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  • : Réjanne globetrotteuse
  • : Venez découvrir ma passion et la réalisation de mes rêves: voyager un an en Asie ainsi que mes autres découvertes, telles que trekking et pèlerinage. Parcours, carnets de route, impressions, photos, conseils...
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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 13:25

2012 Trek P03day03

2012 Trek P03day01Cette journée sera encore sous le signe des belles rencontres fortuites. Après une bonne nuit de sommeil mais un peu chaude dans ma chambre de religieuse, nous sommes tous allés déjeuner chez O Max: 2 oeufs pochés, fruits, fromage blanc, toast et thé, de quoi bien remplir mon estomac pour une journée de 1,5 km plus longue qu'hier. Une nouvelle routine à laquelle je ne suis pas familière commence aujourd'hui: en plus de la lecture de l'horoscope, c'est celle de la prière et bénédiction avant le repas, lancée par Denis.

On nous avait prédit une journée chaude alors on part assez tôt à 7h20. Nous avons environ 4 km à marcher le long de la Route 148 avec pas mal de trafic, des travailleurs qui se dirigent vers Ottawa mais aussi de nombreux camions qui nous décoiffent. Madeleine et Diane Oeil de faucon sont parties en premier et Denis est resté en arrière car il est allé dire au revoir à Lucien. Diane et Hélène marchent devant moi et je me retrouve à marcher seule pour la première fois. Je me sens bien intérieurement mais aussi physiquement et je marche avec le sourire aux lèvres. Curieusement je trouve mon sac à dos franchement léger ce matin. Je me demande même si je n'ai rien oublié à la Maison Béthel mais pourtant non, car je n'avais pas un  ziplock de trop quand j'ai fait mon sac. Ce doit être grâce à l'ange que Hélène a dit avoir envoyé à chacun d'entre nous avant de partir pour nous aider à porter notre sac. Je m'en viens de plus en plus mystique... Mais en autant que cela fonctionne, pourquoi pas?

 

Avant de tourner à gauche sur le Chemin Pagé, nous faisons une halte à 8h20 au pied de la croix et statue du Christ en fonte de 600 livres qui a été érigée là en 1927 et nous rencontrons Viateur Pagé, qui nous raconte un peu l'histoire de sa ferme. La route porte le nom de son grand-père qui avait acheté la ferme en 1871 pour la somme de 1 100$. Il nous a parlé un peu de son histoire familiale et nous montre l'énorme chaudron dans lequel se trouvent des fleurs mais qui à l'origine a servi pour la potasse, puis par la suite pour les sucres.

 2012 Trek P03day04 Helene

Sur le Chemin Linda, nous marchons tous ensemble et chantons notre chanson thème en inventant quelques variantes, comme celle trouvée spontanément par Denis: ''On marche à l'ombre, comme des concombres. C'est comme ça qu'on est heureux...'' Aujourd'hui, à lire notre Guide du pèlerin, nous sommes chanceux car nous avons 3 haltes indiquées. On se fie beaucoup sur Hélène pour le Guide car elle le garde dans sa pochette en avant. Le miens est dans la pochette extérieure de mon sac à dos, donc pas facilement accessible. De toute façon, je ne retiens qu'une étape à la fois, ex: tourner à gauche sur la montée Berndt et encore... parfois j'arrive même à oublier si c'est à droite ou à gauche ou bien le nom de la rue. Heureusement, qu'il y a presque toujours une grosse flèche jaune pour nous rappeler la direction à prendre!

Nous arrivons à la deuxième halte et sommes accueillis par Reine, une femme absolument délicieuse qui nous partage sa passion pour les plantes. Dans sa ferme, elle fabrique des savons et des huiles essentielles. Elle a une connaissance incroyable sur les plantes et fleurs comestibles mais aussi une passion pour les animaux. Nous faisons la connaissance de ses nombreux lapins de différentes races. Certains sont à l'intérieur mais les clapiers restent ouverts et ils peuvent se promener.  D'autres sont à l'extérieur et il y en a toujours un à la fois qui gambade librement. Ses lapins sont là pour les câlins, nous a-t'elle dit. N'est-ce pas adorable? Je me suis presque fait attaquée par des hirondelles qui avaient fait leur nid sous le toit et elles volaient en me rasant la tête pour me faire fuir.

 

Reine nous a fait déguster deux boissons de son crû: un vin de sureau et un vin de pissenlit, deux saveurs totalement nouvelles pour moi. Le premier était un peu âpre alors que le second légèrement sucré avait un goût fleuri très agréable. J'aurais bien fait un stage chez Reine juste pour en apprendre plus sur les plantes mais bien que ce soit passionnant, nous devons prendre congé car le Chemin nous appelle.

