Mission accomplie! Après 25 jours de randonnée de jour et 3 de soir, répartis sur 3 hivers, je viens de compléter le sentier Rideau au complet, soit environ 330 km entre Kingston et Ottawa. 

Samedi 29 février: 12,7 km (12B - 13A) + 7,3 km (8E - 8G)

Je pense qu'il n'y a pas eu une seule fois que Diane et moi nous ne nous sommes pas égarées quelque part en auto pour se rendre au point de rencontre, au lieu d'hébergement ou sur le chemin de retour. Je me demande si en fin de compte ce n'était pas cela notre plus gros défi du E2E. Cette fois-ci c'est sur la Route 43 alors qu'on cherche en vain l'intersection avec Wood Road qu'on s'est perdu. Finalement, on a eu la chance de rencontrer Michel arrêté sur le bord de la route. On a donc juste eu à le suivre parce que lui savait ou il était.

Pour notre dernière fin de semaine, nous allons marcher de Smith Falls à Merrickville. Il y a plusieurs écluses dans le coin avec une baisse du niveau de l'eau de 11 mètres. Je ne suis pas vraiment charmée par la ville de Smith Falls. La large rue principale est toute en chantier. Ils refont les égouts et canalisations d'eau. Il a quelques belles bâtisses mais tout semble mort et les commerces fermés. Le sentier contourne la ville sur plusieurs kms. 

Avant d'arriver devant Tweed Inc, je détecte une forte odeur de marjuana. Je suis surprise par la grandeur de l'usine et amusée de voir que le poste de police est situé juste en face. Il parait qu'on peut faire une visite guidée des lieux. Voilà donc peut-être une raison de revenir visiter Smith Falls.

On passe plusieurs rues avec de vieilles maisons, puis sous le chemin de fer pour ensuite se retrouver sur Matheson Drive sur 4,9 km.

À la question de Diane ''Est-ce-qu'on en a long à faire sur le bord de la route aujourd'hui?'', Cécile répond sans ambages ''All the way!'' De quoi nous ''péter la baloune'' si on espérait encore marcher sur des sentiers bucoliques en forêt aujourd'hui mais aussi une occasion de bien rigoler en voyant la réaction des deux.

Heureusement la monotonie de la route est entrecoupée par de belles distractions visuelles, comme des traces d'animaux sur la neige que nous tentons d'identifier ou bien des clôtures en bois originales.

Tout le long de notre trajet, j'ai surtout admiré les nombreuses granges qui m'ont toujours fasciné et qui font pour moi le charme des campagnes canadiennes. Je suis aussi surprise de voir autant de superbes fermes en pierres.

Pas facile de trouver un endroit pour une pause pipi le long de la route. C'est presque l'heure du lunch et Michel va demander au Club du Forget Me Not si on peut utiliser leurs toilettes. Helen nous permet même d'utiliser les tables pour manger nos sandwichs. Quel bel accueil! 

Il est seulement 12h45 quand on termine notre marche de 12,7 km et il fait super beau avec - 5 degrés.

Diane et moi on décide d'accompagner Michel qui doit compléter une section de 5 km qui seront plutôt 7km et des poussières, entre le 8E et 8G. Michel a manqué une journée plus tôt cette saison et pour être en mesure d'avoir son badge et terminer son E2E comme moi dimanche, il a aussi marché vendredi.

Finalement Diane et moi on est super contente de chausser nos raquettes une dernière fois pour marcher dans le bois. C'est drôle mais même si on a déjà marché cette section il y a seulement quelques semaines, c'est comme si c'était nouveau. On redécouvre... peut-être parce que les conditions météo n'étaient pas aussi belles.

J'étais quand même bien contente de terminer car avec ces 2 h de plus, mine de rien, on a quand 20 km dans les jambes pour cette avant-dernière journée sur le sentier!

Dimanche 1er mars: 14 km (13A - 13E)

La journée pour cette grande finale s'annonce magnifique avec une température de -8 degrés et le soleil est encore au rendez-vous. 

