traversée avec la vue sur le lac des Deux-Montagnes ou de nombreux voiliers naviguent. L'église d'Oka avec son clocher argenté en face de nous et sur le bord de l'eau offre un très beau panorama.

Nous nous arrêtons pour manger au restaurant qui fait face au traversier: une salade du chef et un grill cheese pour moi. De l'autre côté de la rue, les préparatifs s'activent car c'est aujourd'hui qu'ils fêtent la St-Jean à Oka. Mais cela ne sera pas pour nous car nous ne dormons pas dans le village.

 

Au bout d'une heure, alors que nous guettons chaque traversier, il y en a un environ toutes les 10 minutes, toujours aucun signe de nos 4 compagnons. On décide d'attendre jusqu'au prochain à 14h avant de reprendre notre marche. Alors qu'on se prépare à partir, nous voyons Madeleine et les 2 Diane sur le traversier. Le temps de s'échanger quelques paroles, de nous dire que Denis s'est attardé un peu plus à l'église, Hélène moi nous repartons l'esprit plus tranquille alors que toutes les trois se dirigent à leur tour au restaurant.

Nous marchons sur la rue Notre-Dame en nous demandons si l'épicerie Métro un peu plus loin sera ouverte car sinon nous devrons finir nos emplettes dans un des dépanneurs du coin. Dans la Maison Lévesque ou nous coucherons ce soir il n'y aura rien à proximité pour manger, donc il faut prévoir pour le souper et le petit déjeuner.

Notre question sera bien vite répondue alors qu'un homme stationné à côté de sa moto nous interpelle. Il nous demande si nous sommes bien des pèlerins et se présente comme étant Daniel Marinier, le responsable de notre hébergement de ce soir. Il travaille à l'Éco Centre, centre de récupération des matières dangereuses d'Oka, juste à côté de la Maison Lévesque. Comme on est un jour férié et qu'il ne travaille pas, il guettait donc les pèlerins depuis ce matin et était bien content de trouver enfin les 2 premières. Il reviendra plus tard nous retrouver à la Maison. Il nous confirme que le Métro est ouvert et nous dit même que si on continue tout droit sur la route 344 ce sera plus court pour se rendre à notre destination finale. Mais pas question de tricher, après notre halte au Métro, nous prenons la piste cyclable, tel qu'indiqué dans notre Guide du pèlerin.

 

Nous arrivons à 15h30 en pleine forme et cela me fait drôle car c'est la première fois que j'arrive ainsi en tête à destination depuis le début du pèlerinage. Encore une fois nous allons dormir dans un sous-sol mais l'endroit est très bien. On a eu le temps de prendre notre douche, de faire notre lavage, de l'étendre en arrière, de déplacer les piles de chaises et de placer tous les matelas le long des murs. Daniel Marinier est venu aussi faire son tour pour étamper nos Guides et récupérer l'enveloppe mais il est reparti déçu car nos amis ne sont toujours pas arrivés!

 

Je m'installe dehors pour écrire mon journal et surveiller l'horizon car il vente beaucoup et le ciel s'assombrit. Je cherche aussi au loin pour voir s'il n'y aurait pas un signe du reste de la gang mais ou bien je n'ai pas la vue d'Oeil de faucon ou bien ils ne sont vraiment pas sur le point d'arriver, ou bien encore les deux. On est le long de la 344, en face du parc d'Oka, en pleine campagne et il n'y a que les voitures qui passent à vive allure. Face au ciel de plus en plus menaçant je commence à me demander ce qu'ils fabriquent.

Finalement, c'est sur le coup de 17h30 que leurs silhouettes vont enfin apparaître: Diane jack rabbit et le mouton silver, qui a failli ne pas passer sous la barrière car il semblait avoir oublié qu'il portait sa maison sur le dos! Ils sont suivis de près par Madeleine et Diane, les bras chargés de sacs d'épicerie!

Ils sont arrivés juste à temps car peu après il s'est mis à pleuvoir et il a fallu qu'on aille ramasser notre linge en catastrophe. Changement de programme pour ce soir: une installation de cordes à linge de fortune accrochées après les poubelles sur le perron mais à l'abri de la pluie. Et le barbecue extérieur se transforme en saucisses hot dog et pains hamburger cuits sur la plaque électrique dans la cuisinette car c'est tout ce que le reste de la gang avait trouvé pour acheter pour le souper, pensant que l'épicerie Métro serait fermée! Hélène et moi, nous avons notre repas végétarien de planifié. On ne fêtera peut-être pas la St-Jean mais nous allons quand même passer une excellente soirée tous les six.

2012 Trek P09day14 helene

Dans cette maison qui a abrité autrefois le conseil municipal d'Oka et qui ne sert pratiquement plus depuis la fusion sauf pour l'association d'histoire et aussi bien sur pour nous autres les pèlerins, nous sommes tout surpris quand le téléphone se met à sonner. Personne n'a répondu la première fois car nous ne savions même pas ou ce téléphone se trouvait. Finalement ce sera un appel pour Madeleine qui apprend par sa fille qu'elle va être grand maman! Une journée toute spéciale pour Madeleine et nous en sommes tous émus!

 

Aujourd'hui j'ai trouvé le Chemin très agréable. On était la plupart du temps sur une très belle route avec beaucoup de verdure. Cela n'a pas été une journée ni difficile ni trop chaude. Chaque soir, alors que nous faisons estampiller notre passeport de pèlerin, nous signons aussi la feuille des ''présences''. C'est bien parceque cela nous permet de voir la liste de tous les autres pèlerins des groupes qui nous précèdent et de voir s'ils l'ont aussi signée. Ce soir, nous réalisons que le groupe d'hier a perdu 4 pèlerins. Ils étaient 6 à Rigaud et ils ne sont plus que 2 à Oka. D'ailleurs la liste nous montre que le nombre de signatures diminue. Il faut remonter à plus d'une semaine avant de trouver un autre groupe complet comme le notre. Je suis contente de constater que dans notre groupe nous nous sommes tous rendus jusqu'ici et que le plus difficile est maintenant derrière nous.

