20 janvier 2019 (4B à 4F): 11,7 km

Il fait encore -20 degrés et malgré le froid, on a eu une tempête de neige avec beaucoup de vent durant la nuit. On craint qu'il y ait de la poudrerie mais on est chanceux car la déneigeuse est déjà passée. Par contre, la visibilité n'est pas très bonne. On a rendez-vous à 8h15 au stationnement du parc Frontenac. Avec Janice, David et Diane, nous sommes les premiers arrivés. Si par hasard on pense que notre défi du Rideau Trail l'hiver est un peu fou et bien il y a toujours plus fou que soi. Alors  qu'il a fait environ -30 la nuit dernière, on rencontre 2 hommes qui tirent chacun une luge bien remplie. Ils viennent de marcher 2 kms et reviennent de camper dans le parc. À chacun son défi!

Quand Howard et Mary nos leaders du groupe arrivent, j'apprends avec étonnement que le groupe XL a décidé d'annuler leur randonnée du jour. Apparemment la tempête de neige fait rage à Kingston mais aussi à Ottawa alors qu'ici il a du tomber au maximum 10 cm et c'est presque terminé. Après discussion et avoir évalué différents scénarios, les 6 marcheurs du Core Group, décidons de nous en tenir au plan initial. Nous marcherons 11,7 km du 4B au 4F. Je suis tout à fait d'accord avec David qui dit qu'on ne peut pas abandonner avant même d'avoir essayé et si cela devient trop difficile pour l'un d'entre nous, nous ferons demi-tour. Je n'étais pas du tout préparée à l'éventualité d'une annulation car je m'étais fait dire que depuis 2003 il n'y avait eu qu'une seule journée de marche d'annulée. Il me semblait qu'avec la belle neige fraîche, les conditions étaient idéales pour la raquette.

Petite parenthèse pour ceux qui se demandent quelle est la différence entre le Core group et le XL group. En fait, on marche tous le Rideau Trail les mêmes fins de semaine mais ceux qui sont avec le XL group sont sensés parcourir de plus longues distances (15-20 km par jour) et le Core group 10 à 15 kms. On rigole un peu car techniquement le groupe XL devrait être en avance sur nous mais avec leur journée d'annulée, est-ce qu'on va se retrouver en avance? Est-ce qu'on devrait rebaptiser notre groupe?

Il y a unanimité dans le groupe. Tout le monde décide de mettre les raquettes. Je suis super contente et excitée car c'est ma première sortie raquettes de l'hiver et mis à part le froid, les conditions sont idéales. Finalement, après toutes nos discussions ''on part, on part pas''... on a pris un peu de retard et c'est seulement à 9h45 que nous démarrons. Il neige encore un peu.

La marche est loin d'être monotone. On commence tout de suite à marcher dans le bois et avec la neige poudreuse sous nos pieds, c'est magique. Il y a quelques ponts et sections qui doivent être marécageuses au printemps et en été à traverser. On se retrouve à la jonction de plusieurs Blue Loops.

La journée ne sera pas facile. Cette section présente de nombreux défis et notre condition physique sera mise à rude épreuve car nous sommes dans une zone boisée avec très peu de plat. Cela monte ou ça descend et parfois de façon abrupte. Très vite je me réchauffe et je dois retirer une épaisseur. Je ne sais pas si c'est le fait de marcher avec les raquettes ou bien à cause du relief mais on ne souffre absolument du froid alors qu'il fait seulement 2 à 3 degrés de plus que la veille.

Le ciel se dégage et nous profitons d'une zone à l'abris du vent et au soleil pour faire une pause pour le lunch. Cela n'avance pas aussi vite qu'on le pensait.

L'après-midi continue avec toujours autant de montées et de belles descentes aussi. La partie la plus belle est quand on est sur la crête et qu'on longe le lac Gould. La vue est splendide.

C'est dans des moments comme ceci que je n'ai plus besoin de me demander pourquoi je fais ça. Être dans la nature, devant tant de beauté et en testant nos limites, c'est ça la liberté!

Diane a pris la tête et bien que ce soit plus exigent car il faut fouler la neige fraîche, elle est infatigable. 

