En août 2023, nous avons traversé les montagnes des Dolomites du nord au sud, en suivant le sentier le plus connu et parrait-il le plus facile, l'Alta Via 1, soit 115 km et +7320 m de dénivelé positif. Les Dolomites, ce sont des montagnes aux formes remarquables avec surtout des roches blanches (carbonate de calcium) qui se découpent devant nous à perte de vue, parfois teintées de rose, des montagnes minérales avec peu de végétation et qui ne sont jamais pareilles.
Avec ses 18 sommets de plus de 3000 m, les Dolomites font partie des Alpes italiennes et sont situées au nord-est du pays, proche de l'Autriche. Elles sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2009.
On y est arrivé à partir de Venise, en prenant le train (2 changements) jusqu'à Brunico / Bruneck, ou nous avons passé une nuit au camping. Sur Internet, on avait vu qu'il fallait maintenant acheter ses billets de bus en ligne pour aller au Lago di Braies. On a passé la soirée à essayer d'acheter en vain des billets de bus. Finalement, on s'est rendu là directement et on a pu acheter nos billets sur place et prendre le bus quelques minutes plus tard car il restait encore de la place.
La Marmolada (3 342 m) est le plus haut sommet des Dolomites. Elle est aussi appelée la ''Reine des Dolomites'' mais a été peu visible sur notre itinéraire. Contrairement au tour du Mont-Blanc, il n'y a pratiquement plus de glaciers dans les Dolomites. Celui de la Marmolada s'est en partie effondré en 2022, une tragédie liée aux changements climatiques. Voir article suivant à ce sujet : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1895412/marmolada-avalanche-eboulements-italie-alpanisme
Jour 1 - Lago di Braies - Biella - 6 km - +870 m / -60 m
La première journée commence sous la grosse chaleur (+32 degrés). En seulement quelques kms, on grimpe +800 mètres et on a déjà une vue sublime sur les montagnes du parc naturel Fanes - Senes - Braies. Le lac de Braies me paraît tout petit en bas alors que nous l'avons quitté en début d'après-midi. On rencontre beaucoup de marcheurs d'un jour car on est en pleine saison touristique. Il y avait 2 sections avec des cables mais sans grande difficulté technique.
Heureusement qu'on a acheté le guide papier avec toutes les cartes détaillées de l'AV1 car la signalisation n'est pas toujours évidente. On pensait qu'il y aurait des symboles marqués AV1 tout le long mais ce n'est pas le cas. Les sentiers sont quand même très bien balisés mais ils changent de numéro selon les sections et il y a beaucoup de croisées de chemins, donc il faut rester vigilants.
Après une pause au refuge Biella (2300 m), on laisse nos sacs à dos et on s'offre un bonus: une autre grimpette jusqu'au Croda del Beco (2810 m). J'ai failli ne pas y aller car je manquais un peu d'énergie mais je n'ai pas regretté car nous avons eu la chance de rencontrer 2 bouquetins (les seuls de tout notre trek) et la vue d'en haut était encore plus impressionnante.
Partis à 7h30 le matin, cette 2e journée sera tout aussi magnifique. Dans les Dolomites, il y a de nombreux refuges. Pour nous, ce sont des occasions pour faire une pause, de remplir nos bouteilles d'eau et pour moi ce sera aussi souvent une occasion pour recharger ma caméra et pour manger une collation. On s'arretera d'ailleurs dans le grand refuge Peduru pour la pause lunch. On vera aussi 2 marmottes et on fera la connaissance d'un couple Belges forts sympathiques que nous reverrons chaque jour car ils font aussi l'AV1. On se baignera même au Lago di Limo situé un peu après Fanes.
Jour 2 - Biella - Fanes - 13 km +710 m / -980 m
La 3e journée est une des plus belles et probablement ma préférée en terme de paysages. On va grimper pas mal mais surtout on va atteindre en fin de journée notre point le plus haut de l'AV1 à 2752 m d'altitude.
Après la jonction à 2117 m et une bonne montée on arrive au col Forcella del Lago (2476 m). La descente qui paraît spectaculaire vu d'en haut, se fera assez bien avec de nombreux zigzags. On fera notre pause lunch au bord d'un petit lac.
Jour 3 – Fanes (2060 m) – Lagazuoi (2752 m) – 12,2 km - +1150 m / - 450 m
Durant la journée, on rencontrera des ânes, chevaux, vaches et bien entendu de nombreux randonneurs. On continue notre grimpette dans les Alpes de Lagazuoi, Parco naturale delle Dolomiti d’ampezzo et on aperçoit pour la première fois les Tofane. Les Tofane dominent le bassin d'Ampezzo et la vallée du Boite. Elles sont en grande partie situées dans le parc naturel des Dolomites d'Ampezzo.
On découvre aussi des cavernes creusées durant la 1ere guerre mondiale. On apprend que durant la guerre de 14-18, la région était occupée par les troupes de l’empire austro-hongrois et qu'ils se battaient contre les Italiens pour garder ces montagnes. C'est ainsi que ces cavernes et tunnels de guerre ont été construits.