 
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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 18:46

Jusqu'ici ma connaissance de Rigaud se limitait à une pancarte sur l'autoroute de la première ville du Québec quand je vais à Montréal par la 440. Et bien maintenant je suis beaucoup instruite car j'ai découvert le Sanctuaire de Rigaud, un lieu de pèlerinage assez important au Québec mais surtout j'ai découvert le champ de patates de Rigaud! J'ai écouté 3 versions de la légende du champ de patate dont celle plus épique de Denis et j'avais hâte de voir ce fameux champ.

 

Tout le monde nous avait avisés que cette étape, qui est la plus longue avec 25,8 km, représentait le plus gros défi du Chemin des Outaouais, surtout qu'elle finit par une côte à monter et qu'elle est le point tournant de la randonnée car c'est là que le plus grand nombre d'abandons se produisent. Alors bien sur, je m'étais préparée au pire.

2012 Trek P08day01

Levée comme d’habitude à 5h, je suis la dernière à partir à 6h10. Nous avons eu le temps d’admirer un magnifique lever de soleil sur la rivière des Outaouais et de voir le presbytère à vendre encore plus majestueux sous l’éclairage doré du matin.

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On a déjeuné au centre avant de partir. J’ai traîné un peu ce matin. Peut-être est-ce à cause de mon talon car j’essaye de mettre un Second Skin et un pansement sur mon ampoule mais il n’y a rien à faire. Cela ne veut pas tenir à cet endroit mal placé et avec le frottement cela finit toujours pas se décoller de la peau et à coller sur l’intérieur de la chaussette.

2012 Trek P08day03

On a 4,4 km à marcher le long de la rivière avant d’atteindre le parc provincial Voyageur. C’est une belle marche à travers le parc. Les moustiques sont au rendez-vous mais ne piquent que moi comme d’habitude. À l’heure qu’il est, il n’y a personne à l’entrée du parc mais les toilettes sont ouvertes. Je ne manquerais pour rien au monde une occasion d’aller visiter des toilettes et de remplir ma bouteille d’eau car on ne sait jamais quand les prochaines se présenteront!

La traversée du parc est d’environ 5 kms et nous avons une chance inouïe car un jeune orignal se tient à quelques mètres de distance et nous avons tout le loisir de l’observer. Peu farouche, il se laisse prendre en photo. Les flashs n’ont pas l’air de l’inquiéter. J’étais déçue l’autre jour de ne pas avoir vu de tortues mais voir un orignal c’est encore plus excitant, surtout que c’est seulement la 2e fois que cela m'arrive depuis que je vis au Québec.

Une autre halte s’impose à l’intérieur du camping en face des douches et je constate que mes pansements au talon ont l’air de tenir le coup pour l’instant. Pourtant je sens quand même toujours un peu le frottement quand je marche.

Avant d’arriver au prochain village de Pointe-Fortune, nous passons à côté du barrage de Carillon. J’ai beaucoup aimé les villages de Chute-à-Blondeau et de Pointe-Fortune car ils ont un certain cachet avec leurs vieilles maisons et la quiétude qui s’y dégage. Denis nous montre la montée Interprovinciale avec le côté droit de la rue qui est en Ontario et le côté gauche au Québec.  Nous venons donc de quitter l’Ontario pour de bon. On fait un petit détour à la sortie du village pour faire une halte au chalet de Denis durant laquelle Diane Jeanne nous fait une démonstration de danse Zumba.

La prochaine halte sera au camping transcanadien au km 18 pour manger notre lunch. Non seulement ils ont un dépanneur casse-croûte mais je découvre en cherchant les toilettes qu’ils ont aussi une roulotte fast-food et je craque pour une poutine! Ce soir ça va être le party. On voit qu’il y a effervescence et que tout le monde se prépare pour célébrer la Saint-Jean, la fête nationale du Québec. Après ma poutine et mon gatorade, je me sens remplie d’énergie pour continuer.

À partir d’ici c’est toujours tout droit m’avait dit Denis. J’ai pris l’habitude de ne lire les indications de mon Guide du pèlerin que lorsqu’on prend une pause (et la plupart du temps j’oublie ce que j’ai lu) ou bien je me fie sur Hélène car elle a toujours son Guide à portée de main. Effectivement après plusieurs km à marcher tout droit nous passons le viaduc par-dessus l’autoroute 40 et arrivons à Rigaud.

Notre dernière halte sera devant l’église Ste-Madeleine qu’on ne pourra pas visiter car elle est fermée. J’ai déjà acheté pour mon souper de ce soir : une pizza à la tomate, dans un dépanneur. Le reste du groupe a préféré entrer dans le dépanneur suivant. Ils tournent en rond, l’air un peu dubitatif, dans ce dépanneur à se demander ce qu’ils pourraient bien acheter car en fait il n’y a pas grand-chose.

Je décide donc de prendre un peu d’avance car j’aime bien marcher un peu moins vite. Il ne reste qu’1,9 km à parcourir et je me dis qu’ils ne tarderont pas à me rattraper. Je continue donc tout droit sur la rue St-Pierre qui monte pas mal. Je croise plusieurs cyclistes qui descendent la pente et cela fait maintenant un bon moment que je marche mais ma gang de marcheurs ne m’a toujours pas rejoint.