Avec la journée d'hier le long de la route, je m'attendais à ce que ce soit à peu près identique dimanche pour se rendre jusqu'à Merrickville, mais pas du tout! À mon grand étonnement, on se retrouve la plupart du temps à marcher dans le bois, sur un sentier partagé avec les motoneigistes.

On marche aussi sur McConnell Road, une route enneigée avec seulement quelques maisons isloées et aucune auto qui passe.

On traverse une érablière. C'est bientôt la saison des sucres. 

Finalement, on a marché avec les crampons jusqu'à environ 1,5 km avant d'arriver à Merrickville. Cela nous aura pris 4 h pour faire 14 km.

Il est 13h et il fait -2 degrés quand on arrive au même endroit ou j'avais commencé 3 ans plus tôt à environ -39 degrés de ressenti. Je ne connaissais que Janice et David cette journée là et 330 km plus tard, je termine ce Winter End-to-End avec une nouvelle gang d'amis. 

Merci de cette réception à notre arrivée! L'espace d'un instant j'aurais pu m'imaginer franchir la ligne d'arrivée d'un marathon. Mon marathon aura duré 3 ans mais j'en suis fière. Michel et moi on est peut-être les deux seuls du Core Group à finir notre E2E cette année mais il faut savoir que parmi les autres marcheurs du groupe il y en a qui ont bien plus de mérite que nous car ils en sont déjà à leur 2e ou plus, à part Diane qui le complètera l'année prochaine.

Je n'aurais surement pas fait le Winter E2E si Janice et David ne m'en avaient pas parlé avec autant d'enthousiasme à l'automne 2017. Je n'aurais surement pas eu autant de plaisir si ce n'est parce que j'étais en si bonne compagnie. Je n'aurais pas autant appris sur la faune et la nature si je n'avais pas connu Howard Robinson qui a été un véritable mentor pour moi sur ce Rideau Trail. Même s'il nous a quitté beaucoup trop tôt, il était souvent dans mes pensées durant les marches de cette année. Je lui dédie mon Winter E2E.

Cette journée était d'autant plus spéciale pour moi car c'est un 1er mars que je suis arrivée au Canada pour m'y installer. C'était il y a 25 ans! Pour cette occasion, j'ai décidé de porter la même tuque qu'il y a 25 ans, acheté sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Ma première tuque à vie! Ce jour-là de mars j'avais trouvé qu'il faisait vraiment froid. Pour la petite Française fraichement débarquée de Paris qui détestait l'hiver et la neige, je crois que je me suis assez bien adaptée à mon nouveau pays. Et grace au défi du Winter E2E j'ai aussi testé mes limites et ma résistance à toutes les températures de l'hiver canadien.

Vendredi 7 février 2020: 

Chaque hiver le défi du Rideau Trail End-to-End comprend une marche au clair de lune. Pour ma 3e marche de quasi pleine lune les conditions sont excellentes. On a eu une grosse bordée de neige qui a commencé jeudi et qui s'est terminée quelques heures avant la randonnée. C'est de la belle neige poudreuse qui nous attend. La température affichée est de -9 degrés quand on commence et descendra à -12 à la fin.

Six d'entre nous ont eu le temps de se refroidir avant de commencer car on a du attendre 1/2 h une autre auto qui finalement n'attendait pas au bon endroit, ce qui a permis à Michel de faire la randonnée avec nous car il était lui aussi en retard à cause de la tempête de neige en venant d'Ottawa.

Le ciel s'est dégagé juste à temps pour que nous puissions bénéficier d'un bel éclairage. On n'aura même pas besoin d'allumer nos lampes frontales. C'est vraiment un autre feeling que de marcher dans la nuit avec nos ombres lunaires sur la neige mais le défi consiste à repérer les flèches oranges. On a tourné en rond quelques fois afin de trouver la flèche qui nous indiquait qu'on était bien sur le bon chemin. On a pu observer les étoiles tout en marchant et Janice m'a fait découvrir la constellation d'Orion. 