Une fois arrivés au refuge Lagazuoi (2752 m), on peut aller encore plus haut jusqu’au sommet du Piccolo Lagazuoi (2778 m), mais ce ne sera pas pour moi car la fatigue aura raison de ma motivation à aller jusqu'à la croix plus haut. De toute façon, c'est déjà tellement beau tout autour de moi. Que demander de plus que d'admirer ce spectacle!
les Alpes de Lagazuoi, Parco naturale delle Dolomiti d’ampezzo, les Tofane
C'est un départ un peu lent pour moi à 8h30 en cette 4e journée de trek mais une autre grosse journée nous attend jusqu'à 17h. Avant d'arriver au refuge Dibona, on passe devant une jolie cascade. Je ne peux pas y resister et je m’y baigne. Puis, on descend jusqu'à la route. On traverse une section boisée et on remonte jusqu'aux Cinque Torri. Ces tours (il n'en reste que 4 car la 5e s'est écroulée il y a quelques années) se voient de loin. Dans cette section, il y a beaucoup de touristes car le téléphérique passe par là.
Jour 4 – Lagazuoi – Nuvolau (2574 m) & Averau (2649 m) – 12,8 km - +1100 m / -1275 m
Le refuge Nuvolau (qui signifie nuage) est perché en haut de la montagne avec une vue magnifique. Il s'agit du 1er refuge des Dolomites, ouvert en 1883. Pas possible d’y souper car c'est seulement réservé pour ceux qui vont y passer la nuit. Le refuge est d'ailleurs complet comme la plupart des refuges car il faut réserver sa place plusieurs mois d'avance. Je déguste quand même un délicieux apple struddle avec toute une vue.
Finalement, on soupera plus bas, au refuge Averau mais l'assiette de spaghetti (sans sauce) avec des œufs de truite sera une déception, vraiment pas terrible et chère (16 € chaque). On essaye de se rattraper en mangeant les petits pains car la randonnée cela creuse!
Après avoir lu dans le guide que le sentier à partir du refuge Averau descendait à pic avec des echelles et qu'il n'était pas recommandé avec un gros sac à dos, on décide de prendre la variante par le sentier #452 jusqu’au Passo Giau (2235 m). Forcella Giau (2360 m) sera le point le plus élevé de la journée.
On a eu le plaisir de rencontrer et faire des calins à plusieurs mulets / ânes. Il y en a même un qui me poussait dans le dos pour avoir son calin pendant que je posais pour la photo.
La montagne Pelmo (3168 m) est appelée le ''king of the day'' ou ‘’Throne of the Gods’’ à cause de sa forme de fauteuil . Le ciel se couvre en fin de journée et plus tard dans la soirée on aura un peu de pluie et un orage.
Jour 5 - Averau (2649 m) – Citta di Fume (1918 m) – 12 km - +500 m / -1200 m
Notre 6e journée est en fait une mini journée car nous ne marchons que 3 km jusqu'à la route juste à côté du refuge Staulanza. De là, nous prenons le bus jusqu'au village de Marison. On s'installe au camping Civetta. À mi-chemin de notre trek, c'est le temps de faire le plein de ravitaillement pour les 5 prochains jours. C'est aussi le temps de prendre enfin une bonne douche et de faire un peu de lessive.
Le village est mignon mais il n'y a pas grand chose. On se prépare un souper de pâtes avec courgettes, sauce aux asperges et fromage, accompagné d'un vin bon marché. Je ne pensais pas que du vin à 2 Euros cela existait et bien oui mais faut pas s'attendre à un grand cru!
Jour 7: on reprend le bus à 8h20 au même endroit avec le même chauffeur qui nous dépose au col de Staulanza que nous avions quitté la veille. La seule différence c'est que notre sac s'est alourdi avec la bouffe jusqu'à la fin du trek. Heureusement, c'est une marche facile pour commencer puisqu'on longe la route, puis on suit de larges sentiers qui montent tranquillement mais on se trompe de chemin vers le début. Il faut revenir sur nos pas pour retrouver le bon chemin. On marche sur des sentiers de pistes de ski et on rencontre de nombreux randonneurs d'un jour. On passe un 1er col, puis on monte sur un sentier de mûle jusqu'au refuge Coldai (2132 m). C'est une bonne grimpette pas facile avec le poids du sac mais doucement j'y arrive. Je finis par trouver mon rythme et dépasse même certains randonneurs de jour.
Jour 7 - Passo Staulanza (1766 m) – Tissi (2250 m) – 10.8 km
On pique-nique vers 13h au bord du lac Coldai (2132 m). Cela fait un peu bizarre de se retrouver à cet endroit magnifique avec autant de monde. La suite de la journée, les paysages seront encore plus beaux avec la vue sur le lac Alleghe.