Alors que je commence sérieusement à me demander ce qu’ils font, il me semble reconnaître un des cyclistes de tout à l’heure, mais cette fois il remonte la pente et fait demi-tour devant moi. Sans même s’arrêter, il me lance d’un ton peu aimable les paroles suivantes : ‘’Vos amis vous font dire que vous vous êtes trompée. Il faut que vous fassiez demi-tour et que vous tourniez sur Bourget’’. Je n’ai même pas le temps de lui dire merci ni de poser de question qu’il est déjà en train de déballer la pente. Les bras m’en tombent! Comment ce fait-il que je me sois ainsi trompée? Pourtant Denis m’avait bien dit que c’était toujours tout droit! Et je n’ai même pas pensé à vérifier mon Guide! Je n’ai aucune idée de la distance parcourue en trop et je ne comprends pas non plus comment ils ont su/fait pour me prévenir. Au moins maintenant je marche en descendant!

Je n’ai parcouru qu’environ 100 mètres et voilà que cette fois c'est une voiture qui fait demi-tour devant moi. La porte s’ouvre et j’ai la surprise de voir 3 religieuses qui m’invitent à monter dans leur auto. Elles me disent que mes amis les ont envoyées me chercher et qu’elles vont elles aussi au Sanctuaire. Je n’en reviens tout simplement pas et pense qu’ils sont donc arrivés au Sanctuaire et comme ils ne m’ont pas vu ils ont demandé aux religieuses d’aller me chercher. Ma première réaction a été de les remercier et de refuser leur offre car il n’est pas question que j’arrive au Sanctuaire en auto. Je veux marcher jusqu’au Sanctuaire. Je veux marcher chacun des 230 km de mon pèlerinage.

Devant mon obstination, une des religieuses s’impatiente et dit qu’elles n’ont qu’à y aller si je ne veux pas embarquer avec elles, mais celle qui conduit insiste et précise que mes compagnons m’attendent en bas de la côte au croisement de la rue Bourget. Alors là je comprends mieux et j’embarque dans l’auto.

Et dire que pendant tout ce temps, mes compagnons m’observaient tout au loin. C’est d’ailleurs Diane qui avec son œil de faucon m’avait aperçu avant que je ne disparaisse à l’horizon. Ils ont arrêté le cycliste peu aimable pour lui demander si il avait vu une marcheuse comme eux et comme la réponse était oui, s’il pouvait aller me prévenir. Celui-ci avait rétorqué ‘’Ben, c’est que c’est loin!’’ Raison de plus pour aller me prévenir! Les religieuses, elles, ont accepté sans hésitation d’aller me chercher.

La morale de l’histoire c’est d’éviter de demander un renseignement ou un service à un cycliste du genre qui roule sur un vélo de course et porte la tenue complète short et maillot ajustés en spandex et chaussures qu’on clippe car cette catégorie de gens n'aiment pas être dérangés dans leur pratique sportive. On avait déjà eu une mauvaise expérience avec un gars du même genre lors de nos marches d’entraînement avec Diane.

C’est avec joie que j’ai retrouvé ma gang et nous avons terminé la marche tous ensemble à 15h10. La dernière montée était bien plus facile que je l’avais imaginée. Donc, non seulement il s’agissait de la plus longue journée de marche mais j’ai même réussi à la rallonger d’au moins 1 km (27 km pour moi) et cela aurait été bien plus si les sœurs envoyées par mes compagnons n’étaient pas venues à mon secours. D’ailleurs, ici c’est par le père Bonsecours que nous sommes accueillis. Nous allons dormir dans le sous-sol du magasin de souvenirs. La rangée de lits avec une collection de statuettes de la Vierge Marie sur l’étagère me fait penser à un dortoir de pensionnat. Nous avons eu une très bonne discussion avec le père Bonsecours âgé de 77 ans mais très dynamique et rempli d’humour.

Nous avons assisté à la messe en pleine air dans un très beau décor de verdure et avec les chants des sœurs Joly de Joliette. Il s’agissait d’une messe spéciale en l’honneur de Saint-Jean Baptiste, le patron des Québécois, en cette veille de fête nationale que nous ne fêterons pas.

La routine habituelle s’est mise en branle : après la douche, le lavage du linge, le souper dehors sur les tables de pique-nique et le bain de pieds au gros sel, mais cette fois avec massage de pieds par vibration électrique. Génial!

Nous avons fini la soirée en montant à l’ancienne chapelle avec vue sur les environs de Rigaud et jusqu’au fameux champ de patates!

La légende veut qu’autrefois, un paysan cultivait un champ de patates à cet endroit, mais qu’il a labouré son champ un dimanche. Ses patates ont très bien poussées mais il aurait été puni pour avoir travaillé un dimanche et ses patates se seraient transformées en roches. C’est pourquoi, aujourd’hui on retrouve ce champ de roches dont beaucoup ont l’apparence (forme, texture et couleur), à s’y méprendre, de patates.

Je ne pourrai pas vous rapporter la version de Denis de cette légende car elle serait beaucoup trop longue à raconter et il faudrait plutôt l’écouter car il a vraiment un talent de narrateur mais elle parle non seulement du paysan mais aussi du diable...

Encore une belle journée de passée! Et si ce n’était de mon pied et de cette ampoule qui me gêne, je me sens en pleine forme. Je passe mon pied sous l’eau du Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes, qui sait, si un miracle pouvait la faire disparaître!

La citation du jour est plutôt une devise, celle qu'on retrouve sur la très belle enseigne du village de Pointe-Fortune : ''La fortune aime les audacieux''.

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 15:27

À 5 h du matin, nous sommes tous debout. Tous les jours, c'est à peu près la même routine: un brin de toilette, massage des pieds avec la crème anti-frottement, préparer le sac, ranger les matelas, etc. La seule chose à planifier ce sont les repas car la plupart du temps il n'y a rien le long du Chemin. On doit alors acheter la veille pour le déjeuner et le lunch.  Je m'habitue à ce rythme de vie. Je me sens libre et j'aime vraiment cela. Seul changement pour moi ce matin, il faut que je m'occupe de mon talon gauche qui a une petite ampoule.