Samedi 8 février 2020 (8G - 9D) 13,6 km

Il fait un peu frais avec -21 pour commencer notre randonnée à 9h15 mais les conditions de neige sont exceptionnelles. Rien à voir avec la neige lourde qui collait après les raquettes de la fin de semaine précédente. Aujourd'hui on a le pied léger!

Très vite on se retrouve à tracer notre chemin dans le parc provincial de Murphy's point. John, notre leader, est en fait notre serre-file et on se relaye à tour de rôle pour ouvrir le sentier. Il n'y a rien qui remplace le plaisir de fouler de la belle neige poudreuse sous nos raquettes.

Bien que ce ne soit toujours pas chaud, je me réchauffe vite en bougeant et au bout de 15 minutes, je dois déjà enlever 2 épaisseurs. Par contre pour les pieds, cela me prend généralement une bonne heure avant que mes orteils reprennent vie.

Très beau point de vue sur le lac Big Rideau à partir de Black Anse Point.

À l'intérieur du parc, le sentier est parfois partagé avec des skieurs de fond mais ils sont plutôt rares. Il a quelques cabines en bois dont je ne connais pas l'histoire. C'est un endroit parfait pour une pause.

Pour protéger mes yeux sensibles au froid mais aussi pour éviter d'avoir les lunettes toujours embuées,  j'ai décidé de mettre mes lunettes de ski quand la température descend en bas de -10. Mais bon, c'est pas toujours efficace! Mieux vaut que je ne sois pas en avant quand j'ai de la difficulté à voir ou je pose ma raquette!

Cette section du Rideau Trail est très jolie avec plus de conifères, un cours d'eau et un pont. 

On est vraiment gâté pour la pause lunch. Il faut juste déneiger un peu les tables de pique-nique et on a l'endroit idéal sous les rayons du soleil qui nous réchauffe. Même pas besoin de gants pour manger notre sandwich!

On a maintenant quitté le parc provincial pour se retrouver sur des terres forestières privées.

Environ 3 km après la pause lunch, surprise! On rencontre le Groupe XL. Ils sont plus nombreux que nous, peut-être 14 et marchent en sens inverse. On a du mal à comprendre comment ils font leurs sections du E2E. La fin de semaine précédente ils étaient en retard sur nous car ils ont annulé une journée de marche et ce matin ils sont en avance car ils sont partis d'un point plus loin que notre point d'arrivée. Est-ce qu'ils sautent des sections du Rideau Trail ou est-ce qu'ils marchent plus de 20 km par jour? C'est un mystère! Donc à partir de ce point, nous n'avons plus besoin d'être vigilant vis à vis des flèches oranges puisqu'on n'a qu'à suivre les traces du groupe XL.

Il n'y a pas que les traces du groupe XL. Depuis une bonne partie de la journée, on suivait des traces de traineau et voici qu'on rencontre deux hommes qui trainent tout un équipement pour la pêche sur la glace. Le premier d'entre eux est rayonnant de bonheur. Avec passion il nous parle de sa pêche et nous montre avec fierté sa prise. Il nous décrit de façon presque poétique la beauté des écailles de son poisson. En à peine plus d'une heure, ils ont pêché tous leurs poissons. Un homme vraiment intéressant et inspirant qui comme nous partage la passion du plein air mais d'une autre façon. 

Il fait -11 et on a gagné 10 degrés quand on termine notre randonnée vers 15h pour un total de plein air de 5h40.

Dimanche 9 février 2020 (9D - 10C) 13 km

La température a dégringolé durant la nuit. Il fait -26 (sans le facteur vent) quand on se lève. Diane me fait remarquer l'intérieur de la porte de notre chambre qui a gelé.

Il fait -24 degrés et les quelques sauts en raquettes sous la direction artistique de Diane vont m'aider à réchauffer mes orteils au début de la randonnée à 9h.