Une fois arrivés au refuge Tissi (2250 m), on monte un peu plus haut jusqu'à la croix. De là, la vue panoramique est splendide. Et en face de nous, se trouve la façade de la montagne Civetta, majesteuse avec ses 6 km de long, et ses cimes (3220 m d'altitude) en forme de trident et de tuyaux d’orgue
La récompense du jour: un apple struddle et c'est là en haut de cette falaise que j'ai pris conscience que je n'avais plus un seul soupçon de vertige
Partis à 7h50 et arrivés vers 16h15, j'ai trouvé cette journée plus difficile que la veille car il y avait beacoup de gravelles et de roches à gravir. Le paysage est à moitié forestier et les randonneurs se font plus rares dans cette section de l'AV1. On a encore le groupe de montagnes de Civetta comme paysage, mais vu sous un autre angle, on voit un cube de pierres, la torre Venezia, la Torre Trieste et la partie la plus à l'est de Civetta. On passe aussi par le refuge Vazzoler (1714 m) et on termine par le refuge Carestiato (1835 m).
Jour 8 - Tissi (2250 m) – Carestiato (1835 m) – 14,3 km
En cette 9e journée de marche je ressens une petite baisse d’énergie. Nous traversons le parc national delle Dolomiti Bellunesi qui est définitivement moins fréquenté que les sections précédentes, peut-être parce que les paysages sont un peu moins spectaculaires mais somme toute très beaux. Mis à part une section avec des blocs de roches à gravir, la journée sera plus facile.
Jour 9 - Carestiato (1835 m) – Pramperet (1834 m) – 13,2 km - +620 / -600 m
On arrive vers 15h au joli petit refuge de Pramperet (1857 m) ou je commande un gâteau au chocolat. Quelques minutes plus tard, on a le plaisir de retrouver nos amis Belges Geneviève et Dimitri qui vont passer la nuit au refuge.
Dans la nuit, nous serons réveillés par la pluie, le vent violent, le tonnerre et les éclairs et vers 6 h du matin c'est carrément le déluge. La météo pour la journée n'est pas bonne. La pluie et les orages sont au programme pour toute la journée. Finalement, on décide de prendre une journée de repos après discussion avec le personnel du refuge. Ils nous déconseillent de marcher car nous avons une section sur une crête à découvert qui peut s'avérer dangeureuse par mauvais temps. On dit aurevoir à Geneviève et Dimitri qui vont arrêter leur AV1 ici et redescendre par un chemin qui les mènera jusqu'à la route. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre une journée de repos car ils ont un avion à prendre.
Jour 10 – Pramperet – Journée de repos
Étant donné le mauvais temps, il y a de nombreuses annulations au refuge et on pourra avoir un lit. Nous partagerons le dortoir de 8 places avec un jeune couple de Français et le soir autour de la table il y aura aussi une Américaine, un Australien ainsi que plusieurs Allemands. Au menu, on aura un soit-disant hamburger végétarien qui était en fait juste une galette de patates accompagnée de polenta et d'épinard, assiette pas très copieuse pour 12 Euros.
Jour 11 – Pramperet (1834 m) – La Pissa / Bianchet – 17,2 km - +740 m / -2160 m
11e et dernière journée mais aussi la plus longue. Par contre, ce sera beaucoup plus facile que je ne l'imaginais. Bien entendu, il y aura une bonne montée jusqu'au col et une section plus technique avec la fameuse crête qu'on nous avait déconseillé la veille. Je m'attendais à pire. On est chanceux car malgré les nuages on peut admirer le panorama assez loin.
On aura la chance d'observer un chamoix ainsi qu'un couple de marmottes, un beau cadeau pour terminer notre trek.
Mon coup de coeur sera le refuge Pian de Fontana. Il s'agit d'une ancienne maison de berger qui a été très bien restaurée. J'aime beaucoup l'endroit ou il est situé dans la verdure et entouré de montagnes. Il semble y avoir moins de randonneurs. La femme qui s'en occupe est très sympathique. Pour le ravitaillement, ils se servent d'un panier en métal et d'une poulie pour le descendre jusqu'en bas de la montagne.
On y fait notre pause lunch et je m'offre une part de tarte à l'amaréto.
La pluie commence quand on arrive au refuge suivant, un peu glauque, vers 15 h. On y fait une pause d'1h45 en attendant que la pluie cesse. Finalement cela me redonne assez d'énergie pour continuer jusqu'au bout de notre AV1. La dernière section se fait sur un large sentier de pierres jusqu'à la route de La Pissa que l'on rejoindra vers 19h. La descente totale de la journée aura été de +2000 m et mes genous me le font sentir.
J'ai adoré ce trek, qui bien que pas si facile que cela m'a émerveillé chaque jour. Il y a eu tellement de récompenses avec des paysages variés et des points de vue à couper le souffle et ce jusqu'au bout, même avec les montagnes verdoyantes de la fin du trek. Mais après ces 10 jours de marche, nous avons bien besoin de quelques jours de repos et de récupération avant notre prochaine aventure: le tour du Mont-Blanc.
Bivouac dans le respect de la nature et sans laisser de trace
Les fleurs des Dolomites