On part à 6h car on va s'arrêter à Hawkesbury dans environ 6 km pour le petit déjeuner. On longe la rivière des Outaouais qui a déjà porté le nom de Grande Rivière et de Rivière Kichesippi.

2012 Trek P07day02On commence à voir de très belles maisons au bord de l'eau. Très souvent on ne peut pas marcher proche de l'eau car c'est un privilège qui est réservé à l'élite de propriétaires qui ont leur résidence au bord de la rivière.

 

Vers 7h30, nous arrivons au restaurant Chez Carole pour déjeuner. Deux anciennes pèlerines sont venues nous rejoindre et nous partageons notre enthousiasme pour le Chemin des Outaouais. Elles nous disent combien elles ont aimé leur expérience et auraient souhaité continuer au-delà des 12 jours. Elles nous envient d'être encore au milieu de notre pèlerinage. C'est bon de se retrouver avec d'autres pèlerins car l'échange est facile et nous nous comprenons. Beaucoup de choses nous rapprochent même si nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas.

Nous traversons donc la rue Main de Hawkesbury et passons devant l'église Saint-Alphonse. La rue change de nom pour devenir le chemin Front et pas besoin de se casser la tête car aujourd'hui c'est toujours tout droit, le long de la rivière jusqu'à Chute-à-Blondeau.

Je marche avec Diane et Hélène. Quand Denis nous rattrape, avec Hélène ils partent en avant. Nous n'avons pas revu Madeleine et Diane Oeil de faucon depuis tôt ce matin car elles ont fait un détour pour aller déjeuner chez la soeur de Madeleine, mais on pense qu'elles doivent être en arrière.

Nous venions tout juste de faire une pause, quand nous apercevons Denis et Hélène sur le perron d'une de ces résidences au bord de l'eau. Thérèse, bien qu'elle ne soit pas dans notre Guide du pèlerin, accueille les pèlerins quand elle est chez elle. C'est une enseignante à la retraite qui est aussi une artiste. Sa maison, très bien décorée, est remplie de ses peintures. Je profite de l'occasion pour utiliser sa salle de bain.

On a fait une autre halte avant d'arriver à notre but: le centre communautaire de Chute-à-Blondeau, juste à côté d'un joli presbytère à vendre et en face de l'église. On y arrive à midi et demi et Madeleine et Diane Oeil de faucon arrivent peu après nous. Cette journée de marche s'est très bien passée. La chaleur était beaucoup plus supportable qu'hier et on en avait moins long à parcourir.

 

Le centre est tout neuf, très bien situé avec une vue superbe sur la rivière. Il y a même une grande terrasse en arrière, ou je me suis installée pour manger mon lunch: un sandwich au thon acheté au restaurant ce matin.

Ici tout est très bien organisé. Il s'agit d'une petite commune mais toute la communauté semble s'être mise ensemble pour rendre notre séjour des plus confortables. Il y a de la lecture sur l'histoire du coin, des informations sur tout ce qui nous accessible et de toutes les associations qui ont fait des dons pour les équipements (matelas, couvertures, bassines pour bain de pieds...). Il y a aussi des jeux (puzzles, poches, Mississipi...). Il y a même un réfrigérateur avec de la nourriture et une liste de prix pour chaque article. On aura la visite de plusieurs bénévoles pour nous accueillir, pour vérifier ce qu'il nous manque comme provisions, pour renflouer le réfrigérateur,... Je me dis qu'ils ont l'air vraiment content qu'on passe par leur village s'ils font tout ça pour nous. On nous offre même la possibilité de transporter nos sacs jusqu'à notre prochaine étape de Rigaud, mais là c'est un peu moins du bénévolat car c'est proposé pour la somme de $50 pour les 52 km de distance aller/retour.

La petite église Saint-Joachim (1892) du village est laissée ouverte tout spécialement pour les pèlerins. Elle est intéressante à visiter. Il y a une sculpture en bois de l'archange Saint-Michel terrassant le dragon.

Chute-à-Blondeau a une histoire intéressante. Tout d'abord, il faut régler le cas de la chute, car s'il y en a eu une dans le passé, il n'y en a plus! Elle a a définitivement disparue à cause de l’élévation du niveau de l’eau provoquée par la construction du barrage hydroélectrique de Carillon. Blondeau aurait été un résident à proximité de la chute ou bien un voyageur imprudent qui y aurait péri noyé. Autre fait historique marquant: la région aurait été le témoin de la bataille du Long-Sault au cours de laquelle Dollard des Ormeaux a perdu la vie en 1660.

La soirée a été assez tranquille. Après le bain de pieds dans l'eau salée bien mérité, certains ont joué un peu au jeu de Mississipi ou aux poches. Mais on a été interrompu par le livreur de notre repas chinois. Finalement, après le souper sur la terrasse, on était plutôt raplapla, peut-être aussi un peu à cause du verre de vin offert par Denis. J'ai été la dernière à me coucher et c'est à seulement 21h30 que j'ai fermé les lumières.

Après cette 7e journée, je réalise que nous avons marché plus de la moitié de notre Chemin (133,8 km) :-( :-) Je suis remplie par des sentiments mélangés (mixed feelings): la joie et fierté d'avoir parcouru une telle distance et le sentiment que cela passe beaucoup trop vite car il en reste moins en avant de nous qu'on en a de fait!

''The journey not the arrival matters''. T.S. Elliot

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 17:07

Aujourd'hui j'ai du gagner beaucoup d'indulgences! Pour ceux qui comme moi n'ont pas été élevés dans un milieu religieux pratiquant, vous vous demandez peut-être de quoi je parle. J'ai découvert ce qu'étaient les indulgences dans la religion catholique en discutant avec mes compagnons. Voici la définition du dictionnaire: ''remise totale ou partielle des peines temporelles dues pour les pêchés déjà pardonnés''. En fait, si j'ai bien compris, ce sont un peu comme des Air Miles pour aller au paradis.