Pas besoin d'ouvrir le sentier en cette 2e journée car le groupe XL l'a fait pour nous. On se retrouve à traverser une zone de conservation d'anciennes mines de mica. Littéralement il y a des trous un peu partout et c'est seulement vers la fin qu'on voir un panneau qui nous avertit du danger. Dans cette région, l'exploitation des mines de mica s'est arrêtée autour de 1912.

Comme il fait très froid, il vaut mieux s'arrêter plus souvent mais moins longtemps car à cette température on se refroidit vite.

Nous marchons maintenant sur une nouvelle section du Rideau Trail qui traverse des terres privées qui semblent être surtout utilisées pour la chasse. C'est d'ailleurs Burt qui a installé une partie de la signalisation.

Le sentier est varié et nous avons quelques obstacles à franchir mais rien ne nous arrête car on est devenu des pros avec nos raquettes. Quand il fait froid, personne n'a envie de les ôter pour les remettre aussitôt. Alors on joue les équilibristes au-dessus des échelles mais aussi sur une planche en bois qui longe une section marécageuse.

Il est 14h10 quand on termine et la température a grimpé de près de 20 degrés (-5) depuis le matin. On a donc parcouru nos 13 km en 5h10. On dirait qu'on a amélioré notre performance avec une moyenne de 2,5 km / heure! On aura donc parcouru un total de 30 km durant cette superbe fin de semaine dans la région de Perth.

Dimanche 19 janvier 2020 (6D-7C) (12 km): Après une fin de semaine annulée à cause de la pluie et de la pluie verglaçante, j'étais impatiente de chausser mes raquettes pour la première fois cet hiver. La veille, Janice, David, Diane et moi avons soupé au Tangled Garden et il neigeait déjà beaucoup. Cela aura valu la peine d'attendre car avec cette tempête de neige, on s'est réveillé au Station Motel de Westport avec environ 20 cms de neige fraîche.

Un petit rappel sur ce qu'est le Winter End-to-End: il s'agit de marcher l'entièreté du sentier Rideau entre Kingston et Ottawa durant les 2 mois les plus froids de notre hiver (entre janvier et février) sur un cycle de 3 ans, donc environ 100 km par hiver. J'ai complété ma 1ère section Merrickville-Ottawa en 2018 et ma 2e section Kingston-Westport (Bedford Mills) en 2019. 

Est-ce qu'on fait cela pour ramasser de l'argent pour une bonne cause? Et bien non. Alors qu'est-ce qu'on gagne à compléter ce défi? Financièrement, rien. Mais on a quand même droit à un badge Winter End-to-End! ''Alors, tu marches plus de 300 km l'hiver par des conditions parfois extrêmes juste pour avoir un badge?'' ont demandé certains proches de l'un des randonneurs du groupe. Je crois qu'il faut l'essayer pour comprendre pourquoi on le fait et je vous donnerai ma réponse quand je serai arrivée à mon point final, c'est à dire mon point de départ de 2018.

Je suis donc particulièrement excitée car c'est cette année que je prévois compléter ma 3e section Westport-Merrickville. Et pour faire changement, il ne fait pas en bas de -20 degrés pour débuter cette première randonnée de la saison. Donc à -14 degré je ne mettrai pas mes lunettes de ski! Avec toute la neige qui est tombée, je m'attendais à faire une randonnée en raquette super facile dans la neige folle.

Nous sommes 11 au départ à 9h30 et nous serons seulement 7 à l'arrivée, 6h30 plus tard! Alors qu'est-il arrivé? Il s'agit d'une randonnée de 12 km dont à peu près la moitié sur du plat en longeant une route de campagne. Comme David le dit toujours, en hiver avec les raquettes ou les crampons et toutes les pauses, il faut compter en moyenne du 2 km/h. On n'a pas dérogé à sa règle.

C'est avec plaisir que Diane et moi avons retrouvé Pat, Burt, Janice, David et Michel, des compagnons de marche de l'hiver dernier. Il y a aussi Cécile, John et Bill Murdoch (qui à 86 ans doit être le doyen du groupe) avec qui j'ai déjà marché il y a 2 ans. Et il y a un nouveau, c'est Robert. 