 

Alors que nous marchons depuis un bon moment sur le 3e Rang, nous apercevons finalement le petit cimetière écossais ou devrait nous attendre 2 bancs à l'ombre pour une halte. C'est surprenant dans ce coin de campagne de l'Outaouais de trouver un cimetière écossais parmi les champs et encore plus de voir deux monsieurs avec leur chaise installés là. Il s'agit de William McLachlan, un écossais de 87 ans avec un autre homme de sa parenté un peu plus jeune. Ils prenaient une pause entre 2 coups de pinceau. Après avoir repeint les bancs en vert, ils s'apprêtaient à repeindre la barrière en blanc. Nous avons eu la chance de faire un brin de jasette avec ces 2 bénévoles du cimetière dans lequel leurs parents sont enterrés.

William, un vétéran de la 2nde guerre mondiale, incroyablement dynamique et actif pour son âge, nous offre du banana cake de sa boîte à lunch préparée par sa femme qu'il a connue durant la 2nde guerre mondiale alors qu'il était en mission dans les radars en Nouvelle-Écosse.  Il nous parle de l'époque ou les Écossais sont venus s'installer dans ce coin du Québec et comment ils ont vécu la période de crise, puis le départ de la plupart de ces familles vers la ville. Cet homme, qui représente une partie de l'histoire du Canada, est un véritable modèle d'inspiration et d'admiration. Il nous a tout de même confié que malgré ses 87 ans de vie, le temps, il ne l'avait pas vu passer....

 Nous avons déjà 11,3 km de fait, mais la Montée Berndt, celle-là on la voit passer! Il commence à faire chaud et humide sur ce chemin de terre sans ombrage qui n'est vraiment pas facile. Madeleine semble découragée par l'immense côte à l'infini devant nous.

 

Mais, arrivés en haut, on a le plaisir de se désaltérer et de se reposer dans le garage de Diane, notre 3e halte de la journée. Diane est une femme charmante qui accueille les pèlerins depuis le début. On sent qu'elle est heureuse de nous recevoir. Elle nous avoue toute déçue avoir manqué le groupe de pèlerins d'hier car elle était partie faire une course. Elle a fait construire une toilette dans son garage, exprès pour les pèlerins. Finalement, on décide de manger notre lunch autour de la table de pique-nique car il est déjà midi.

Une demi-heure plus tard, nous reprenons nos sacs et nos bâtons. Il nous faudra encore 1h30 pour arriver jusqu'à notre destination finale Thurso, la ville qui pue à cause de son usine de papier. Mais c'est aussi la ville du hockeyeur Guy Lafleur.

 

Je me rends compte une fois dans la ville que je n'ai plus mes bâtons. Je les ai oubliés à côté de la pancarte et je laisse mon sac à Diane qui m'attend pendant que je retourne les chercher, ce qui me fait environ 1 km de marche de plus aujourd'hui.

 

Un bâton? deux bâtons? pas de bâtons? C'est le genre de question existentielle qu'on se pose avant d'entreprendre le Chemin des Outaouais. Dans le groupe, Madeleine a choisi de marcher sans bâton, Diane Oeil de faucon et Denis marchent avec un bâton. Celui de Denis le suit d'ailleurs partout, aussi bien à l'église qu'au restaurant. Hélène, Diane et moi avons 2 bâtons et personnellement je les ai toujours utilisés pour marcher car cela me donnait la cadence pour un pas régulier. Ce sera la 1ère et dernière fois que je vais les oublier car par la suite ils vont faire partie de moi.

 

Ce soir on dors au sous-sol de la salle pastorale, juste à côté de l'église. On doit prendre notre douche à tour de rôle dans l'unique douche de l'endroit et on peut étendre notre lessive sur la corde à linge du presbytère. Je fais la connaissance d'une paroissienne qui vient pour la messe, une chrétienne syrienne qui a immigré au Canada après avoir quitté son pays comme réfugiée, une femme charmante qui m'a serré fort dans ses bras dans l'église après la messe. Heureusement qu'il y a les chants de deux femmes assises un peu en avant de nous pour donner un semblant d'animation dans cette église pratiquement vide. En sortant, elles nous demandent si nous sommes des pèlerins et se présentent comme les Soeurs Hélène et Rollande qui vont nous héberger demain à Plaisance. Spontanément nous nous échangeons de grosses accolades et embrassades, comme si nous retrouvions de vieilles copines! 

C'est à travers des moments comme celui-là de spontanéité et de chaleur humaine que nous découvrons ce qu'est la vie de pèlerin. Une autre merveilleuse journée  s'achève par un souper sur la terrasse du restaurant la Binerie, en face de l'épicerie Métro ou nous allons ensuite aller faire nos courses pour le lendemain.

 

Je termine par une citation de notre Guide du pèlerin ''Le Chemin des Outaouais, en même temps qu'une marche vers un lieu d'espérance, est un chemin de liberté.'' En effet, aujourd'hui j'ai vraiment eu ce sentiment de liberté alors que je marchais avec un sac léger à l'image de mon coeur et de mon esprit.

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