 

Hier ce n'était rien, juste une introduction, par rapport à ce qui nous attendait pour cette 6e journée. Je ne pense pas me tromper en disant que sur les 12 jours de marche ce fût notre journée la plus difficile, sauf peut-être pour Madeleine et Diane Oeil de faucon. Vous saurez pourquoi un peu plus tard. La chaleur était accablante: 41 degrés avec l'effet de l'humidité qui devait être à 100%, pas d'ombre, pas un brin de vent, voilà un peu le topo pour la journée.

Mais pour commencer, j'ai passé la pire nuit: Denis et Hélène avaient des matelas gonflables qui grinçaient à chaque mouvement. Les bouchons ne faisaient que légèrement assourdir ces bruits et je ne compte même pas le nombre de fois que je me suis réveillée!

 

Il fait à peine frais quand on met le nez dehors et qu'on se dirige vers la Belle Bedaine pour le petit déjeuner. En attendant que le restaurant ouvre à 6 h, nous lisons notre horoscope de la journée dans le journal déposé devant la porte.

 

2012 Trek P06day03À 6h30, j'ai fini mes oeufs brouillés, toasts et thé et j'ai bu un grand verre d'eau pour être bien hydratée. On marche 2,3 km sur la 148 avant de bifurquer sur un chemin plus tranquille. Ce n'est pas long que je transpire déjà. Mon chandail est trempé et des gouttes de sueur perlent sur mon front. Cela ne me dérange pas car j'ai appris grâce au Bikram yoga à supporter la transpiration et même à l'apprécier. Malgré tout ces 5 premiers km jusqu'au traversier de Fassett se passent bien car la chaleur est encore tout à fait supportable.

  C'est notre deuxième traversier et nous allons rejoindre la rive ontarienne. J'aime bien me retrouver proche de l'eau et cela nous fait une petite halte. Nous allons maintenant longer la rive sur environ 5 km mais on est quand même séparé de celle-ci par des habitations tout le long.

Une des grandes différence par rapport à la rive Québécoise, mis à part les boîtes aux lettres qui sont beaucoup moins intéressantes, c'est que de ce côté-ci on voit des panneaux solaires un peu partout. Au Québec, la source principale d'électricité provient des barrages hydroélectriques. Ici c'est plus diversifié.

Nous sommes dans la commune d'Alfred-Plantagenais et nous marchons sur le bord de la route principale. Le peloton commence à se désagréger: un premier détachement des 2 jack rabbits, suivi de Denis, puis de moi en solo et en queue de peloton on retrouve Madeleine et Oeil de faucon. Je finis par me retrouver seule sur cette route un peu monotone mais il y a quand même quelques maisons à l'architecture intéressante.

 

Avec toute la quantité d'eau que je bois, j'ai souvent envie d'uriner. Maintenant je ne me casse plus la tête: je ne vais pas plus loin que dans les broussailles sur le bas côté de la route. Je fais une première pause à 8h25, le long de la route à l'ombre d'un des rares arbres qui semblent pousser par ici! Alors que j'ai fini ma bouteille d'eau, je demande à  un résident qui sort ses poubelles si je peux la remplir. Il a l'air habitué à voir des pèlerins et nous parlons un peu. Je retrouve Madeleine et Diane sur le chemin. Elles s'arrêtent à une maison qui vend du miel. En fait, elles sont plus intéressées par ses toilettes que par son miel!

Je continue ma route seule et fais encore plusieurs haltes car je ne veux pas me surmener avec cette canicule. À chaque fois, j'en profite pour me déchausser car j'ai vraiment chaud aux pieds et je transpire beaucoup. Je suis sur Bay Road et je quitte maintenant la rive pour marcher plus dans les terres. Alors que je prends une photo du seul arbre à l'horizon et que je trouve très beau, je vois une voiture qui s'immobilise devant moi. Un homme débarque et se dirige vers moi. Un bref regard autour de moi me fait réaliser que je suis une route quasi déserte, une ligne droite avec un fossé sur ma gauche. Qu'est-ce que ce type me veut? Durant les quelques secondes qui nous séparent, je me fais un scénario et puis je me dis que si jamais il est mal intentionné, je pourrais toujours lui faire un Deashi Barai ou une autre prise de judo mais que je n'ai pas pratiqué depuis plusieurs années. Enfin il se présente avec un grand sourire et en me tendant la main. Il s'agit d'André Tessier, notre hôte pour notre seule et unique halte de la journée. Il s'inquiétait pour nous car à la radio ils annoncent toutes les 15 minutes de limiter les activités extérieures à cause de la chaleur accablante. Il m'informe qu'hier une pèlerine a pris un malaise sur cette route. Il me propose de m'emmener en voiture pour les 6 km qui me séparent encore de sa résidence ou tout au moins d'emporter mon sac.

J'apprécie beaucoup son offre et le fait qu'il se préoccupe ainsi de nous mais je la décline. Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un peu d'eau, qu'il me donne. Bien que je souffre de la chaleur et que je sois fatiguée, il n'est pas question que je fasse le chemin sans mon sac, que ce soit l'orgueil ou la volonté qui me pousse à vouloir continuer jusqu'au bout par moi-même.

Peu de temps après, alors que j'espère rencontrer des tortues, mais la seule que je vois c'est sur ce panneau, M. Tessier passe à nouveau mais dans l'autre sens. Il ralentit et ce sont nulles autres que Madeleine et Oeil de faucon qui me saluent avec un grand sourire de l'intérieur. Elles ont finalement décidé d'embarquer avec lui et il me demande si ça va toujours. Bien sur que ça va! Mais une fois qu'ils sont partis, je réalise qu'il n'y a plus personne derrière moi et mon esprit se met à vagabonder: ''Et si tu as un malaise toi aussi, c'est qui qui va te ramasser dans le fossé?'' Mais je chasse bien vite cette pensée.