Avant de s'engouffrer dans le bois, on passe devant le moulin de Bedford. La rivière a un fort débit et le paysage enneigé est magnifique. 

Ça commence plutôt raide! On n'a même pas fait un km, Janice marche avec précaution en avant car sous la couche épaisse de neige folle il y a une couche de glace et parfois de grosses roches. Il est donc difficile de sentir les obstacles. À la première descente, Janice et moi sommes les seules à être restées debout car nous étions passées en premier. Tous les autres se sont retrouvés sur les fesses. Mais jusque là, tout va bien et tout le monde rigole.

À la 2e pente, je suis en bas avec Burt et on voit Pat tomber. En entendant son cri de douleur, il est clair qu'elle s'est blessée. Sa raquette est restée prise probablement sous une branche. Elle arrive quand même à se relever et à marcher. Elle ne peut plus continuer la randonnée. Elle part avec Burt et Bill qui connaît un ancien chemin qui mène à la route. On apprendra plus tard que la pauvre, elle s'est cassée une jambe. 

Peu de temps après, Robert le nouveau en arrache. Il a de la difficulté à suivre le groupe et comble de malchance il enfonce sa botte dans l'eau et devra continuer à marcher avec un pied mouillé.

Un autre défi nous attend. Une section du sentier est super étroite avec une paroi glacée et plus bas un lac. Finalement on decide de descendre avec la corde et de marcher au bord du lac.

Michel, Robert et Diane ont choisi de rester en haut et cherchent un meilleur endroit pour descendre, mais c'est encore pire. Je ne trouve pas que c'est une bonne idée car sans le balisage le risque qu'ils se perdent est trop grand. Ils vont finir par revenir sur leurs pas et descendre au même endroit que nous.

Quand on finit par rejoindre le Highway 10, Robert a le choix de continuer avec nous ou bien d'attendre Bill. Il décide d'arrêter car c'est trop difficile pour lui. Je ne crois pas qu'il ait eu de fun du tout mais il nous a quand même dit avant de se dire aurevoir qu'il avait beaucoup d'admiration pour ce qu'on faisait. Bill a abandonné l'idée de nous rejoindre et est en chemin vers son auto.

À ce point-ci, le ''CORE'' GROUP n'a jamais été aussi désorganisé. Pat et Burt sont en route vers l'hôpital. Bill est quelque part en train de marcher seul en direction de son auto. Robert marche seul 1 km pour rejoindre l'intersection ou Bill devrait passer le prendre une fois qu'il aura récupérer son auto. Et moi je fais partie des 7 qui continuent la randonnée.

En fait, le plus gros défi de la journée pour la plupart d'entre nous aura été de ne pas s'enfoncer dans l'eau. On a du traverser à plusieurs endroit des cours d'eau recouverts de neige et d'une fine couche de glace. C'était stressant parce qu'on entendait l'eau couler en dessous, parfois la glace craquait et on n'était jamais certain si la raquette et la botte allait passer à travers. C'est pas que l'eau était profonde mais finir une randonnée les pieds mouillés comme c'est arrivé à plusieurs c'est pas très agréable. Habituellement, je suis la champione pour tomber dans l'eau et bien là, cela ne m'est pas arrivé!

Samedi 16 février 2019  (8,7 km)

Pour cette 6e et avant-dernière marche de la saison Winter E2E, nous commençons à 8h40 au stationnement de Skycroft, un sentier balisé bleu qui nous mènera jusqu'au point 06A, et nous allons marcher en direction de Kingston.

Quel bonheur car c'est une belle journée ensoleillée et douce (-6 degrés), idéal pour la raquette. 

On a seulement 8,7 km à faire mais il ne faut jamais sous-estimé ce que ce sentier nous réserve car on est dans le bois et on commence déjà par un cours d'eau à traverser.