On est récompensé par nos efforts et je peux dire que c'est jusqu'à présent ma plus belle journée sur le Rideau Trail. C'est tellement beau et la neige est idéale. En plus, nous sommes vraiment tous seuls à marcher. C'est rare de pouvoir tracer ainsi un chemin avec nos raquettes car c'est une activité qui est devenue tellement populaire dans le parc de la Gatineau que tu n'es jamais le premier sur la trail. Ici on est en terrain vierge.

Plus la journée avance plus le silence s'installe. Je savoure ces moments d'effort seule avec moi-même et en même temps connectée avec le groupe. C'est pas facile car avec les raquettes l'effort est décuplé mais personne ne se plaint car on est là par plaisir pour embrasser l'hiver et non le subir. Certains du groupe ont déjà complété le défi au complet (c'est à dire 3 hivers de suite) et le recommencent pour la 2e fois. Comme le dit David en rigolant: c'est parce qu'on s'en rappelle plus d'une année à l'autre, sinon c'est pas sur qu'on recommencerait!

Et bien j'espère m'en rappeler car c'est vraiment une expérience extraordinaire vécue avec des gens extraordinaires. 

Et c'est reparti avec encore des montées et des descentes. On voit le travail des animaux, comme cet arbre qui vient tout juste d'être sectionné par un castor. Il y a aussi beaucoup de traces d'animaux dans la neige.

Un peu avant de quitter la zone de conservation du lac Gould, nous avons la chance de voir une chouette rayée perchée en haut d'un arbre. On s'observe mutuellement. C'est la première fois que j'en vois une. Malheureusement après quelques photos, le froid a eu raison de mon appareil photo.

Les derniers pas se font sur Salmon Lake Road et juste avant d'arriver au stationnement, on est accueilli par un porc-épic qui à ma grande surprise est lui aussi perché sur une branche d'un arbre. Je ne savais pas qu'ils grimpaient aux arbres. Je n'ai pas pu le prendre en photo.

Après presque 6h de marche, nous retrouvons avec joie nos autos. Il est 15h40 et j'ai déjà hâte à la prochaine randonnée...

18 janvier 2019: Harrowsmith à Murton Road (6.9 km)

Pour compléter le défi du Rideau Trail d'hiver, il faut aussi marcher un soir, soit le vendredi le plus proche de la pleine lune. Je n'ai que peu d'expérience dans la randonnée de nuit mais j'adore cela car les sens sont décuplés et notre vision et ressenti changent.

Nous sommes chanceux car la lune bien que partiellement voilée nous éclaire suffisamment pour qu'on puisse se passer de lampe frontale. En plus, il fait doux (entre -4 et -2). Rien à voir avec la marche de nuit glaciale de l'an dernier.

Le départ est toujours un peu lent car il faut s'entendre pour le covoiturage et nous sommes encore très nombreux car les 2 groupes (CORE et XL) font le même trajet. Par contre, le groupe XL partira avant nous et nous ne les reverrons pas de la soirée. Dans le ''CORE GROUP'' qu'on pourrait traduire comme le noyau du groupe, nous ne sommes que 11 mais de joyeux lurons.

Partis à 19h40, la marche se fait sur le plat, essentiellement sur le K&P trail. La plupart mettront leurs crampons pour la tranquilité d'esprit mais il n'y a que peu de neige et cela ne semble pas glacé. Il nous faudra 1h40 pour compléter les 6.9 km de cette section du Rideau Trail.

En chemin, on est rejoint par 2 femmes qui faisaient partie du groupe XL mais qui ont manqué le stationnement lors du covoiturage et le leader de leur groupe ne s'est jamais aperçu qu'il lui manquait 2 marcheuses dans son groupe.

Les hivers se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que j'avais commencé par des températures glaciales de -39 degrés la première partie de ce Rideau Trail en janvier 2018, il fait seulement -1 degré et la neige est presque inexistante sur le sol de Kingston pour le début de cette 2e saison. Après la section d'Ottawa, je continue donc avec la section de Kingston.