 

Il fait un soleil de plomb et toujours pas d'ombre. Et glou, et glou et glou, je bois comme un trou et termine mon 3e litre. Je sue toujours autant et il faut encore que je fasse une pause pipi! Je décide de sonner à une porte pour demander de l'eau. Un charmant monsieur me répond et me donne de l'eau bien fraîche.

À partir de là, je compte les numéros en chantant pour me donner du courage car la Bay Road est immensément longue, jusqu'à ce que j'atteigne la maison de M. Tessier à 11h45. Je suis accueillie par toute la gang. Dans la maison, André Tessier me donne une débarbouillette bien fraîche et je mange mon lunch. Nous repartons vers 13h alors que la chaleur est à son maximum. Je ressens une légère brûlure au talon gauche. C'est un début d'ampoule qui s'annonce.

En arrivant dans le village de l'Orignal je suis surprise par la belle architecture du palais de justice et je passe devant 2 églises avant d'arriver au camping à 14h15, fatiguée mais heureuse de la marche que j'ai accomplie aujourd'hui. Avant de prendre une douche, je vais me baigner dans la rivière des Outaouais. Un vrai délice! Il y a une plage et un coin baignade adjacent au camping.

  2012 Trek P06day18

Ce soir on dors dans la salle communautaire du camping. Elle est équipée d'une cuisinette avec un four et nous avons des matelas et couvertures. Viateur est le responsable qui nous reçoit. Il est vraiment serviable et nous offre de nous emmener en voiture jusqu'à l'épicerie pour qu'on puisse faire nos courses pour le souper.

Ce sera un souper pizza. Denis s'est déjà distingué depuis le début du Chemin en oubliant régulièrement quelque chose à chaque lieu d'hébergement (shorts, lunch...), d'ou l'expression qui est née ''Fais pas ton Denis!''. Cette fois, il a bien failli mettre le feu à sa pizza et peut-être plus, quand il a eu l'idée de mettre sa pizza surgelée avec le carton en-dessous dans le four! Une chance qu'on était une gang de 5 femmes pour superviser la cuisine! 

Alors que certains décident de jouer aux cartes (au 500), épuisée je me couche et m'endors presque aussitôt vers 20h30.

 

Citation  de Jean-Baptiste Landriot qui se trouve dans notre Guide du pèlerin:  

''À côté du courage qui agit, il y a le courage qui accepte.''

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 19:21

2012 Trek P05day12La canicule annoncée nous est finalement tombée dessus avec une température dépassant les 30 degrés et frôlant les 40 degrés avec le facteur humidex, ce qui n'a pas été facile. J'ai bu au moins 3 litres d'eau au cours de cette journée chaude mais qui a été une très bonne journée de marche.

 

Encore une fois, je suis la première debout et je me suis même réveillée vers 4h30 mais je me sens en pleine forme et pleine d'énergie, alors c'est tout ce qui compte. Chacun a préparé son petit-déjeuner: des fruits, 2 oeufs pochés, toasts et thé vert pour moi.

Soeur Thérèse et Soeur Rollande sont venues nous rejoindre et on a encore bien ri. Elles nous ont trouvé les paroles de notre chanson thème. On a invité Rollande (ou Thérèse je ne sais plus laquelle des 2) à venir s'asseoir avec nous mais elle nous a répondu, avec son sens de l'humour, qu'elle préférait se tenir dans le cadre de la porte car elle attendait Soeur Thérèse pour vérifier si elles pouvaient encore passer toutes les deux par la porte. Je quitte avec regret nos adorables hôtesses après de grandes embrassades et une invitation à revenir les voir n'importe quand.

Départ à 6h10. Les 2 jack rabbits Diane et Hélène ont pris la tête car elles veulent arriver avant la grosse chaleur. Je suis derrière mais bien vite je les perds de vue et marche donc seule dans cette belle campagne. Les 3 autres sont partis un peu après et nous nous retrouverons tous lors de notre première halte, 6 km plus loin chez Jean-Guy Picard et sa femme.

 

Le paysage est varié et comme hier nous nous sommes éloignés de la rivière des Outaouais pour emprunter des chemins moins fréquentés, ce qui nous permet de découvrir plusieurs communes rurales. Je traverse le pont sur la rivière de la Petite Nation. La commune de St-André-Avellin offre de magnifiques paysages légèrement vallonnés. Je profite de cette paisible matinée et marche gaiement jusque

chez Jean-Guy et sa femme, un couple de retraités charmants, ou je retrouve les 2 jack rabbits.

 

Il est toujours de mise de profiter de ces haltes pour visiter les toilettes et faire le plein d'eau. Je signe le registre qu'ils tiennent dans lequel tous les pèlerins qui passent peuvent écrire quelque mots. C'est drôle mais à chaque fois que l'on s'arrête dans une maison, on nous pose tout de suite la même question: d'où on vient, et aussitôt qu'on répond ''Gatineau'', on lit une certaine déception sur leur visage, car cette année la plupart des groupes étaient de Gatineau. Nos hôtes auraient certainement préférés rencontrer des gens d'autres coins du Canada ou du monde, car toutes les personnes qu'on rencontre aiment parler et écouter, sont curieux d'en connaître un peu plus sur les pèlerins et ils voyagent un peu à travers nous. Jean-Guy me fait découvrir sa basse-cour: poules, coq, paons et oies et c'est avec beaucoup de fierté qu'il nous fait rencontrer son poney. 

Il est alors temps pour moi de repartir car la journée est encore jeune et j'ai plus de 6 km à faire avant de rejoindre la route 321, puis arriver à notre 2e halte chez Jean-Claude Groleau. J'aime beaucoup cette route qui sillonne et sur laquelle je ne croise pratiquement pas de véhicules.