Il semble y avoir plusieurs sentiers de randonnée dans ce secteur et les pancartes en bois sont parfois un peu mélangeantes.

Je suis toute excitée quand j'aperçois un porc-épique dans les branches en haut d'un arbre. Pour une fois que j'aperçois un animal la première! Et cette fois-ci je peux le prendre en photo même s'il est un peu loin.

Côté température c'est notre plus belle journée de marche. J'apprécie chaque moment et le bruit dans la neige à chaque pas que je fais est une douce musique à mes oreilles. Il n'y a pas de juste mot pour décrire ce plaisir.

C'est beau, beau, beau les paysages de lac, de neige, de cours d'eau et de ciel bleu! 

On fait une pause snack au bord d'un lac gelé. J'adore ces étendues blanches.

On n'a pas le temps de s'ennuyer car quand on pense que cela va être plus facile, il y a ou bien une belle côte à monter ou une côte à descendre. Mais on a pris de l'assurance et on avance gaiement.

On est même devenu des pros de la glissade en raquette. Et on a beaucoup de fun!

Le prochain obstacle sur notre chemin sera un barrage de castor à traverser. Diane ne pourra pas dire que le sentier est ennuyeux.

Quand il n'y a pas de relief, c'est souvent parce qu'on longe un lac.

Trouver un arbre mort et bien sur un endroit abrité du vent, c'est l'idéal pour la pause lunch. Et c'est encore mieux quand on a la vue sur le lac.

Enfin, on marche sur une section plate du sentier et sans embûche...

Mais malgré tout, notre leader Howard trouve le moyen de briser une de ses raquettes. Heureusement, qu'on a des bricoleurs et que David a toujours ce qu'il faut dans son sac. Avec du duck tape et une sangle, la raquette est réparée.

Prochain et dernier obstacle de la journée: une échelle.

C'est ici à la marque orange du point 5F que nous félicitons Gary qui vient de compléter son Rideau Trail End-to-End qu'il vient de marcher dans une année et couvrant les 4 saisons.  

Il nous reste 500 m à parcourir sur un sentier balisé bleu pour retrouver les autos à Upper Rock Lake. Il est 13h10 après 4h30 de marche et il fait -2 degrés quand nous arrivons. C'est le plus tôt qu'on ait terminé cette saison mais Diane n'en revient toujours pas car elle ne pensait pas un jour pouvoir dire qu'elle marche du 2 km / heure. Finalement, peu importe les distances et les difficultés, on finit toujours par marcher du 2 km / h avec nos raquettes. Rien ne sert de courir, il faut prendre son temps!

Et pour couronner cette superbe journée, Jack a organisé une célébration surprise en l'honneur de Gary. Le Rideau Trail E2E, ce sont aussi des rencontres et des moments privilégiés avec des gens qui partagent le même amour pour la nature, pour la marche et qui surtout apprécient et profitent de l'hiver canadien. C'est l'esprit du Chemin!

3 février 2019 (12.9 km) 5F - 5C

Qui a dit dans notre groupe que la journée de dimanche serait plus facile et qu'on devrait finir bien plus tôt? Pour vous donner une petite idée, David porte toujours un gros sac à dos. Alors que samedi on s'est régalé avec la grosse barre de chocolat Toblerone qu'il avait accroché à son sac, dimanche, c'est sa double corde qui nous a réconforté.

À la météo, c'est de la pluie verglaçante qui est au programme mais plutôt dans l'après-midi. Une fois de plus le Groupe XL a décidé d'annuler leur journée de marche alors que nous sommes 11 marcheurs du ''Core Group'' sur la ligne de départ du Upper Rock Lake Side Trail. Afin d'éviter le plus possible la mauvaise température, le départ se fait à 8h55. Il fait -10 degrés, le ciel est couvert et cette fois-ci même Michel a décidé de mettre ses raquettes. 

Un petit groupe de marcheurs sont partis juste avant nous et nous les croiserons sur leur retour un peu plus tard. Ils vont donc tracer le chemin pour nous sur la première section. Aujourd'hui, nous marchons en direction de Kingston et suivons donc les flèches oranges avec la pointe jaune.