5 janvier 2019 (1A - 2A) 17.4 km

Et bien non, il ne s'agit d'une manifestation de gilets jaunes mais bien de la coordination du départ de 36 randonneurs qui signent la feuille de présence et écoutent les instructions avant de se séparer en 3 groupes avec un leader et un serre-file pour chaque groupe. 

Tout est rondement mené et bien organisé pour ce nouveau départ. Je suis heureuse de constater que la plupart des randonneurs de mon groupe de l'hiver dernier sont encore là cette année. Pour certains, c'est leur 3e et dernière section, pour d'autres qui l'ont déjà complété c'est un nouveau cycle et il y a aussi les nouveaux, comme Diane, qui font leurs premiers pas sur le Rideau Trail.

Il est difficile de comprendre la logique de ce défi. J'ai arrêté de me poser des questions. Alors que l'hiver dernier, nous marchions toujours en direction de Kingston (flèches oranges avec le bout jaune), cette fois-ci nous suivons la direction d'Ottawa, donc les flèches oranges.

Ce qui est plaisant dans ce sentier c'est que même en ville, on peut se retrouver sur des sentiers boisés et de campagne. Pour les premiers 5 km, même si on est à Kingston, on se retrouve à marcher dans la nature avec les crampons car le sentier est glaçé. 

Il y a aussi beaucoup de variété. Cette journée en est une riche en histoire. Après avoir traversé la voie ferrée, plus loin, nous passons en-dessous pour arriver directement dans la gare de Kingston, l'endroit idéal pour une halte pipi. Une étrange horloge grand-père attire mon attention car elle détonne dans le style moderne de la gare. Je découvre qu'il s'agit de l'horloge de l'ancienne gare.

Prochaine découverte, le superbe cimetière ou le premier Premier Ministre du Canada Sir Macdonald a été enterré. La ballade est vraiment belle avec des arbres majestueux.

Nous nous retrouvons ensuite à marcher sur le chemin de l'ancienne voie ferrée de Kingston à Pembroke. Il est midi et nous avons 10.2 km dans les jambes quand nous atteignons le stationnement 02A. C'est là que des bénévoles du RT de la section de Kingston nous attendent pour nous conduire jusqu'au point 01A, c'est à dire le km zéro du RT dans le parc de la Confédération en face de l'hôtel de ville. C'est là que le sentier commence officiellement. En fait, le point de départ du Rideau Trail, tout comme l'arrivée ou point de départ d'Ottawa ont été modifiés au fil des années.

Après une pause lunch au chaud à l'intérieur, nous voici reparti pour la dernière section de la journée, encore 7 km le long du lac Ontario. En chemin, j'admire l'architecture des maisons et le bord de l'eau. Même les canards sont au rendez-vous. Ils profitent de la douceur.

Il est 14h45 quand nous retrouvons nos véhicules. Après une journée de 17.4 km et 6 heures de marche, Diane et moi on est bien contentes de notre journée mais surtout d'arriver. Cela tire un peu dans les jambes. Cela devrait être notre plus longue marche de la saison.

Demain, on a encore une bonne journée de marche qui nous attend...

Quelle fin de semaine idéale pour ce nouveau tronçon du Rideau Trail et avec un bonus! On commence par une marche au clair de lune vendredi soir. La chance est avec nous car le ciel est totalement dégagé mais la contre-partie c'est qu'il fait à nouveau un froid arctique entre -20 et -30 degrés. Pas question de se plaindre, il s'agit juste de s'habiller en conséquence. Comme je n'ai pas l'habitude de marcher seule dans le bois la nuit, je ne voulais absolument pas manquer cette occasion. 

Avec mes 8 compagnons de marche nous allons faire une partie de la boucle bleue de Lime Kiln (18BB à 18BA) et jusqu'aux ruines d'un ancien four à chaux. On marche dans la forêt en silence en file indienne avec la lampe frontale. Il fait noir car à 19h la lune n'est pas encore à l'horizon mais le ciel étoilé est magnifique. Le seul bruit c'est celui de nos crampons qui s’agrippent dans la neige glacée. C'est seulement vers la fin de nos 5.5 km de randonnée qu'on aperçoit enfin la lune, d'une superbe teinte orangée.