 J'ai manqué Diane et Hélène de peu. Elles sont reparties il y a environ 10 minutes. Je profite de la belle aire de repos ombragée avec table de pique-nique et bancs tout en discutant un peu avec Jean-Claude. Sa femme, décédée 2 ans auparavant adorait accueillir les pèlerins et il a décidé de continuer tout seul ce qu'elle avait commencé. Il me montre fièrement dans son garage tous les articles sur le Chemin des Outaouais qu'il a découpés et accrochés au mur, ainsi que son calendrier ou il inscrit chaque jour le nombre de pèlerins et l'heure à laquelle ils sont passés. Il me dit que cette année c'est du jamais vu: une femme, quelques jours plus tôt, est arrivée chez lui à 9h! Un record dans son registre. Elle a du partir vraiment tôt pour parcourir les 14 km depuis Plaisance!

Denis m'a rejoint et il était en train de faire une petite sieste quand j'ai repris le Chemin jusqu'à la Croix de St-Hyacinthe, une aire de repos ou j'ai choisi de m'arrêter pour manger mon lunch. Il n'était que 11h mais l'endroit entouré d'arbres me plaisait alors que le Chemin St-Hyacinthe devant moi s'annonce plutôt sous le signe de la grosse chaleur.

2012 Trek P05day15

En effet, les 4,4 km sur ce chemin vont être difficiles car il fait extrêmement chaud et humide et je marche en plein soleil. C'est la 2e fois que je passe à côté d'un ensemble de rûches et comme précédemment elles sont toutes multicolores, ce qui est assez joli à regarder. Il va falloir que je fasse des recherches pour savoir pourquoi.

 

Le pire m'attend quand j'arrive proche du tronçon de l'autoroute 50 en construction et que tout ce que je respire à chaque fois qu'un véhicule passe, c'est de la poussière, à cause des travaux. J'arrive à un moment critique car je n'ai presque plus d'eau.

 

Jusqu'à présent je n'ai fait que vanter la gentillesse des gens que l'on rencontre sur le Chemin. Et bien, comme partout, il y a des exceptions. J'en ai fait l'expérience aujourd'hui. Je suis allée voir des employés qui travaillaient dans une scierie pour leur demander s'il ne serait pas possible de remplir ma bouteille d'eau quelque part et je me suis tout simplement fait refuser de l'eau par l'employée, même après lui avoir expliqué que je me rendais jusqu'à Montebello à pieds. Elle m'a répondu qu'il n'y avait pas d'eau ici et qu'ils apportaient tous leur propres boissons. Je n'ai senti aucune compassion et encore moins une envie de partage chez cette femme-là et suis donc repartie bredouille avec mon bouteille vide! Pour la petite anecdote, dans les jours qui précèdent, Madeleine et Diane ont aussi eu affaire à une personne peu aimable. Alors qu'elles faisaient une halte sur le bord de la route adossées contre une grosse pierre, elles se sont fait dire qu'il s'agissait d'une propriété privée par la propriétaire, qui avait peut-être eu peur qu'elles usent sa pierre, qui sait?

Plus loin, je parle un peu avec la 2e employée qui contrôle la circulation dans la zone en travaux. Je l'interroge à propos de Diane et Hélène et elle me répond qu'elles sont passées il y a longtemps et qu'elles doivent sûrement être arrivées à Montebello. J'ai une pensée de découragement, à me demander comment cela se fait-il que je sois aussi lente, que je chasse rapidement en me disant que chacun marche à son rythme et que je me dois de respecter celui des autres mais aussi le miens. Je me suis arrêtée plusieurs fois et j'ai apprécié ma journée de marche jusqu'ici. Puis, sa collègue qui ne devait pas savoir que j'étais là, l'informe qu'un autre marcheur arrive. Je sais donc que Denis n'est pas loin derrière moi. Il me rejoint alors que je fais une pause devant une magnifique propriété entourée d'arbres et donc d'ombre. Denis me donne de l'eau.

 

La dernière portion se fait le long de route 323 qui fort heureusement descend. Je dépasse Denis qui s'est arrêté pour manger son lunch et j'arrive à 13h50 au Centre communautaire de Montebello ou les 2 japck rabbits sont déjà bien installées. Les premières arrivées ont eu le privilège de déjà avoir pris leur douche, lavé leur linge, choisi et installé leur matelas. Denis, arrive peu après moi, suivi par Madeleine et Diane. Je me dépêche de prendre ma douche et nous partons manger un Gelato et du chocolat dans l'ancienne gare. Diane rêvait de ce moment-là depuis le premier jour!

Le Centre communautaire est bien placé, au coeur du village et on a même accès à l'internet. Montebello est un village très agréable. Je m'y arrête souvent quand je vais à Montréal mais cette fois-ci c'est spécial car j'y suis arrivée à pieds après 5 jours de marche et non pas après 1h d'auto! Le choix des restaurants ne manque pas. Nous soupons sur la terrasse du restaurant Zouk.

 

''Be content with what you have; rejoice in the way things are. When you realize there is nothing lacking, the whole world belongs to you.'' Lao Tzu

2012 Trek P05day18

 
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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 19:57

2012 Trek P04day14On s'attendait à une journée très chaude mais à 6h20 nous devons mettre nos imperméables ou ponchos alors que nous quittons la salle pastorale. On est  un plus matinal que les autres jours. Finalement, ce ne sera qu'une fine pluie d'une courte durée. Le reste de la journée nous marcherons sous un ciel nuageux et bien plus confortable que les 26 degrés de la veille. Je suis bien contente qu'on ait ces nuages car nous allons marcher essentiellement en ligne droite sur des Rangs de campagne en gravelle et avec très peu d'arbres.

 

J'ai très bien dormi sur mon matelas gonflable et j'ai bien apprécié la couverture mise à notre disposition. 

