13 avril 2016
Durant mon séjour de 2 semaines à Goshal j'ai découvert un nouveau pan de la culture locale car j'ai eu la chance d'assister à plusieurs célébrations. La première a été une cérémonie pour les enfants d'un an. Cette cérémonie a lieu une fois par an aux pieds des chutes de Jogni ou se trouve un petit temple Hindou qui est dédié à Jogini Devi, une divinité protectrice du village de Vashist. C'est aussi un lieu de culte pour les villageois de Goshal. Le cours d'eau de Chhor Naala se jette dans la rivière Beas.
Il y a quelques années, une compagnie privée avait entrepris de construire un projet hydroélectrique en bas des chutes. Une fois la construction commencée, lorsque les villageois se sont rendus compte que ce projet touchait leur lieu sacré, de vives protestations ont eu lieu et le projet a fini par être stoppé. Par contre, il reste une partie d’édifice en béton et des tuyaux rouillés abandonnés qui viennent un peu défigurer les lieux. Enfin pour l'instant, les chutes et le temple ont été sauvés, jusqu'à ce que d'autres gens peu scrupuleux viennent à nouveau tenter leur chance. Heureusement que la foi religieuse est encore plus forte que ces intérêts financiers car cela permet de préserver certains sites et terres sacrés d'un autre désastre.
Malheureusement, la division des castes est encore très présente dans cette région de l'Inde. Avant de se rendre au temple à côté des chutes, on passe devant un autre temple qui semble plus récent. Il y aussi des cérémonies qui ont lieu là mais on m'explique que celles-ci sont pour les castes inférieures. En fait, seules les castes supérieures ont le droit de faire leurs cérémonies au temple du haut. Cela me choque énormément mais comme je suis avec ma belle-famille, je ne peux rien dire.
Toutes les familles participent aux activités. Ashu et sa mère étaient là à partir de 6h du matin, Ashu pour préparer le repas et sa mère pour la puja. Ashu est retourné à Goshal pour s'occuper du gîte. La mère d'Ashu fera des rituels pour la bénédiction et protection de la famille. Elle distribuera des mets sucrés alors que Mehru, le frère d'Ashu servira des repas.
Au cours de cette célébration, 9 fillettes du village ont été choisies. Elles recevront des offrandes (nourriture et argent) de plusieurs villageoises. Je n'ai pas compris ce que cela représentait. Ensuite ce sont les mères et leur jeune enfant qui vont défiler l'une après l'autre devant ce lieu. La tradition veut qu'on ne coupe pas les cheveux d'un enfant avant qu'il ait l'âge d'un an. Cette cérémonie consiste à couper la première mèche de cheveux de l'enfant par le pandit qui va procéder à tout un rituel avec encens, fleurs, etc. J'ai bien observé tout ce qui se passait mais avec la barrière de la langue, je n'y ai pas compris grand chose. Je pense que c'est une étape importante dans la vie de l'enfant et cela doit être surement pour protéger l'enfant.
Par contre, à Goshal, on ne le fait que pour le premier enfant de la famille (fille ou garçon), pas pour les autres, alors que dans d'autres villages, ce sont pour tous les enfants. Un autre mystère. La mèche de cheveux est ensuite remise à la mère. J'en ai vu qui faisaient un nœud avec un coin de leur habit pour ne pas la perdre. Qu'est-ce qu'on en fait ensuite? Je n'ai pas encore la réponse à cette question non plus.
Mères avec leur enfant lors de la cérémonie (puja)
Un autre détail important, c'est que les mères sont toutes vêtues de leur étoffe rouge et doré de mariée sur la tête et elles portent aussi leur anneau d'or à la narine. Plusieurs portaient aussi le patou, tenue traditionnelle de la région de Kullu.
C'était vraiment touchant car il y avait beaucoup de tendresse dans le regard et les gestes de ces mères. Les pères semblent jouer un moindre rôle dans ce rituel. Ils étaient présents, pas loin, mais très effacés.
J'ai ensuite moi aussi eu droit à la bénédiction du pandit avec un tikka sur le front, ainsi que tous les villageois présents.
Les célébrations se terminent par un repas. À ma grande surprise, en guise d'assiette, on m'offre une pierre taillée. En fait, ces roches restent là en permanence. On les rince après chaque usage. En plus, je dois me pratiquer à manger avec les doigts. Pas facile de manger du riz et des lentilles avec les doigts, surtout de la main droite pour la gauchère que je suis!
Koshalia montre des signes d'impatience car cela me prend une éternité. Je n'ai pas la dextérité de tous ceux et celles qui m'entourent. Dans ce coin du monde, j'ai constaté que les repas sont toujours expéditifs. Pas question de manger et parler pendant des heures à table comme on le fait en France. On mange par terre, avec les doigts, le plus vite possible, sans parler. Le repas n'est pas le moment pour socialiser. Vous comprendrez donc qu'il me reste de la pratique à faire pour être à la hauteur.