Samedi 3 février 2018: 10 km (18A à 17A) de 9h25 à 11h40

J'ai bien cru que j'allais manquer le groupe. Dernière arrivée, après un lever difficile ce matin. Il faut dire que la soirée d'hier s'est terminée au pub et je me suis couchée un peu tard à mon goût. Heureusement, c'est une petite randonnée facile de 10 km qui nous attend.

On démarre avec une température d'environ -16 degrés et bien que ça se réchauffera tranquillement jusqu'à -8, le vent qui souffle dans les étendues plates et dénudées nous fouette le visage.

Alors que j'étais distraite à sortir ma bouteille d'eau, je trouve le moyen de glisser sur une plaque de glace.  Au moment ou je m'étale de tout mon long, Michel part en courant sauver ma bouteille partie valdinguer dans le fossé. Après coup, il s'est senti un peu mal de penser d'abord à la bouteille plutôt qu'à moi. Mais il y avait déjà deux autres compagnons de marche juste à côté qui se sont aussitôt portés à mon secours. J'exagère un peu. Je me suis à peine éraflée la paume de la main et je devrais être bonne pour tout au plus une ecchymose. 

Une fois de plus, il suffit de regarder autour de soi pour admirer comme la nature se livre à nous dans toute sa simplicité. Je suis épatée de voir que les animaux ne semblent pas dérangés par le froid, ni les chevaux, ni les vaches avec leur pelage d'hiver. 

Mais le clou de la journée, c'est vers la fin de notre randonnée. Alors qu'on longe la route, on est intrigué par plusieurs voitures stationnées sur le bord et un marcheur avec sa caméra. Il pointe son doigt vers le sommet d'un poteau en bois. Et c'est alors que je vois pour la première fois l'oiseau emblème du Québec: un harfang des neiges! Quelle excitation! Décidément, ce Rideau Trail me réserve de bien belles surprises même dans les endroits ou on s'y attend le moins.

Dimanche 4 février 2018: 11 km (18G à 18A) de 9h10 à 12h30

On n'aurait pas pu demander mieux en ce dimanche matin. Il a neigé une bonne partie de la nuit et cela va continuer à tomber durant nos 3 heures de marche. Avant de partir, il faut décider quoi chausser. Il est déjà tombé entre 5 et 10 cm de neige fraîche alors j'opte pour les raquettes. J'ai aussi laissé tomber une épaisseur de vêtement car il fait doux, entre -4 et + 1 degrés.

Je ne pensais pas qu'il y avait autant de boisé si proche d'Ottawa. À part au début et à la fin, on va marcher seulement sur des sentiers dans la forêt. Avec la neige qui s'accumule sur les branches des arbres et qui continue de tomber, le paysage est féerique. Je ne me lasse pas de tant de beauté.

La marche en forêt sous la neige a un effet calmant. Les conversations se font plus rares et nos pas se synchronisent.

Bien sur avec la neige et les raquettes aux pieds, l'effort est plus soutenu qu'hier. Et contrairement à la veille, des mini pauses sont les bienvenues.

En tout cas, je n'en reviens pas de voir comme le sentier est bien balisé. Il y a des flèches oranges à des distances très rapprochées. Les endroits ou tourner sont aussi bien indiqués et si on se trompait, on se rendrait vite compte qu'il n'y a plus de flèche orange. À plusieurs endroits, on trouve ces panneaux bilingues qui nous rappellent que nous marchons sur le Rideau Trail entre Ottawa et Kingston.

Avant de traverser Old Richmond Road, on a failli assister à un accident avec une auto qui a voulu s'arrêter pour nous laisser traverser mais le pick-up en arrière, visiblement distrait et trop proche, a évité de justesse l'auto en la contournant.

Vers midi trente nous sommes de retour aux autos. Ces marches d'hiver sont tout à fait fabuleuses car jamais pareilles. On est à la merci de dame nature qui un jour nous offre un ciel azur avec un froid cinglant et le lendemain de la douceur et de beaux flocons. Cette fin de semaine nous avons donc été vraiment choyés. Et en plus d'un clair de lune fabuleux, on a fait cette rencontre avec le harfang des neiges. 