 

Madeleine a été la star de la journée, photographiée par la gang de paparazzi en raison de son nouveau look. Ne supportant plus son toupet sur le front, elle a adopté une nouvelle coiffure avec un bandeau dans les cheveux.

2012 Trek P04day03Le Chemin des Outaouais est vraiment bien fait car on augmente le nombre de km progressivement d'un à deux km par jour, ce qui fait qu'on ne s'en rend presque pas compte et cela donne la chance à notre corps de s'adapter. Aujourd'hui on mettra environ 6h30 pour parcourir nos 18,5 km. Par contre, il n'y a pas de rencontres intéressantes en chemin, aucune halte de prévue chez des gens mais tout de même une très jolie halte piétonnière en haut de la Montée Gore. Et juste en face on peut observer un troupeau de bisons. La seule rencontre sera avec un vieux monsieur qui m'a salué alors qu'il était en train de travailler dans son potager.

Petit test pour voir si vous avez le sens de l'observation. Vous êtes-vous posé la question suivante: ''Écoute donc, est-ce qu'elle porte le même chandail pour marcher chaque jour?'' Je le dis haut et fort: la réponse est oui. Depuis la 2e journée, j'ai adopté mon chandail de marque Icebreaker en laine Mérinos comme tenue de pèlerin et c'est devenu comme une seconde peau. En fait mon choix était limité à 2 chandails. Je pensais que ce serait difficile et que je me lasserais du manque de variété dans mes vêtements mais c'est tout le contraire qui se passe. Le matin nul besoin de se casser la tête pour choisir une tenue et penser à coordonner les couleurs. En fait j'ai juste hâte d'enfiler ma tenue de pèlerin et, plus les jours passent mieux je me sens dans mon chandail indigo et mes pantalons / shorts bleus. Ils font partie de moi et je n'ai rien envie de porter d'autre. J'ai découvert la laine Mérinos grâce à Diane et c'est mon choix maintenant pour toutes mes randonnées futures. Cela reste toujours confortable même si on transpire beaucoup et sans odeur. On est bien avec peu importe qu'il fasse chaud ou frais. Je le lave dès que j'arrive et il sèche à l'ombre très rapidement. Un peu cher à l'achat mais un investissement qui en vaut  vraiment la peine!

Deuxième pause avec Madeleine et Diane et c'est le temps d'enlever les souliers afin de faire respirer nos pieds et de vérifier leur état. Madeleine a été la première à avoir des ampoules et elle ne s'en était pas rendue compte. Courageuse, elle alterne maintenant entre les chaussures de marche et les sandales.

Nous sommes arrivés aux Chutes de Plaisance vers 11h. Mais avant cela, on traverse le pont sur la rivière de la Petite Nation.

Nous étions les seuls visiteurs dans ce très beau parc. On s'est donc installé là pour faire une halte et manger notre lunch. La pluie a recommencé mais pour une courte durée.

Il nous restait encore 3,6 km à marcher avant d'arriver à Plaisance et à la maison des Soeurs du Sacré-Coeur. Sur la rue Ferron, il y avait une femme qui quêtait. Elle a demandé de l'argent à chacun d'entre nous: Denis lui a donné sa monnaie. Puis elle a demandé 5$ à Hélène et ensuite elle nous a demandé 10$. Alors que Diane lui a proposé une barre de céréale, elle a refusé prétextant qu'elle avait besoin d'argent pour s'acheter du bacon et des oeufs!

On s'est balancé sous la gazébo en attendant les Soeurs Hélène et Rollande et on est tous allé assister à la messe donnée par le même curé qu'hier qui officie dans plusieurs paroisses. Hier on a eu droit au sermon sur Tendre la joue gauche si on te frappe la droite (ou vis versa) et aujourd'hui sur Aimer les autres et même son ennemi. Il faisait un peu chaud dans l'église et subitement, je me suis sentie mal: étourdissements et mal au coeur. Quand j'ai commencé à voir des étoiles, j'ai dit à Diane que je sortais et elle m'a répondu que j'étais verte. De retour à la résidence après une bonne douche, je me suis sentie mieux. Ce soir aussi nous avons droit à notre chambre individuelle et avec en plus un ventilateur!

Une fois la messe terminée nous avons pris une collation avec Soeur Hélène, Soeur Rollande et le curé. On a passé un bon moment à discuter. Tout est super bien organisé par nos deux hôtesses Hélène et Rollande qui sont des femmes adorables. Elles ont de la sauce spaghetti à la viande de préparée et congelée pour tous les pèlerins. Elles nous laissent la cuisine et il ne nous reste plus qu'à faire cuire les pâtes et réchauffer la sauce à la viande et celle aux légumes pour Hélène et moi. J'ai presque traumatisé Diane Oeil de faucon car elle utilisait la même cuillère pour mélanger les 2 sauces et elle a fait le saut quand je lui ai dit qu'il ne fallait surtout pas faire cela. Je ne sais pas si c'est à cause de l'influence de ma belle-famille hindoue, mais je crois que la vache est devenue sacrée pour moi aussi. En tout cas, je n'aime mieux pas imaginer que je pourrais retrouver un morceau ou même un goût de viande, surtout du boeuf, dans mon assiette. Ce fût un très bon repas accompagné de salade verte et pain à l'ail.

 

On a fini la soirée sur la balançoire avec nos hôtesses à discuter de plein de choses mais aussi à chanter et elles connaissaient très bien les paroles de notre chanson thème : C'est comme ça qu'on est heureux que nous avons bien sur tous entonnés. Elles sont vraiment charmantes et si je ne me trompe pas se connaissent depuis 46 ans. On ne peut que constater la très belle complicité qu'il y a entre elles deux.

2012 Trek P04day17

''Le touriste exige, le pèlerin remercie.'' Citation qui se retrouve dans notre Guide du pèlerin et qui s'applique vraiment à ce que je vis car chaque jour je remercie la vie et apprécie tout ce que le Chemin m'apporte.

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