On a 2.6 km à marcher avant de rejoindre la longue section plate du Cataraqui Trail. La neige est belle et on est dans la forêt mais bien vite, on retrouve du relief. On commence à monter et à redescendre.

Et voilà le saut d'obstacles avec raquettes qui commence. Cette fois-ci, Diane montre l'exemple et nous emboîtons le pas sur les marches de l’échelle en bois sans même quitter les raquettes.

Prochaine étape: une glissade à travers bois. C'est plus facile que d'essayer de rester debout avec des raquettes aux pieds. 

Comme on peut le voir sur les prochaines photos, nos premiers kms de randonnée n'ont rien de monotone. Après avoir traversé un petit cours d'eau, on doit remonter la pente assez raide.

Et voici une autre descente style libre. Alors que certains embrassent les arbres, il y en a qui se pense en ski ou bien sur un roller coster avec les bras dans les airs. Et moi, je m'enfonce dans la neige.

Michel qui en est seulement à sa 2e expérience en raquettes a pris la tête et il trace le sentier, suivi de Diane et je suis en 3e position, jusqu'à ce que je le vois s'élancer et disparaître du haut cette crête. Quand j'arrive en haut, Diane est déjà en bas et je regarde avec consternation la pente abrupte devant moi. En glissant, une partie de la neige a laissé place à de grosses roches glacées. J'hésite car je n'ai pas de prise et si je dérape, je risque de débouler dans le ravin.

Finalement, c'est là que David sort 2 cordes de son sac à dos qu'on attache ensemble et qu'on enroule autour de l'arbre. En se laissant glisser de côté tout en tenant la corde, j'ai pu descendre en toute sécurité. Je n'ai pas vu comment les autres sont descendus mais je pense qu'ils ont du aussi apprécié cette aide. Décidément, c'est toute une aventure que ce Rideau Trail!

Nous traversons un autre petit pont. C'est la dernière remontée avant de rejoindre le Cataraqui Trail.

Nous avons 7 km à marcher sur ce sentier pratiquement rectiligne et surtout plat. Il est aussi emprunté par les skidoos. On en rencontrera plusieurs. Le groupe a pris sa vitesse de croisière car le sentier est bien tapé. Par contre, la pluie verglaçante est commencée.

Howard nous a dégoté une belle caverne à l'abri de la pluie, avec le bruit de l'eau qui coule sous une mince couche de glace et une stalactite de glace comme décor. C'est l'endroit rêvé pour un pique-nique hivernal.

On vient tout juste de quitter le Cataraqui Trail et nous allons retourner dans le bois.

Nous avons le plaisir de rencontrer notre prochaine échelle.

À la 3e échelle, il n'y a plus personne qui pense même à enlever les raquettes. On devient habitué et on peaufine notre technique.

Et à la 4e échelle, on est devenu des vrais pros. Même le cheval et le poney qui nous observent de leur enclos n'en reviennent pas.

Je crois que le saut d'échelles s'est arrêté à 5 mais j'ai arrêté de compter. Tout ça pour dire que grimper une échelle avec des raquettes n'a plus de secret pour le CORE Group. Cela fait partie de notre bagage d'expérience. 

Quand on rejoint la route, je pense que c'est la dernière ligne droite, surtout quand j'aperçois au loin l'auto de Diane. On jubile toutes les deux d'impatience car la journée a été longue et avec celle d'hier, la fatigue commence à se faire sentir dans les jambes.

Mais surprise, ce n'est pas terminé! Le sentier Rideau bifurque sur la gauche et on a une autre échelle qui nous attend ainsi qu'une petite section dans le boisé avant d'arriver enfin à nos autos à 14h55, après 6 h de crapahutage en raquettes. Il fait -4 degrés. Et voici notre avant-dernière fin de semaine qui vient de se terminer dans la joie et la bonne humeur.