Alors, quoi de plus dame nature peut nous offrir dans deux semaines, pour la dernière de la saison jusqu'à Ottawa?

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà demandé de quoi cela avait l'air une Française qui part en randonnée par -40 degrés? Et bien voici la réponse! Ou plutôt, ça c'est la tête d'une Française qui se prépare la veille d'une journée polaire au Canada et qui se demande ''Mais qu'est-ce qui m'a pris de m'embarquer dans une galère pareille?''

Pourtant, il y a 2 mois, quand j'ai rencontré Janice et David qui m'ont parlé du challenge du Winter End-to-End de l'association du Rideau Trail, ce sentier de 327 km qui relie Kingston à Ottawa, cela m'est apparu comme idée géniale. Il s'agit de marcher le sentier en hiver, 4 fins de semaines de janvier et février incluant une marche de pleine lune, et ce en 3 sections. Ce qui veut dire qu'il faut 3 hivers pour terminer le challenge. Et cette année, c'est la section entre Merrickville et Ottawa qui est proposée. Quelle belle façon de profiter de l'hiver que de marcher avec un groupe et de découvrir un nouveau sentier de longue randonnée! Enfin, ça c'est ce que je pensais cet automne...

Depuis Noël on a un froid polaire et je m'entraîne à marcher pratiquement tous les jours, alors je pense être prête pour le défi. Sauf que vendredi je réalise qu'en plus de la température polaire, cette fois on a aussi un vent polaire, ce que je n'ai pas encore expérimenté. Alors vendredi soir, le doute commence à m'assaillir. Je n'ai jamais fait de randonnées par -25 (-40 avec le vent). En plus, sur Radio Canada et les autres média, ils n'arrêtent pas de nous faire peur avec des messages alarmistes du style: ''En 10 minutes d'exposition c'est le risque d'engelure." Ou bien ''Les engelures c'est très grave et peuvent même mener à l'amputation''. Je vérifie plusieurs fois mes courriels, en souhaitant presque recevoir un message libérateur qui me dira que la randonnée est annulée pour cause de froid extrême.

Et bien non, rien de cela! Alors qu'à cela ne tienne: aux grands froids, les grands moyens! Si le Dr Stanley Volant a été capable de marcher 5800 km jusqu'à Kujuak en hiver, je dois bien être capable de faire une petite randonnée de 9.8 km par -40. Pour cela, je décide de couvrir tous les pores de mon visage. Ce que j'ai trouvé de mieux c'est la cagoule, le cache-nez et les lunettes de ski. Me voici donc requinquée et je reprends confiance en moi.

Samedi 6 janvier 2018:

Une chance pour cette première journée polaire, la marche est presque linéaire sur le bord de la route et d'une durée de 9,8 km. À ma grande surprise, je retrouve 10 autres marcheurs, tous des habitués du Rideau Trail, dont celui qui est à l'origine de ce merveilleux défi qui dure depuis 10 ans. Donc pas besoin de raquettes pour cette marche et je laisse aussi mes bâtons dans l'auto.

Après les 5 premières minutes, le corps s'ajuste et tout semble bien aller. Par contre, je fais l'erreur de soulever mes lunettes de ski pour les réajuster et je me retrouve les lunettes complètement embuées. Je marche à l'aveuglette sur une centaine de mètres avant que les lunettes commencent  enfin à s'éclaircir. Heureusement le sentier est tout droit.

Le seul endroit ou l'on quittera le bord de la route, sera à l'écluse de Nicholsons qu'on traverse et ensuite une marche d'une quinzaine de minutes dans un pied de neige. Finalement, je me suis bien habillée: sous-vêtements en laine Merinos, veste polaire, veste en duvet et coupe-vent, 2 paires de mitaines, bas en laine Merinos et semelle de mouton. J'ai même eu un peu trop chaud et ai du déziper mon coupe-vent.

En ce jour 1, nous avons donc marché de Burritts Rapids (14B) à Merrickville (13E) en à peu près 2 heures. Il y a eu juste une personne qui a eu une engelure mineure à la joue. Le rythme de marche était soutenu avec juste une petite pause pour boire une gorgée. Janice m'a rassuré en me disant que ce n'était pas toujours comme cela, car demain c'est une marche de 14.8 km qui nous attend et je ne pense pas pouvoir maintenir la cadence à un tel rythme si longtemps!

Dimanche 7 janvier 2018:

Avec le redoux annoncé, je me lève confiante et optimiste jusqu'à ce je réalise qu'il fait encore -30 degrés. Pour cette deuxième journée, nous marchons 14,8 km de Roger Steven Drive (15B) à Burritts Rapids (14B), là ou nous avons commencé hier. Oui c'est un peu bizarre. On a bien essayé de m'expliquer la logique mais je ne l'ai pas encore comprise. Bref, on marche dans la direction de Kingston mais en se rapprochant d'Ottawa à chaque jour.

Oh! Surprise! Le groupe s'est agrandi. Nous sommes 13 au départ. Il est 8h et la lumière est magnifique. Par contre, la température est encore de -30 degrés en partant. Je stationne mon auto à côté de l'église de Burritts Rapids et j'embarque avec 4 autres personnes pour nous rendre au point de départ. 

Il y a deux groupes de marcheurs qui font le End-to-End. Par chance, j'ai joint le Core group, celui qui fait de plus petites distances (entre 12 et 15 km). Je pensais qu'il s'agissait d'un groupe plus mollo. L'autre groupe marche entre 15 et 20 km. Hier, ils ont ouvert le sentier que nous faisons aujourd'hui et ils ont terminé à 16h30. J'aime mieux pas imaginer comment j'aurais été dans ce groupe là car honnêtement j'ai pas trouvé ma journée facile. 

Certains ont décidé de marcher avec les crampons. D'autres comme moi ont choisi de mettre les raquettes. Je ne l'ai pas regretté car on a marché la plupart du temps dans le bois avec aussi quelques trails de skidoo. C'était vraiment plus beau et plus intéressant qu'hier mais aussi plus exigent.

On ne s’ennuie pas et il y a de l'aventure dans l'air. Au bout de quelques kms, John le leader du groupe a disparu. Il a perdu son téléphone cellulaire. Il part à sa recherche et 2 autres marcheurs font demi-tour pour l'accompagner. Les 10 autres marcheurs continuent. Finalement, il le retrouvera proche de ce pont mais on ne reverra pas les 3 marcheurs car ils ne nous rattraperons pas.

Je découvre les limites de mon appareil photo. A -30 degrés, il décide que c'est assez et ne veut plus fonctionner. Alors ce seront mes dernières photos. Dommage car il y avait de beaux paysages dans le bois.

Aujourd'hui, j'ai quand même pu constater que la signalisation sur le chemin est très bonne. On suit les flèches oranges avec le bout jaune (indique la direction de Kingston) et il y en a tout le long. Donc si on est attentif, il devrait y avoir peu de chance de se perdre.

J'ai bien apprécié ma journée mais c'est tout un défi. Le rythme de marche est assez soutenu. On a fait quelques pauses mais de très courte durée pour ne pas se refroidir. Heureusement, la température est devenue plus clémente. Vers midi il faisait un gros -12. J'ai commencé à sentir les pieds qui me chauffaient en-dessous, signe avant coureur d'ampoule. Mais, comme cela ne me tentait pas de mettre mes pieds à l'air, j'ai décidé d'ignorer le tout. La prochaine fois, je mettrai aussi de l'Hypafix sous les pieds.

On est arrivé à 14h, donc 5 heures de randonnée. C'est quand même pas mal! Cette fin de  semaine j'ai relevé 2 nouveaux défis dont je suis très fière: ma marche la plus froide à vie et ma plus longue randonnée en raquette. Étant donné que pour l'année 2018, j'ai pris la résolution de continuer à faire de longues randonnées, je vais donc travailler à développer persévérance et détermination, car il va m'en falloir pour les prochaines fins de semaine si je veux compléter cette section du Rideau Trail. On verra bien ce que dame nature va nous concocter dans 2 semaines!